Rabaté, Dominque et al (dir.), Écritures du ressassement, « Modernités », n°15, Bordeaux, PU Bordeaux, 2001.

Études de cas : Ponge, Sarraute,

« Avant-dire », p. 5-7.

« Répétition, reprise, retour, épuisement, correction, réexamen, leit-motiv, variation : aucun terme ne semble convenir aussi bien que celui de “ressassement”, pour désigner des modes d’écriture propres à notre siècle. […] L’hypothèse de départ de ce colloque est que le ressassement fonde, pour le XXe siècle, des façons d’écrire inédites, et même plus profondément des manières nouvelles d’envisager l’acte littéraire ou la définition même de la littérature. » (p. 5) « - forme de retour mais avec déplacement, variation infime, redite, le ressassement n,est pas délimité, ne peut l’être. En ceci, il se différencie nettement de la simple répétition. […] - répétition obsessionelle, le ressassement est du côté de la mélancolie. S’il n’arrive pas à épuiser le dire, c’est que la perte et le deuil sont au centre de l’écriture. » (p. 6)

D. Rabaté, « Ouverture : singulier, pluriel », p. 9-20.

La question de ressassement prend la suite logique de celle de « la littérature de l’épuisement » (p. 9)

D. Viart, « Formes et dynamiques du ressassement : Giacometti, Ponge, Simon, Bergounioux », p. 60-74.

Le ressassement comme :

forme mélancolique : en tant qu’exercice de la mémoire (p. 61), dynamique de ralentissement [du rythme de la phrase, de la vitesse de l’oeuvre] (p. 62)

forme herméneutique : « Si l’on veut exploiter cette étymologie [celle du ressassement…], il semble bien que ce soit l’écriture même que nous devions considérer comme le “sas” par lequel passent et repassent les idées et les souvenirs mêlés, un “sas” dont la fonction est de préciser et d’éclairer le propos. » (p. 65)

Le ressassement empêche qu’advienne la fin, l’achèvement, la mise à mort symbolique de l’oeuvre. (p. 68-69)

forme critique : « L’écrivain écrit dans le soupçon envers ses propres représentations : le présent de son écriture ne cesse de revisiter cette perte de toute immédiateté qui agit et régit l’oeuvre. Cette aporie de toute écriture est aussi une expérience du deuil. » (p. 72)

« (Il n’est pas en effet d’écriture plus consciente et plus critique d’elle-même que celle de notre temps.) » (p. 73) « Modalité critique de l’écriture, le ressassement est ainsi lié à la crise des certitudes. » (p. 74)