FICHE DE LECTURE

Référence bibliographique : Auteur : PRIEUR, Jérôme Titre : Proust fantôme Lieu : Paris Édition : Gallimard Collection : Le Promeneur Année : 2001 Nbre de pages : 158 Cote UQAM (s’il y a lieu) :

Appellation générique : Le titre annonce évidemment un aspect biographique, sans qu’on retrouve l’appellation « biographie » explicitement énoncé. Le rabat de fin laisse supposer qu’on a affaire à un essai en mentionnant des publications précédentes de Prieur qui mettent de l’avant l’aspect essayistique de son écriture.

Biographé : Marcel Proust

Bibliographie de l’auteur : Aux Éditions Gallimard : - Nuits blanches, coll. « Le chemin », 1980. - Séance de lanterne magique, coll. « Le chemin », 1985. Aux Éditions des Cahiers du Cinéma : Le spectateur nocturne, Une anthologie, 1993. Aux Éditions du Seuil : - (Avec Gérard Mordillat) Jésus contre Jésus, 1999 et coll « Points », 2000. Aux Éditions Desclée de Brouwer : (Avec Gérard Mordillat) Jésus, illustre inconnu, 2001 Aux Éditions La Pionnière : - Guerre éclair, 1997

		          - Petit tombeau de Marcel Proust, 2000

Quatrième de couverture :

Illustration de couverture : « Marcel Proust sur la terrasse du jeu de Paume, 1921 » Fragment d’une photographie où le seul visage de Proust a été conservé. Les yeux clos, paisible, le collet de chemise bien serré, Proust semble reposer de son dernier sommeil; l’arrière plan de feuille d’arbre semble ainsi constituer son lit funèbre. C’est l’enjeu du texte que de retracer les influences de ce spectre qui continue à hanter les lieux de sa vie et de son œuvre.

Rabats : 1er rabat : Présente le projet de Prieur, qui fondera son essai sur l’aventure qu’a représenté la vie de Proust. Prieur y annonce une écriture par fragments, qui retracera la vie de Proust en poursuivant le fantôme de l’écrivain dans les différents lieux qu’il a habités, dans les mémoires qu’il a marquées, dans les imaginaires qu’il a influencés. Il tente de reconstituer l’essence de cette vie en traquant le spectre de l’écrivain, qu’il traite autant avec respect et crainte qu’avec une admiration certaine, de celle qu’inspire l’Inconnu. Rabat de fin : Présentation de certaines publicat6ions de Prieur, qui spécifie quels sont ses intérêts, tant en littérature qu’en cinéma. Épigraphe : Citation de Proust tirée de Temps retrouvé. Met l’accent sur l’innocence dans mot dans le présent, mots qui prendront leur pleine résonance et leur ampleur dans l’avenir. Cette signification primordiale des mots atteindra une telle importance justement par contraste avec leur banalité première, reliant inlassablement le passé à un futur absent, pourtant déjà en train de se former. Ce sont ces mots à l’allure innocente qui vont servir à Prieur dans sa démarche.

Résumé : L’écriture par fragment n’est pas du tout linéaire. On peut ouvrir le livre au hasard ou commencer la lecture par la fin, sans que le signification de l’essai en soit affecté. La mention de nombreuses observations personnelles sur le travail biographique met en valeur le fond essayistique du texte. Prieur retrace également une infinité de détails à propos de l’existence de Proust, des lieux où il a vécu, des événements auxquels il a pris part, des personnes qu’il a rencontré, de souvenirs qu’il évoque pour chacun d’eux. Ils accumulent des détails à propos d’écrivains contemporains de Proust, et agrémente son texte de plusieurs de leurs témoignages, de toutes teneurs, à propos du souvenir qu’il ont conservé de la vie ou de détails de la vie de cet homme de lettres. L’écrivain est envisagé tel un spectre hantant les lieux de son œuvre et de son vivant, Prieur poursuivant ainsi minutieusement chaque trace subsistant du passage de Proust sur terre L’angle de vision est très près d’une observation cinématographique, qui présente selon différents plans l’atmosphère présente dans les lieux habités par le spectre de Proust. Prieur poursuit ce dernier dans les endroits où un peu de sa mémoire aurait pu subsister.

Pacte de lecture : Énoncé dans le premier rabat, mais très peu limitatif : « Une expédition sur les traces de l’auteur de la Recherche… » Prieur tente de redonner un corps à cet être incomparable en répertoriant les moindres traces que son passage a laissé sur le terre, tout en n’excluant pas l’éventualité des événements de sa vie dans l’au-delà.

Ancrages référentiels : Nombreuses références très réalistes à propos de détails difficilement vérifiables, mais néanmoins plausibles à propos de la vie et de l’œuvre de Proust. Prieur présente ici sa perception personnelle et souvent très subjective des événements, en y ajoutant le point de vue de personnes ayant côtoyé Proust, ce qui ne fait qu’accentuer l’aspect subjectif des sources citées. En intégrant régulièrement à son texte de nombreuses citations réelles de l’oeuvre de Proust et de plusieurs de ces contemporains ou de ses commentateurs, il contribue à créer un effet de réel.

Les relations et modes de présence entre auteur, narrateur, biographe, biographé, personnage, sujet d’énonciation, sujet d’énoncé : Texte à la première personne, l’auteur se confondant avec la figure du narrateur. Ce dernier avance sur les traces d’un Proust mis en scène davantage dans son absence; c’est l’ombre d’un Proust fuyant que poursuit sans cesse le narrateur, poussant même l’audace jusqu’à aller inspecter son monument funéraire, comme pour s’assurer qu’il est bel et bien enterré dans le célèbre cimetière du Père-Lachaise. Prieur se présente davantage comme un enquêteur, qui retrace chaque particularité notable concernant Proust, traquant la moindre emprunte laissée par l’écrivain. Attitude de respect, d’admiration et même de fascination de la part de Prieur devant son sujet d’étude, qui explique grandement son entreprise.

Indices de fiction : La section « Bibliothèque » qui suit le corps du texte veut faire croire à la réalité des faits mentionnés en mentionnant des sources ayant servies à l’élaboration de l’étude. On remarque bien que le texte est ancré dans le réel par l’énonciation de détails qui se veulent significatifs, mais son importante part interprétative fait pencher du côté de l’étude subjective, frôlant de près la fiction, plutôt que vers un rapport réaliste à la vie de Proust. Utilisation fréquente du conditionnel : Proust aurait dit… Ses amis auraient pensé… Nombreuses indécisions entre une explication ou une autre face à l’œuvre de Proust ou a un événement de sa vie, p.121 : « Selon les dernières volontés de Proust qui l’avait fréquenté à Cabourg ou sur les instances de son frère Robert, on ne sait, arrive Paul César Helleu. »

Topoï : Le mystère et le mythe entourant la vie et l’œuvre de Proust.

Thématisation de l’écriture et de la lecture : Quelques réflexions sur l’écriture biographique. Bien sûr, nombreuses assertions à propos de l’écriture de Proust, de ses habitudes d’écrivains que Prieur montre indissociables de ses habitudes d’homme (routine, caprices, intransigeance).

Attitude de lecture (Évaluation par rapport à un corpus « Biographie imaginaire ») Le narrateur se met en scène dans les lieux que Proust a foulés, mais ne s’intègre pas aux fréquents retours en arrière qui présentent Proust encore en vie. Prieur tente de reconnaître dans le présent les traces laissées par Proust dans le passé, de photographier le spectre qui plane encore dans les lieux autrefois habités par cet écrivain.

Hybridation, Différenciation, Transposition :

Autre : Particularité : Les titres des chapitres ne sont pas en tête de ceux-ci, mais sont uniquement mentionné à la fin du texte. On les retrouvent ainsi un à la suite de l’autre, qui semblent former un longue phrase contenant les principaux élément de la vie et de l’œuvre de Proust. Abondance des thèmes concernés : La photographie, le cinéma, la biographie, la vie quotidienne d’un écrivain le temps, les derniers jours, la vie après la mort, le souvenir, le « génie ».

Lectrice : Catherine Dalpé