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fq-equipe:porosite_-_extraits_de_l_atelier_du_28_mars_2014

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Porosité - extraits de l'atelier du 28 mars 2014

Compte rendu de la journée (autour de 4 oeuvres)

I. Préambule de la directrice (AM)

Occasion de s’approprier la notion et de la mettre à l’épreuve dans un certain nombre de textes. Qu’est-ce que la notion de porosité apporte à la lecture des œuvres?

A) Mise en contexte générale : rappel de la réunion d’août 2013 et de la problématique (demande de subvention). Deux textes importants :

  1. Celui de L’Héraut sur l’hétérogène (perspective identitaire) – L’HÉRAULT, Pierre (1991), « Pour une cartographie de l’hétérogène : dérives identitaires des années 1980 », dans Sherry Simon, Pierre L’Hérault, Robert Schwartzwald et Alexis Nouss (dir.), Fictions de l’identitaire au Québec, Montréal, XYZ (Études et documents), p. 53-114.
  2. Celui de Paterson sur l’hétérogène (perspective postmoderniste) . – PATERSON, Janet (2001), « Le paradoxe du postmodernisme. L’éclatement des genres et le ralliement du sens », Robert Dion, Frances Fortier et Élisabeth Haghebaert (dir.), Enjeux des genres dans les écritures contemporaines, Québec, Nota bene, coll. « Les cahiers du CRELIQ » (Centre de recherche en littérature québécoise), p. 81-101.

B) Rappel des principales conclusions de l’atelier d’août 2013 :

  • le terme insiste sur l’échange et l’interpénétration, contrairement à l’hétérogène ;
  • la porosité ne repose pas nécessairement sur une logique de distinction ou de différenciation ;
  • la porosité est un processus plutôt qu’un résultat (même si cela peut conduire à un texte hybride) ;
  • la notion de porosité est moins chargée idéologiquement que celles d’hétérogène et d’hybride, du moins telles qu’on les retrouvait au début des années 1990.

* But de l’exercice : Mesurer les enjeux et les effets de porosité, le fonctionnement et les résultats : Qu’est-ce que la porosité permet de voir que la notion d’hétérogène ne permet pas? En quoi cela change le regard ou même les textes?

II. Discussion par œuvres (verbatim)

1. Mayonnaise d’Éric Plamondon

MPH : la question du pastiche : Brautigan ça part dans tous les sens – le personnage principal est plastique – comment est-ce une forme de contemporanéité? Travail sur la « coïncidence heureuse »

AM : Gabriel Rivages est un personnage poreux dont l’identité s’adapte à son biographé (né en 83 dans Mayonnaise)

ENL : importance de lire les 3 volumes parce que tout est ensemble. Littérature à contrainte. Construction architecturale précise. La porosité qui m’a parue essentielle : celle avec la culture populaire (dont la documentation populaire; pochettes de disques, unes de magazine, travail avec le web, indexation, jeu sur la table des matières)

RD : les brèves, l’anecdote, le clip, tout renvoie à tout

ENL : là on a une tension avec hétérogène (parti pris très grand d’hétérogène, emprunt de méthode, il a pris des manières de stocker les choses et de les mettre ensemble, de les fusionner, qui est du côté de l’idée de « mayonnaise », de l’Amérique, de Rivages. Il s’agit de lier de l’hétérogène.

JFT : Flânage encyclopédique; le fil narratif est dans le parcours. Plamondon reprend des pratiques avec le web et cherche à donner du sens à cette information pour servir le récit. Travail d’une culture numérique.

AM : hétérogène dès l’exergue (citations de Camus et Johnny Weissmuller Junior), ce n’est qu’au fil de la lecture que le sens se fait, jusqu’à ce que ça devienne de plus en plus poreux.

MHV : L’ironie est un important vecteur de porosité (c’est une piste possible)

ENL : ironie du procédé – les coïncidences ne servent à rien

JFT : mais très américain comme façon d’écrire

ENL : généalogie poreuse. Filiations plurielles, généalogie assumée avec Brautigan sur le plan de l’écriture. Très différent de l’Amérique de Poulin, par exemple.

RD : importance du réseau. Rimes de situation sans que le lien soit direct. Beaucoup de consonance qui sont un effet de lecture.

ATM : logique de l’onglet

ENL : quelque chose de la prise de pouvoir de la narration qui décide du lien. La filiation est présente dans les deux autres aussi : la filiation migrante dans le 1er. Steeve Jobs est un enfant adopté. Décrochement dans la filiation. Ouvrir sur des tas de liens.

MPH : le personnage principal est un pilier qui permet de générer et d’absorber l’hétérogénéité. Cela est plus contemporain.

RA : l’art d’écrire une histoire

ENL : Question du nom propre – politique du biographique

MA : le rapport fiction/réel est investi autrement que dans la roman historique traditionnel, puisque le roman ne « fictionnalise » pas le réel (présence de dialogues ou accès à la conscience des personnages)

ENL : les documents sur lesquels l’auteur s’appuie sont en effet solides

MPH : la dimension autofictionnel est fantomatique – le nom de « Rivages » est chargé. Le livre ne se pose pas clairement génériquement.

RD : consonance. La vie de Brautigan nous est racontée – ce qui est biographiquement pertinent permet d’étoiler le récit vers d’autres schémas : amoureux, relationnel, carrière d’écrivain.

ENL : son fils prend beaucoup de place dans le 3e voloume et on ne sait pas s’il s’agit vraiment du personnage de Rivages ou d’un jeu autofictif. La résonnance est moins forte.

AM : porosité de l’esthétique minimaliste et de l’esthétique baroque : ne raconte pas grand chose mais avec une architecture foisonnante.

MPH : évacuation de l’affect.

JFT : Chronique d’un siècle. Rapport à l’Histoire, la chronique.

RA : inversion du baroque et du minimalisme à la manière de Quignard dans son cycle romanesque du Dernier Royaume qui est un modèle d’érudition.

AM : L’ironie est la marque de Plamondon. Porosité Populaire/savant (manière wikipédia)

ATM : esthétique fragmentaire qui fait miroiter la possibilité d’un récit total.

ENL : parfois on est dans le cliché, mais est-ce fait exprès? Voir le monde par les É-U. Ce qu’il faudrait étudier finement : les marqueurs de décrochage : à se méfier, à admirer la construction? Il y a un flottement.

RD : logique « trois petits chats » - liens établis de biais

MHV : la figure du bâtard et une réflexion générale sur l’impureté, la machine. Toute chose est impure; par exemple : la voix de Tarzan est impure. Le trafiqué et le construit.

AM : La mayonnaise peut prendre ou ne pas prendre.

RA : il faudrait construire l’environnement du texte en fonction de son auteur, du lieu de publication, etc.

2. Du bon usage des étoiles de Dominique Fortier

RA : nous sommes ici en présence d’un beau cas de récupération de titres génériques établies (roman d’aventures/fiction scientifique et roman de mœurs victoriennes), façon de faire un amalgame qui se contamine et donne autre chose.

MSY : les discours sont isolés les uns des autres

ENL : c’est le roman de qui? Côté point de vue, de la focalisation, de qui a le pouvoir sur qui? Qui a l’autorité de rassembler tous ces morceaux? Une métanarration qui organise les discours et ça marche bien, il n’y a pas de rupture.

MPH : Il y a peu de jeu sur la voix et c’est elle qui englobe, lie les espaces-temps. Écriture sans rupture sauf les documents. Le roman est suffisamment bien construit au niveau de l’intrigue pour faire un tout.

ENL : On est dans un parti pris romanesque et on est moins dans le travail sur le montage. Aussi : la question de la trace, du dessein est très importante.

RA : Oui, en corolaire avec la question des repères. Perte des illusions et mise en place de l’irréalité. Perte de contact.

ENL : les genres sont aussi retournés – vide, neige, absence de relief. Les descriptions de l’immobilité, de l’enlisement. Puis de l’effacement.

RA : Sophia est l’étoile, le point de repère. La question du plum-pudding – symbole de porosité + le bouton de fer qui fait tout dérailler. Le roman est une façon de revenir à des genres anciens et de les retravailler.

RD : on est à la fois dans quelque chose de très traditionnelle (roman historique), mais qui est déjoué par l’exhibition d’une mosaïque de genres. Il y a une dissonance.

ENL : il y a aussi le choix du thème historique : un échec historique, et on ne peut pas savoir.

MA : il s’agit toutefois d’un mythe de l’imaginaire canadien anglais : il faudrait voir ce qui a été fait de ce côté, voir la circulation de cette histoire dans le roman canadien-anglais (y a t-il une porosité dans le mythe?)

MPH; il y a une relecture de mythe comme dans Mayonnaise. On joue avec et on ne s’en cache pas.

ENL : la note de l’auteur : effet mode d’emploi – il serait pertinent de voir le recours aux notes d’auteurs dans les romans historiques contemporains.

MA : les notes de justification sont un phénomène courant, mais les archives que Fortier convoque ont quelque chose de ludique; elles ne permettent pas d’assoir une véritable autorité de l’auteur.

MPH : Érudition, encyclopédie. Peut-on parler d’érudition? Mayonnaise fait éclater la hiérarchie entre les savoirs. Ici, c’est une érudition qui ne fait pas violence au lecteur.

RD : peut-être parce qu’il s’agit de savoirs spécialisés : marine, herboristerie, etc.

ENL : oui, des savoirs « inutiles » qui sont des plaisirs.

MA : forme de dépaysement, de voyage du lecteur dans ces savoirs.

RA : forme de poétisation de l’archive

3. La fiancée américaine d’Éric Dupont

ENL : porosité avec le roman populaire, apparente dès le paratexte. Le mélodrame et le burlesque. L’opéra italien, excessif. La question avec la guerre. Impression de relais de VLB avec la saga, inceste, etc. Carnavalisation.

AM : jeu avec l’art populaire.

MA : l’idée d’une histoire des vaincus — des faits moins connus de l’histoire

ATM : Le roman rappelle 100 ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez, même si l’intertextualité affichée est avec l’opéra Tosca.

AM : peut y avoir des degrés d’absorption, de porosité à ce niveau

RD : histoire de famille entre le disséminé et le consanguin.

ENL : ça ne s’inscrit pas dans la nouvelle régionalité. Rivières-du-loup fait ici tout converger.

MPH : imprégnation du conte, à la fois dans la structure, mais aussi dans la voix narrative (marque d’oralité, puis genres écrits); le conte est complètement digéré par le roman.

ENL : Il y a une abondance, un maximalisme : quel en est le sens?

RD : comment on situe cela par rapport au néo-régionalisme? À la fois lieu fermé et lieu de passage. Il serait intéressant de situer le roman dans le cadre du discours qu’il tient sur la région.

ENL : Rivières-du-Loup devient un lieu légitime car c’est en lien avec le reste du monde.

AM : L’importance de la figure du double, de la porosité des personnages et des identités.

MPH : le rapport à l’univers religieux est intéressant, mais évacué dans la 2e partie. L’émulsion pour elle ne fonctionne pas. Mise en avant d’un artifice. La reconduction des mythes.

4. Maléficium de Martine Desjardins

MPH : la question de la langue, surtout du latin, est importante. On est à la fois dans une érudition affichée et une langue latine qu’on peut tous comprendre. Rapport entre le vernaculaire et la langue étrangère.

MSY : le latin donne une patine au même titre que les icones dans Du bon usage des étoiles.

AM : il y a également une porosité dans la répétition.

ATM : le prêtre est une figure poreuse; il absorbe tout mais demeure vague, un peu comme le personnage de Rivages.

MPH : le rapport à l’exotisme – porosité de l’ici et de l’ailleurs. Écriture soutenue et imaginaire populaire.

MA : le rapport à la littérature est important : les pouvoirs de la fiction, distinction entre fiction et mensonges.

AM : intertextualité avec Blanche-Neige et les sept nains. On est du côté du conte populaire.

Synthèse :

RA : dans les 4 cas, on a des mises en scène du pouvoir de la fiction, mais qui ne sont pas des liquidations, mais plutôt une maximalisation du pouvoir de la fiction. Phénomène de métatextualité. Apologie du plaisir de raconter une histoire. Les études littéraires des auteurs viennent teindre en quelque sorte ce phénomène. Mais est-ce représentatif de l’ensemble de la production actuelle?

MA : sans doute, dans la mesure où la plupart des écrivains actuels ont une formation universitaire.

RD : on est proche des écrivains français de la nouvelle fiction – ces écritures un peu « surfictives ».

ATM : Il s’agit de quatre œuvres de transgression – font comme si en fait… transgression morale, formel, générique, etc.

ENL : les quatre œuvres opèrent une mise à distance, laisse place à une ironie, une métatextualité, font montre d’une conscience et/ou d’une complicité du/avec le lecteur.

RA : somme nous dans un cas de double codage comme chez Umberto Eco? Pour les deux publics.

RD : en effet, les grands succès de la littérature québécoise (ceux qui sont couronnés par des prix) sont tous des romans qui s’adressent aux deux lectorats, populaire et universitaire.

RA : peut-être que Wigrum de Daniel Canty aurait été un bon exemple et un contre-exemple puisqu’on est loin de l’universitaire.

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