Fiche de lecture
1. Degré d’intérêt général
Je ne le cacherai pas, ce fut pénible. J'ai peiné dans ce roman du début à la fin (une journée difficile, ça arrive…), n'y comprenant pas grand-chose et ne voyant pas trop l'intérêt de poursuivre ma lecture, néanmoins, il me semble pertinent pour le projet “Diffraction”.
Pour pallier à ma faible compréhension du roman et éviter de dire n'importe quoi, j'ai allègrement puisé dans deux textes critiques et un texte journalistique qui lui sont en tout ou en partie consacrés :
Désolé de ne proposer essentiellement qu'une reprise, mais c'est le mieux que je peux faire en l'occurrence…
2. Informations paratextuelles
2.1 Auteur : Yergeau, Pierre
2.2 Titre : 1999
2.3 Lieu d’édition : Québec
2.4 Édition : L'instant même
2.5 Collection : -
2.6 (Année [copyright]) : 1995
2.7 Nombre de pages :220
2.8 Varia :
3. Résumé du roman
Charles Hoffen vit un temps avec sa femme, Anna Chang, qui enseigne la philosophie à des cégèpiens, puis avec sa fille Laure, pigiste. Il a surtout la particularité d'avoir un double qui le suit depuis l'enfance: un ange. Celui-ci est toutefois maintenant vieux, malade et ses ailes ne lui servent plus qu'à faire de la publicité pour un bar montréalais, le Saint-Michel. C'est qu'il y avait, dans le manoir de la famille Hoffen où Charles a grandi, “un grand escalier de chêne, sorte de « monstre en bois », où petit Charles a pu très tôt commencer à exercer ses ailes. Si bien qu'à l'âge adulte, il a fini par se confondre avec l'ange, son double. Était-ce un rêve ? Il se prend pour un funambule. Dans son bureau de la « ville-île » où il occupe les fonctions de directeur des relations humaines pour une importante compagnie de distribution de spiritueux, Charles joue au golf sur la moquette, tandis que l'ange, encore lui, fait le guet, en haut de l'armoire à papier.” (Voisard-B11) Et c'est à partir de là que tout pète, que l'atmosphère devient carnavalesque et l'histoire de plus en plus décousue…
4. Singularité formelle
Le roman est divisé en huit sections, elles-mêmes séparées en plusieurs chapitres (numérotés) de quelques pages chacun
5. Caractéristiques du récit et de la narration
À chaque chapitre, la narration hétérodiégétique est focalisée sur un des des trois personnages.
Plus précisément, voici un extrait de l'article de Gervais, qui a décidément mieux lu et compris que moi ce roman :
“Dans Tu attends la neige, Léonard?, Pierre Yergeau propose, par le biais de son narrateur, une théorie des mondes étanches, « encore appelée théorie des sphères parallèles ». Selon cette théorie, « différents mondes se déploient à l’intérieur d’un même espace sans pourtant jamais se rencontrer. Les sphères ne [forment] pas des ensembles mais des conglomérats de relations précaires et instables ».
Le narrateur se sert de cette théorie pour rendre compte de l’isolement relatif des personnages de son univers. Les adultes et les enfants, par exemple, et Léonard en particulier, habitent des sphères qui communiquent à peine entre elles. Les sphères partagent un même lieu, une même maison, mais elles ne constituent pas une totalité ; leurs relations ne composent pas un récit cohérent. […]
Plus qu’une simple logique des interactions, cependant, la théorie des sphères parallèles joue, chez cet auteur, le rôle de véritable principe poétique. Elle est au cœur de son esthétique. Les sphères parallèles suggèrent en effet que des récits peuvent cohabiter dans un même lieu, un même livre, sans interférence, créant des mondes étanches dont nous pouvons suivre les développements. Ce ne sont plus cependant des narrations au sens traditionnel du terme, dotées d’une structure forte, mais des instantanés fragmentés, marqués par l’incomplétude et la disjonction.
L’esthétique des sphères parallèles produit des récits brisés, des tranches de vies constamment interrompues. On peut les appeler pour cette raison des narrats, au sens où l’entend Antoine Volodine. Dans Des anges mineurs, ce dernier présente les narrats comme «des instantanés romanesques qui fixent une situation, des émotions, un conflit vibrant entre mémoire et réalité, entre imaginaire et souvenir. C’est une séquence poétique à partir de quoi toute rêverie est possible, pour les interprètes de l’action comme pour les lecteurs 4 ». Les narrats répondent à une logique de l’interruption plutôt que de la conclusion : les récits ne sont pas portés à leur terme, mais abandonnés en cours de route, de façon apparemment arbitraire.
Cette définition correspond parfaitement à la poétique de Yergeau. Dans 1999, par exemple, le roman s’interrompt avant le passage au Nouvel An qui en est pourtant le point culminant. La fin n’y est pas un principe de cohérence, mais d’entropie; elle ne sert pas à recomposer une totalité, mais à témoigner du désordre atteint. L’interruption y est, en fait, érigée en principe formel et elle s’étend à toutes les facettes du texte. C’est un récit brisé que propose Pierre Yergeau, un récit dont il ne reste plus que des débris.” (Gervais-118, je souligne)
6. Narrativité (Typologie de Ryan)
6.5- Tramée
6.6- Diluée
6.7- Embryonnaire
Justifiez : “Ces personnages [Charles Hoffen, Anna et Laure] se rencontrent peu, chacun étant isolé dans ses pensées. Le roman consiste en une juxtaposition de scènes où les actions, souvent sans lien de causalité, semblent participer à la caractérisation des lieux et des êtres plutôt qu'à la trame événementielle, et où les personnages, solitaires, semblent faire partie du décor.” (Clément:122)
7. Rapport avec la fiction
Les multiples microrécits semblent être autant de récits possibles, ce qui nous fait nous poser des questions telles que : quelle est la “vraie” fiction dans tout ce fatras de fictions ? Par exemple, à la page 67:
- Papa! Tu ne peux pas dormir ici.
- Hum ?
- Lève-toi. Je t'en prie.
- Quoi ?
Dans une autre version, l'ange était affalé sur le sofa, les ailes froissées, près du chat empaillé qui regardait le père et la fille d'un oeil incorruptible. […] Laure le secoua une autre fois, doucement.
- Lève-toi.
- Oui.
- Tu ne dois pas dormir comme ça, sur le sofa.
8. Intertextualité
-
9. Élément marquant à retenir
La théorie des sphères parallèles, telle qu'explicitée Dieu merci par Bertrand Gervais, me semble être une conception du roman qui s'accorde particulièrement bien à la diffraction, notamment parce qu'elle problématise la mise en récit des événements et propose plusieurs versions d'une histoire.