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fq-equipe:pauvrete

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5- Pauvreté

En général, dans le discours critique, on n’aborde pas la question de la pauvreté de manière thématique (soit dans une problématique de littérature générale); on ne parle essentiellement que de pauvreté de l’imaginaire, du discours critique, de la pauvreté littéraire du roman, etc.

Alexandre Gefen souligne quant à lui la question de l’appauvrissement de l’écriture : « Sentiment d’antériorité, nécessité du témoin, suspension des distinctions de personnes et des écarts temporels, “mélancolie du roman” comme genre (Dominique Rabaté), mises en doute et réaffirmations dialectiques des pouvoirs du verbe, qu’accompagnent sur le plan esthétique la bascule entre une écriture délibérément appauvrie et une emphase lyrique : telles sont ainsi les orientations des fictions biographiques de la fin du XXe siècle. » (Gefen, 2007 : 74, je souligne)

BIBLIOGRAPHIE POTENTIELLE (Pauvreté)

BRISSETTE, Pascal (2005), La Malédiction littéraire: Du poète crotté au génie malheureux, Montréal, Presses de l’Université de Montréal.

MOROT-SIR, Édouard (1980), « Logique de la limite, esthétique de la pauvreté : Théorie et pratique de l'essai », dans Raymond Gay-Crosier, Albert Camus 1980. Gainesville: UP of Florida, p. 189-207.

PAQUOT, Thierry (dir.) (2007), SDF-fiction, le sans domicile fixe dans le roman et le cinéma contemporains, Esprit, No 10, oct., p. 201-208.

→ Et rappel de certains écrits philosophiques et sociologiques sur les pauvres et la pauvreté.

BOUDARD, Alphonse, Catherine CLÉMENT, Patrice BOUGON, Bernard DELVAILLE, Michel PIERRE (1995), « Figures d'exclus [dans la littérature française] », Magazine littéraire, No 334, juill.-août, p. 44-50.

→ L'exclusion dans la littérature ; l'exclue dans «Une vie paria» de Josiane et Jean-Luc Racine; l'homosexuel dans l'oeuvre de Jean Genet; l'assassin dans «L'homme traqué» de Francis Carco; le bagnard dans les romans français.

TONDEUR, Claire-Lise (2001), « Dire le dénuement (Mémoires/témoignage de pauvreté et dépossession culturelle) », RLA: Romance Languages Annual, no 12, 110-14.

5a) littérature du pauvre

Et « pauvreté de la littérature »? On peut aborder ici, au besoin, les questions de paralittérature. Denis Saint-Jacques, dans l’entrée qu’il consacre à celle-ci dans le Dictionnaire du littéraire apporte une distinction importante entre culture littéraire et culture médiatique : « C’est sur le roman que porte aujourd’hui l’enjeu majeur du conflit pour l’exclusion ou l’apologie de la paralittérature. Ce qui éclaire le fait [étant donné que le roman est le genre par excellence du 20e et p-t 21e] que les textes tenus pour paralittéraires se trouvent exclus du champ littéraire, mais jugés selon les normes qui ont cours dans celui-ci. […] [On ne peut cesser] de mettre en question le paradoxe qu’il y a à considérer en fonction de critères traditionnels des textes qui visiblement relèvent d’autres principes, ceux du champ de la culture médiatique. » ([2002] 2004 : 438)

De même, à l’entrée « Populaire (littérature) » par Anne-Marie Thiesse : « La définition de la littérature populaire est objet de controverses. S’agit-il d’une littérature dont le peuple est le producteur, le destinataire ou le consommateur ? » […] « En fait, l’expression “littérature populaire” a été appliquée […] aux poésies d’amateurs, aux collections des usines à romans contemporaines, aux autobiographies ouvrières […] La définition sans doute la moins erronée consisterait à considérer que l’expression qualifie tout ce qui n’est pas tenu pour littérature légitime (canonique). » […] « [T]oute approche de historique met en évidence la perméabilité de la frontière entre littérature légitime et littérature populaire et la labilité de leurs positions respectives. » ([2002] 2004 : 477)

Finalement, à l’entrée « Best-seller » par Denis Saint-Jacques : « L’affichage du succès auprès du public le plus large fonctionne comme indice de la valeur marchande, qui détermine le marché de grande consommation et s’oppose ainsi à la consécration par la critique des spécialistes reconnus du circuit restreint de la littérature. » (2004 : 50) Sur les classes de la littérature en librairie : « La littérature est concernée surtout par les deux derniers [essais/document et roman], et dans les “essais”, il s’agit principalement du biographique. On notera l’absence du théâtre ou de la poésie ; pour le grand public, la littérature se réduit là essentiellement au récit, et avant tout au roman. » (2004 : 51)

5b) « Belle Langue »

Encore, le dictionnaire…à l’entrée « Catégories linguistiques » de Jean-Marie Klinkenberg :

« La langue varie aussi selon le statut (économique, social, culturel) des locuteurs (axe diastratique) et selon le contexte de l’énonciation. La sociolinguistique situe ces contextes sur deux échelles. L’une va de la situation de pouvoir (qui postule l’emploi des variétés les plus standardisés) à la situation de solidarité des les groupes dominés (qui suscite l’emploi de variétés moins légitimes, l’argot par exemple). L’autre dépend de la situation, de la plus instituée et codée […] à la plus informelle qui laisse le choix [de la catégorie, du registre…]. » (2004 : 80)

5c) épuisement

En ce qui concerne la notion d’épuisement, Rabaté propose :

« Répétition, reprise, retour, épuisement, correction, réexamen, leit-motiv [sic], variation : aucun terme ne semble convenir aussi bien que celui de “ressassement”, pour désigner des modes d’écriture propres à notre siècle. […] L’hypothèse de départ de ce colloque est que le ressassement fonde, pour le XXe siècle, des façons d’écrire inédites, et même plus profondément des manières nouvelles d’envisager l’acte littéraire ou la définition même de la littérature. » (2001 : 5) « - forme de retour mais avec déplacement, variation infime, redite, le ressassement n’est pas délimité, ne peut l’être. En ceci, il se différencie nettement de la simple répétition. […] - répétition obsessionnelle, le ressassement est du côté de la mélancolie. S’il n’arrive pas à épuiser le dire, c’est que la perte et le deuil sont au centre de l’écriture. » (2001 : 6)

Il propose même que la question de ressassement prend la suite logique de celle de « la littérature de l’épuisement » (2001 : 9) – Ainsi, il faudrait voir ce qui distingue ces deux notions. Viart parle aussi, dans un autre ordre d’idée, de « l’épuisement du narratif » :

« Le texte [littéraire contemporain] fait ainsi preuve de l’arrêt et du figement, de l’enlisement ou de l’épuisement du narratif au profit d’une forme plus discursive. Ce n’est sans doute pas le moins paradoxal que la tentation discursive s’empare de textes qui eux-mêmes doivent leur incertitude à une époque caractérisée par la défaillance des discours. Mais la part discursive qui s’élabore au sein d’un matériau plus narratif n’est pas pour autant très assurée. N’est ici discursive que la stase qui interrompt le schéma narratif » (1999b : 125). Le parcours de la « biblio potentielle » donne à penser que d’autres types « d’épuisement » pourraient être à l’œuvre dans la littérature narrative contemporaine, dont « l’épuisement des grands modèles »…

BIBLIOGRAPHIE POTENTIELLE (épuisement)

BESSIÈRE, Jean (1989), « Fin de siècle post-moderne : De la fiction de l'épuisement du temps de Verne à Calvino, en passant par Lukacs, W. Benjamin et Adorno », in Gwenhaël Ponnau (ed.), Fin de siècle : Terme-évolution-révolution ?, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, p. 656-666.

DULONGCOURTIL, Hervé (1992), « Une Écriture de l'épuisement », L’Amitié Charles Péguy : Bulletin d'Informations et de Recherches, volume 15, no 58 (avril-juin), p. 111-17.

LEPAGE, Caroline (2006), « Le Roman policier noir en Amérique latine : Circulation et épuisement des modèles », in Delprat, François (introd.), América : Les Modèles et leur circulation en Amérique latine : Modèles et structures du roman ; Révision des stéréotypes ; Transfert de modèles, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, (« Cahiers du CRICCAL », no 34), p. 111-117.

Revoir aussi :

D. Rabaté, « Ouverture : singulier, pluriel », p. 9-20, dans Rabaté, Dominque et al (dir.), Écritures du ressassement, « Modernités », n°15, Bordeaux, PU Bordeaux, 2001.) En fait aller examiner peut-être l’avant-propos et l’article de Rabaté… Tonnet-Lacroix, Éliane, La Littérature française et francophone de 1945 à l’an 2000, Paris, L’Harmattan, 2003. « Le Paysage intellectuel : révisions et retournements », p.249-293. « L’Épuisement du roman », p. 275-294. « Inépuisable roman ? », p. 295-316.

5d) minoration [et minorisation]

« C’est au moment où la littérature québécoise paraît plus vivante et plus reconnue que jamais qu’elle est entraînée, comme toute culture lettrée, dans un vaste processus de minorisation et de décentrement. » (Biron, Dumont, Nardout-Lafarge, 2007 : 532)

« Aux cours des années récentes, ces frontières de la littérature se sont encore davantage brouillées, pour des raisons qui touchent moins à l’histoire du Québec qu’à un phénomène plus large de marginalisation de la littérature, observable dans l’ensemble des cultures modernes. » (Biron, Dumont, Nardout-Lafarge, 2007 : 629).

BIBLIOGRAPHIE POTENTIELLE (minorisation)

COULARDEAU, Jacques (1985), « De la minoration d'une langue et d'une forme culturelle ouvrière », in André Winther (ed. et avant-propos), Louis Guespin (introd.), Problèmes de glottopolitique, Rouen, Presses Universitaires de Rouen (coll. « Cahiers de linguistique sociale », no 7), p. 89-97.

5e) absence de maître

Il faudrait ici, ce me semble, définir la notion de « maître ».

Il y a, en tout cas, avec le tournant des années 1980, la disparition (physique) des maîtres à penser des années 1960. Cela inclut aussi la question du statut de l’écrivain qui est « en deuil de la figure prestigieuse de l’Intellectuel, et peut-être en simple mal de reconnaissance » (Blanckeman, 2000 : 11).

Par ailleurs, les récits de filiations sont sans doute le substitut, la nouvelle façon de se donner des modèles tant personnels que littéraires. Il n’y a plus de maîtres communs, certes, mais dès lors chacun est libre d’élaborer sa propre tradition. Le retour du sujet (l’individualisation) se jouerait aussi à ce niveau. Bio imaginaires : Les « biographies imaginaires » entrent en dialogue critique avec des « modèles » du passé, non pas afin de les imiter, mais plutôt afin de les interroger, de chercher leur place dans la littérature, de mettre en question le genre depuis ce qui l’identifie. (Viart, 2001a : 341-343, reformulé par Leppik) Pour plus de précisions sur les récits de filiations, voir : http://contemporain.info/wiki2/doku.php/fq-equipe:petit_glossaire_des_notions_et_etiquettes_generiques#recits_de_filiation

On pourrait finalement se demander si cette question de l’absence de maître est différente au Québec et en France. Au Québec, une tradition de lecture, de modèles, de maîtres (?) s’est enfin installée, même si le Québec subit lui aussi les conséquences de la désacralisation de la littérature. Tandis qu’en France, les grands maîtres semblent avoir disparus.

BIBLIOGRAPHIE POTENTIELLE (absence de maître)

BIRON, Michel (2000), L’Absence de maître : Saint-Denys Garneau, Ferron, Ducharme, Montréal, Université de Montréal.

BLANCKEMAN, Bruno (1996), « Aspects du récit littéraire actuel », Dix-neuf/Vingt, « Romanciers d’aujourd’hui, no 2, octobre, 233-251. [Concept du deuil du grand intellectuel/écrivain]

fq-equipe/pauvrete.1267734360.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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