Ici aussi, comme pour la médialité, on peut se référer à l’ouvrage de Marie-Pascale Huglo :
« D’une façon générale, les relations entre l’oralité et l’écriture constituent une excellente approche de l’intermédialité dans le champ de la littérature. Elles ont déjà amplement montré que les textes mobilisent une mémoire appareillée verbale et non verbale (musicale par exemple), écrite et non écrite, mais on ne saurait s’en tenir là. La culture audiovisuelle, qui est aujourd’hui la nôtre, engage lecteurs et critiques à questionner l’impact des images sur le récit littéraire et contemporain. » (2007 : 28, je souligne)
Ou encore :
« La difficulté à produire aujourd’hui de grands récits mémorables signale donc un problème quant à la transmission narrative de l’expérience […]. Chose certaine, la transmission de l’expérience n’est plus majoritairement narrative ni littéraire : elle passe aussi par les images et l’oralité seconde. En résultent des tensions entre l’ordre du récit, fondé sur l’agencement chronologique et causal des événements, et l’ordre audiovisuel qui peut fort bien se passer d’une orientation narrative. Ces tensions travaillent le récit littéraire contemporain, elles vont jusqu’à en remettre en question le sens et la portée dans un conflit problématique mais créateur. » (Huglo, 2007 : 36, je souligne)
Sinon, rien de recensé sur le sujet dans les différentes recherches.
Note : l’anglais pourrait bien être cette langue « véhiculaire » (et non vernaculaire) à laquelle se confrontent tant les personnages que les textes. On peut, à ce sujet, se référer à l’ouvrage de Simon Harel, Le voleur de parcours, dont la première partie du chapitre II – cartes et parcours, traite de la question. Voici le résumé en vrac :
Sur le cosmopolitisme actuel, contexte de mondialisation. Réflexion sur le français comme langue véhiculaire, réflexion qui se base en partie sur un texte de Michèle Lalonde, « Destination 80 ». « Si on s’attarde à la constitution de la littérature québécoise, force est de reconnaître qu’elle fut tenue à l’écart de cette idéalisation cosmopolite… » (73). Chapitre sur le « refus du cosmopolitisme » (74) de la société canadienne-française. Devait passer par un sentiment d’unité pour qu’une identité cosmopolite, transculturelle soit possible. « multiplicité des identités minoritaires » (78) Le français, devenant langue véhiculaire (par l’adoption de la loi 101), serait la base d’une nouvelle unification avec l’étranger – qui ne choisit plus la langue marchande (l’anglais) et, se faisant, reconnaît le statut assimilateur de l’identité québécoise. Sans pour autant que l’étranger abandonne sa langue. Plurilinguisme, etc.
AMEDEGNATO, Sénamin (2001), « Pour une oralistique : Étude des résurgences de l'oralité dans l'écriture de langue française » in Gilles Teulié (ed.); Richard René (introd.), Afrique, musiques et écritures, Montpellier, Université Paul Valéry (coll. « Carnets du Cerpanac, no 1), p. 39-53.
[peut-être ?] DUVAL, Jean-François (1988), « La lettre et la voix : [Paul Zumthor] », Magazine littéraire, no 249 (janvier), p. 92-97.
→ Entrevue avec ce romancier et critique sur le passage décisif qui, au Moyen Age, conduit de l'oralité à l'écrit.
HELM, Yolande (1999), « Malika Mokeddem: Oralité, nomadisme, écriture et transgression », Présence Francophone: Revue Internationale de Langue et de Littérature, no 53, p. 59-73.
KEMEDJIO, Cilas (2006), « Traversées francophones : Littérature engagée, quête de l'oralité et création romanesque », Tangence, no 82 (automne), p. 15-39.
OLSCAMP, Marcel (2000), « De l'oralité à l'oralité : Le Récit bref au Canada français (1990-2000) », University of Toronto Quarterly: A Canadian Journal of the Humanities, volume 69, no 4 (Fall), p. 917-925.