**1. Degré d’intérêt général** Pour le projet de quête et enquête : Très élevé Pour le projet de diffraction :faible En général : Élevé. **2. Informations paratextuelles** 2.1 Auteur : Marie Ndiaye 2.2 Titre : La Sorcière 2.3 Lieu d’édition : Paris 2.4 Édition : Éditions de Minuit 2.5 Collection : « double » 2.6 (Année [copyright]) : 1996 2.7 Nombre de pages : 174 p. 2.8 Varia : - **3. Résumé du roman** Fourni sur la quatrième de couverture : Lucie n’est pas une sorcière talentueuse. Ses deux filles, elles, se révèlent extrêmement douées, au-delà des prétentions et des espoirs de Lucie qui n’aspirait qu’à en faire des sorcières efficaces. Quant à la mèere de Lucie, son génie est absolu. Mais qui sont les corneilles? Est-on plus libre, [sic.] de prendre la place des oiseaux, leur forme et leur aspect, et d’imiter leur cri? Mon résumé : Ses deux filles ayant atteint l’âge de douze ans, Lucie, narratrice autodiégétique du roman de Marie NDiaye, entreprend de leur enseigner l’usage des pouvoirs de divination qu’elle possède et qui lui ont été transmis par sa mère. La première partie du roman montre comment la vie quotidienne du personnage principal, constituée jusque-là des relations qu’elle entretient avec Isabelle, une voisine aigre, envahissante mais néanmoins charismatique, et avec son mari Pierrot, un homme désabusé de son emploi dans un Garden-Club et de sa vie familiale, commence à partir de ce momen à s’effriter. Pierrot, d’abord, quitte le domicile familial et emporte avec lui les quelque 120 000 francs que Lucie a reçus en avance sur son héritage de la part de son père. Démunie, Lucie part en vacances à Paris pour visiter ses parents, divorcés depuis cinq ans, dans l’espoir de les réconcilier. Là-bas, elle constate avec désarroi que sa mère habite avec un nouvel homme, Robert, et que son père vit désormais dans un luxe qu’il ne peut se permettre et qui rompt volontairement avec la vie austère menée autrefois avec sa femme. Ce dernier étant dans une situation financière précaire, il demande à sa fille de lui remettre les 120 000 francs qu’il lui avait avancés sur son héritage, ce à quoi s’engage Lucie à la seule condition qu’il accepte de revoir sa mère. Dans la seconde partie du roman, obligée de retrouver Pierrot pour lui demander ce montant d’argent, Lucie se rend à Poitiers où celui-ci a trouvé refuge. Au cours du voyage, les deux filles de Lucie, Maud et Lise, perfectionnent leurs pouvoirs, apprennent à se métamorphoser en oiseaux et se détachent de plus en plus de leur mère, pour enfin la quitter définitivement. C’est finalement à Bourges que Lucie, grâce à ses pouvoirs de divination, retrouve Pierrot, désormais installé dans une nouvelle famille et refusant catégoriquement de lui remettre la somme d’argent qu’il a débitée de leur compte. Alors qu’elle quitte le nouveau domicile de Pierrot, Lucie croise sur son chemin Isabelle, qui lui offre un poste d’enseignante en « Connaissance objective du passé et de l’avenir pour soi-même et les autres » dans son École féminine de la santé spirituelle. Là-bas, elle s’avère incapable de transmettre ses pouvoirs aux jeunes étudiantes et est conséquemment accusée de charlatanisme et d’escroquerie, en vertu de quoi elle est renvoyée et mise sous arrestation. Lucie apprend par Robert que sa mère et son père se sont revus et que la rencontre s’est soldée par un échec, ce dernier ayant été transformé en escargot par sa mère. Enfin, Lucie rencontre de nouveau Pierrot, sa nouvelle femme et sa mère sur la rue, et elle apprend que son ancien mari est ruiné, sans emploi et que sa femme est enceinte. **4. Singularité formelle** Le roman est divisé en deux parties, la première se concentrant sur la dégringolade qui se produit dans la vie de Lucie et la seconde sur la solution qu’entrevoit Lucie à son problème, soit la réconciliation de ses parents divorcés depuis plusieurs annés déjà. On fait constamment face, dans ce roman, à des problèmes de logique et de cohérence dans le déroulement de l’action, que seul le trouble dans lequel est plongé le personnage parviennent à éclaircir. **5. Caractéristiques du récit et de la narration** Il s’agit d’une narration autodiégétique, menée par le personnage de Lucie. La durée du roman n’a rien de singulier, mais les déplacements dans l’espace sont multiples et ils donnent parfois lieu, en creux, à une critique sociale des institutions. **6. Narrativité (Typologie de Ryan)** 6.1- Simple 6.7- Embryonnaire Il est délicat de trancher en ce qui a trait à la narrativité dans La Sorcière. Il n’y a à la fois qu’une seule intrigue et une quête très claire et définie, mais les rapports de causalité entre les différents épisodes de la vie de Lucie sont diffus et lâches. **7. Rapport avec la fiction** //La Sorcière// se donne d’emblée pour fictif. Le titre, déjà, renvoie aux pouvoirs surnaturels de la branche féminine de la famille de Lucie. Bien que le récit ne considère pas ces dons comme tout à fait communs (le mari de Lucie, entre autres, est dégoûté – voire effrayé – par ces pouvoirs), il admet leur existence dans un cadre réaliste. Il s’agit, en somme, d’une forme de réalisme magique. **8. Intertextualité** - **9. Élément marquant à retenir / extraits significatifs** p. 50 – Deux jours après notre dîner en compagnie de monsieur Matin, et alors que Pierrot, plus sec et renfermé que jamais, s’était maniaquement attaché à n’évoquer ni le nom de monsieur Matin ni ce qu’il n’avait pu manquer de constater au sujet de Maud et Lise, qui maintenant, en toute sérénité, pleuraient de belles larmes de sang qu’elles ne dissimulaient pas, attablées dans la cuisine, devant la télévision, et se transmettaient aussitôt, d’une voix paisible, les informations pratiques en quête desquelles il me semblait qu’elles utlisaient leur nouveau don exclusivement, deux jours après la fuite de monsieur Matin, Pierrot ne rentra pas. Je songeai d’abord que le Club l’avait retenu pour une séance de stimulation en groupe, ainsi qu’il s’en pratiquait régulièrement afin d’exciter chez les vendeurs le sens de la rivalité. p. 53 – Mais ne devait-on pas consoler ses enfants du départ de leur père, les rassurer et les chérir davantage encore? Il me semblait que Maud et Lise vivaient en permanence dans un monde hypothétique et lointain, celui de leur gloire future, où les incidents du présent n’avaient pas leur place, devaient être considérés avec détachement ou mépris et balayés efficacement d’un joli geste volontaire. p. 65 – Deux semaines plus tard, alors que je n’avais toujours aucune nouvelle de Pierrot mais que mes regards souvent portés sur lui me le montraient toujours dans l’ombre de la cathédrale de Poitiers, par conséquent chez sa maman, Maud et Lise furent en vacances. J’avais attendu ce moment avec impatience, ayant décidé d’aller trouver mes parents par surprise, à Paris, où ils habitaient chacun de son côté, et de leur exposer le projet qui s’était soigneusement développé dans mon esprit soucieux pendant ces deux semaines de solitude, jusqu’à prendre l’apparence de la plus absolue nécessité. Le sentiment d’un devoir à remplir, et à faire accomplir par mes parents désunis, m’occupait si fortement que j’en étais agitée au-delà de toute raison. Après la conversation avec la maman de Pierrot, puis les quelques mots échangés avec Isabelle, il m’était apparu que, si mes propres parents vivaient dans l’erreur et la dispersion depuis quelques années déjà, il m’appartenait, à moi leur fille unique, de les sortir de cet égarement qu’avait provoqué rien moins, me disais-je, qu’un tourbillon de folie générale dont leur sens commun, leurs trente années de mariage paisible, leur conscience de l’honneur et du ridicule, n’avaient pas suffi à les préserver. Mes parents s’étaient séparés cinq ans auparavant, tranquillement, et rien n’expliquait à mes yeux une telle décision, puisque je les avais toujours vus contents l’un de l’autre. p. 95 – Une fois rentrée chez nous, dans notre belle maison neuve aux murs sonores, il m’apparut que, si je voulais, non pas sauver mon père d’une inculpation honteuse mais l’amener , le douze juin, dans la petite chambre de l’Hôtel de la Plage, et qu’il passât deux jours à reconnaître avec ma mère la grande absurdité de leur séparation, il me fallait sans tarder faire un saut à Poitiers afin de récupérer les cent vingt mille francs. J’avertis donc la maman de notre visite puis je repris le train en compagnie de Maud et Lise.