**1. Degré d’intérêt général** 9/10 Un moment de lecture mémorable! Une écriture belle et poétique, un récit qui m’a beaucoup touché…Un coup de cœur personnel et un bel objet d’étude! Assez dense pour qu’une deuxième lecture soit nécessaire. **2. Informations paratextuelles** 2.1 Auteur : Mylène Bouchard 2.2 Titre : La garçonnière 2.3 Lieu d’édition : Taillon 2.4 Édition : La Peuplade 2.5 Collection : 2.6 (Année [copyright]) : 2009 2.7 Nombre de pages : 195 2.8 Varia : Deuxième roman de l’auteur publié à la Peuplade. **3. Résumé du roman** La garçonnière est l’histoire de l’amour impossible entre Mara et Hubert, respectivement originaires de Noranda et de Péribonka. Dès leur première rencontre au cégep du Vieux-Montréal, ils deviennent deux âmes sœurs inséparables. Peu à peu, leur amitié se transforme en amour, mais chaque rapprochement pousse Mara à s’éloigner d’Hubert. Celui multiplie les faux hasards pour continuer de voir Mara et lui envoie plusieurs fois par jour des lettres complexes et mystérieuses. Lorsque Mara réalise à quel point elle obsède Hubert, elle décide qu’une rupture définitive est nécessaire. Bien qu’incapables de s’oublier, ils se bâtissent chacun une vie : Mara entreprend une carrière à la radio, éternellement célibataire tandis qu’Hubert, marié et père de famille, devient écrivain. Leurs chemins se croisent une dernière fois à Beyrouth, dix-sept ans plus tard. Ils se réfugient dans une garçonnière et vivent leur amour durant quelques jours, mais il est trop tard pour changer de vie. Le roman se clôt avec une lettre de Mara à Hubert, la seule, dans laquelle Mara lui annonce sa propre mort et lui fait ses (derniers) adieux. **4. Singularité formelle** Le roman est divisé en deux parties auxquelles s’ajoutent un prologue et un épilogue. La première partie, deux fois plus longue que la première, est divisée en 9 chapitres titrés. La plupart de ces titres, ainsi que celui du prologue, sont des énumérations (ex : dernière fois, adresse, mort, salut). Chacun de ces mots, en parenthèses dans le texte, subdivise les chapitres. La deuxième partie comporte trois chapitres. L’épilogue, quant à lui, est un lettre de Mara à Hubert. Des lettres d’Hubert, un extrait de Roméo et Juliette et de nombreuses citations en exergue aux chapitres parsèment le roman. On sent un travail certain dans la forme au sein du texte : une certaine utilisation graphique de la page (comme la longue énumération de «jamais, jamais, jamais, …» (p. 120) et des descriptions fragmentées qui rappellent les haïkus varient la structure du texte. Le style est saccadé, on retrouve beaucoup de phrases et de mots isolés. **5. Caractéristiques du récit et de la narration** Trois points de vue : Mara, Hubert, et un narrateur hétérodiégétique. Quelques chapitres sont racontés par Mara, d’autres par Hubert et traitent généralement du même évènement, mais selon leurs deux points de vue. Les deux amis s’observent mutuellement. La fin de leur histoire plane toujours en filigrane. Ce procédé rappelle un peu les commentaires du chœur dans Roméo et Juliette (second niveau d’intertextualité?) qui déplore toujours la fin tragique des deux amants. **6. Narrativité (Typologie de Ryan)** 6.1- Simple 6.2- Multiple **6.3- Complexe** 6.4- Proliférante 6.5- Tramée 6.6- Diluée 6.7- Embryonnaire 6.8- Implicite 6.9- Figurale 6.10- Anti-narrativité 6.11- Instrumentale 6.12- Suspendue Justifiez : On retrouve trois niveaux de récit dans le roman : le point de vue de Mara, celui d’Hubert, et celui d’un narrateur omniscient qui fait régulièrement un bilan de la relation entre les deux amis. Les évènements racontés par Mara ou Hubert sont souvent repris par le narrateur omniscient qui en révèle les causes ou les conséquences. **7. Rapport avec la fiction** Rien détecté! **8. Intertextualité** Très présente dans le texte (voir note de l’auteure), l’intertextualité joue aussi un rôle dans la relation des personnages : au cœur de l’écriture d’Hubert, l’intertextualité est le moteur d’une sorte de chasse aux trésors littéraire qui attache Mara à son ami. Note de l’auteure : « Des mots dans le roman ne sont pas les miens. Apparaissant en italique, leur provenance, parfois, n’est pas textuellement identifiée. Je tiens donc à souligner la présence du titre de l’œuvre de Marcelle Ferron au métro Champs-de-mars à Montréal (p.42), de deux emprunts au manifeste //Refus global// (p.43 et p. 65), de quelques mots de la chanson //Tu m’aimes-tu// et //Lucky lucky// de Richard Desjardins que je remercie spécialement, de quelques extraits du film //The pillow book// de Peter Greenaway (p.56), d’une phrase de Jonnhy Cash (p.128) et, enfin, de la voix du roman //L’amant// de Marguerite Duras (p. 166 et p. 167). Aussi, d’autres mots viennent appuyer mes dires et je veux renommer ici leurs auteurs Arthur H, Natalie Stephens, Milan Kundera, William Shakespeare, Michel X Côté, Régine Robin, Catherine Mavrikakis et Daniel Bélanger. » À cette liste s'ajoutent la mention de //Cents ans de solitude// de Gabriel Garcìa Màrquez, de quelques romans et de quelques titres de films et le nom de leurs réalisateurs, mais ils ne jouent pas un rôle très important dans le récit. **9. Élément marquant à retenir** Quelques longues énumérations qui remplacent efficacement la description (par exemple, p. 13-14, la longue procession de toutes les villes se trouvant sur le même parallèle que Noranda et Péribonka. Beaucoup plus frappant que tout adjectif, adverbe ou superlatif suggérant la distance.), le style saccadé, les symboles,la poésie.