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Fiche de lecture

1. Degré d’intérêt général

Le mensonge omniprésent entraîne à la fois une multiplication des fictions et une fragilité du et des récits.

2. Informations paratextuelles

2.1 Auteur : Gérard Mordillat

2.2 Titre : Béthanie

2.3 Lieu d’édition : Paris

2.4 Édition : Calmann-Lévy

2.5 Collection : -

2.6 (Année [copyright]) : 1996

2.7 Nombre de pages : 220

2.8 Varia :

3. Résumé du roman

Sur une plage, deux personnages se rencontrent et se mentent. Lui, amoureux de jazz et de cinéma, prétend s'appeler Coltrane, être inspecteur de blockhaus. Il s'invente un passé de mécanicien et de représentant itinérant. Elle, peintre à temps perdu, prétend s'appeler Béthanie (ville ou est né Lazare, premier ressuscité des Évangiles). Tous deux se racontent des histoires, mentant autant l'un à l'autre qu'à eux-mêmes, à ce qu'il semble. Mais les souvenirs inventés se mêlent aux réels et ce qu'ils veulent oublier remonte parfois à la surface, par bribes mystérieuses et par inadvertance. Avec parfois des allures de roadtrip, la dérive des deux personnages passe par un hôtel où ils boivent de l'alcool, font l'amour et continuent leurs histoires. À la fin, le personnage de Coltrane semble être parvenu, au moins en partie, à se libérer du poids de sa mémoire: “Je ne connais rien à la mécanique. J'ignore tout de l'architecture militaire. Je n'enquête pas sur les bunkers, ni sur les casemates. Je n'ai jamais lu Napoléon, Clausewitz, Lawrence. Je n'ai jamais été représentant, vendeur, agent immobilier. Je ne suis pas historien. Je ne suis pas musicien. Je ne viens pas d'Hamlet, USA. Je ne connais que la compagnie de poètes disparus. Des langues mortes de l'enfance. Des secrets perdus. Je souffre au vent, tête ouverte, boîte rouillée… Je ne m'appelle pas Coltrane. John William Coltrane. Je m'appelle Mordillat. Le mort que je porte en mon nom n'est pas celui qu'on croit.” (p. 220)

4. Singularité formelle

Rien de particulier.

5. Caractéristiques du récit et de la narration

L'histoire est racontée à la première personne, le JE de Coltrane. Lorsque Béthanie évoque ses souvenirs, c'est toujours lors de dialogues avec Coltrane.

6. Narrativité (Typologie de Ryan)

6.1- Simple

Justifiez :

Malgré qu'il y ait une grande quantité de récits “secondaire” issus du passé des personnages ou bien inventés par eux, ces récits sont toujours intégrés au récit principal par la narration de Coltrane.

7. Rapport avec la fiction

J'avoue ne pas avoir compris le système ou le dispositif général de Béthanie. Roman du mensonge et des menteurs, il entretient forcément un rapport particulier avec la fiction. Surtout que, comme l'extrait que j'ai présenté plus haut le montre, Coltrane affirme n'être, en bout de ligne, que Mordillat lui-même. Est-ce toujours un mensonge ? J'imagine… Mais alors, quel est intérêt de ce dernier mensonge ? Pas la moindre idée. Peut-être est-ce une manière de mettre en évidence le fait que, si le mensonge est la source des petites fictions issues du récit principal, il est aussi celui qui génère et permet le récit. Un peu vague, mais c'est tout ce que je peux en dire…

8. Intertextualité

Plusieurs allusions filmiques dans Béthanie, ce qui va de pair avec le ton général et la structure du roman qui donnent une ambiance cinématographique à l'ensemble (voir à ce propos le lien en fin de fiche). Un film est tout de même exploité plus que les autres: Seuls sont les indomptés (Lonely Are the Brave, en anglais, titre magnifique, je trouve), avec Kirk Douglas, un western dramatique sorti en 1962. Coltrane semble s'identifier au personnage de Jack Burns, interprété par Douglas, qui, selon Wikipédia, car je n'ai pas vu le film, mène une “quête utopique de liberté […] dans le monde moderne, quitte à ce qu'il ne lui reste à vivre qu'une éternelle solitude”. La libération de Coltrane, quant à elle, même si elle mène aussi à la solitude, est développée par rapport à un passé à surmonter plutôt qu'en opposition au monde moderne, comme dans le film.

9. Élément marquant à retenir

Le mensonge qui finit par tout submerger, le mensonge comme outil de libération, le mensonge comme celui qui permet le récit, bref, le mensonge.

10. Réception immédiate

Raphaël Sorin, "La stylo-caméra de Mordillat"

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