Michel, Christian, « Le Réel dort aussi », Esprit, n° 225, octobre 1996, p. 43-67.

Bon, Didier, Daeninckx , Le Touze, Desarthe, N’Diaye, Darrieussecq, Rosset, Ravey

Les romans des jeunes écrivains contemporains ont déserté l’espace politique et social pour s’inscrire dans « une sorte de présent a-temporelm contemporain, mais sans aucun ancrage historique, sociologique ou économique véritable, ce qui n’est pas le cas de leurs aînés (Bon, Didier, Daeninckx). » (p. 44) Le roman contemporain n’a plus de « conscience politique », il n’a plus que des « soucis domestiques ». La famille se trouve comme sujet central dans une forte proportion de romans, mais elle aussi est désormais soupçonnée. Filiations et généalogies. De jeunes auteurs (N’Diaye, Darrieussecq et Rosset) prennent la structure du conte, mais la vide du sens, pour decevoir toute tentative de dechiffrement allégorique. « Ils sont, en ce sens, les dignes, et rares, héritiés du récit kafkaïen. À une époque où les structures idéologiques qui donnaient un sens au monde ont fait long feu, ces étonnants contes postmodernes sont les meilleurs exemples des réponses que peut apporter, non pas une littérature en crise, mais une littérature de crise. » (p. 57-58) [L’histoire] est l’objet, dans ces récits qui refusent en effet résolument le roman historique, d’un questionnement spécifiquement romanesque portant sur les limites entre fiction et réalité, ainsi que sur les modalités d’inscription de l’événement historique dans le récit. » (p. 61)