Informations paratextuelles Auteur : Victor-Lévy Beaulieu Titre : Monsieur Melville (trois tomes) Éditions : VLB Éditeur Collection : Année : 1978 Appellation générique : Aucune Bibliographie de l’auteur : Plusieurs biographies sur des écrivains. Quatrième de couverture : Extraits de Monsieur Melville. Informations pertinentes à l’égard du pacte.
Pacte de lecture Voir les informations livrées en quatrième de couverture. Par ailleurs, le premier chapitre du premier tome a pour but de décrire le contexte qui a précédé le projet de VLB. On y retrouve évidemment des informations pertinentes concernant le pacte de lecture, i.e. la biographie imaginaire : « Lorsque je demandai à mes créatures ce qu’elles comptaient accomplir en dehors de moi, elles restèrent vagues. Le seul à me parler d’un projet définitif fut évidemment mon frère Steven : avec l’aide de Gabriella, il comptait traduire Finnagans Wake, tâche qui allait l’occuper tout ce temps, et sans doute davantage » (t. 1, p. 15) ; « J’ai toujours écrit de mémoire. Même ce livre que j’entreprends sur Melville, je voudrais l’écrire de mémoire, sans recourir à l’astuce des fiches ni à celles des notes. Je ne sais pas si le Melville dont je parle déjà aura un sens, s’il sera vraisemblable et pourra être entendu. Mais en 1850, je ne crois pas qu’on pouvait retrouver cela dans sa vie, voire même dans son œuvre. C’était un homme seul et c’est parce qu’il était ainsi que j’ai été fasciné par lui, au point que tantôt j’ai dû dire à mes propres créatures de ne plus compter sur moi pour les deux prochaines années et de faire comme si je n’étais plus là » (t. 1, pp. 18-19) ; « Ce qui se passait en moi n’avait rien à voir avec ce qui m’était arrivé alors que je rédigeais le Hugo ou bien le Kérouac […] Avec Melville, ça ne peut être que fort différent : ce que Melville a été, c’est ce que je voudrais être » (t. 1, p. 23).
Les relations Auteur/narrateur Le narrateur homodiégétique est Abel Beauchemin : « Je ne sais plus qui a dit que pour écrire un grand livre, il fallait une bonne dose de naïveté, c’est-à-dire la foi. Et c’est là tout le problème puisque je me sens être plutôt du côté des mécréants, avec rien que ma gratuité à faire venir ⎯ ce qui fait que je m’appelle Abel Beauchemin, que je vis au Québec, dans ce petit état équivoque qui ne peut trouver ses appuis dans l’histoire […] » (t. 1, p. 22). C’est bien un narrateur-personnage qui s’emploie à écrire un ouvrage sur Melville : « C’est la façon qu’a Père de préparer le gros roman qu’après Monsieur Melville nous écrirons sans doute ensemble. Père lève les yeux. Il voit que je le regarde. Il dit : ‘Cesse de lambiner, Abel. Si tu veux terminer ce chapitre avant le petit matin, tu serais mieux de retrousser tes manches’ » (t. 1, p. 95). Abel fait partie à son tour de l’imaginaire de Melville : « Je le regarde. C’est bête mais je voudrais me jeter dans ses bras, et rouler avec lui dans le grand lit, et pleurer tout mon soûl, et lui demander qu’on en reste là, sans même Nantucket et l’Acushnet, sans même ce voyage dans les Mers du Sud qu’il a consenti à faire de nouveau avec moi, parce qu’il sait que je l’aime, parce qu’il sait que je suis à la fois Hawthorne et son fils Malcom, et Jack Chase, et Billy Budd, et Clarel, c’est-à-dire toutes ce qui reste de son imaginaire après toutes ces années de solitude » (t. 1, p. 181). Dans un discours rapporté : « Sœur Mary sourit. Je dis : ‘Je m’appelle Nathaniel et j’accompagne Monsieur Melville dans sa dernière navigation’ » (t. 1, p. 194).
Sujet d’énonciation/sujet d’énoncé Le narrateur voue une grande admiration pour son personnage. Voir pacte. Les deux sujets se côtoient. Voir indices de fiction.
Le biographé Herman Melville.
Ancrage référentiel L’image nourrit alors l’imaginaire. Comme c’est le cas de plusieurs biographies imaginaires faisant partie de notre corpus, le biographe s’appuie sur des images : « Il m’est toutefois impossible d’entrer chez Melville par la grande porte. Bien malgré moi, je dois utiliser une cheville. Cela tient aux photos que je connais de Melville, qui le représentent alors qu’il est dans la soixantaine passée, avec cette grande barbe brousailleuse, ces cheveux courts mais fournis, ce nez fort et cet œil droit grand ouvert tandis que le gauche est presque clos et tout sombre. La première image, c’est-à-dire l’image la plus tenace que j’ai de Melville, est celle d’un homme vieux […] Je regarde la photo et je ne dis : ‘Cet homme s’appelle Herman Melville. Mettons [embrayage en régime fictionnel ?] qu’il s’agit bien d’Herman Melville. » (t. 1, p. 25) (la photo se trouve à la page 27, t. 1). L’œuvre de VLB est ponctuée d’images. Référence aux événements factuels : « C’était juste avant sa mort survenue le 28 septembre 1891 après quelques semaines de vertige » (t. 1, p. 39) ; « Ça se passe à New York, le premier août 1819 » (p. 47) ;
Indices de fiction Œuvre qui puise largement dans la mémoire : « Il reste si peu de choses de sa vie mais tellement de mémoire encore que même en allé, ça peut très bien continuer tout de seul, pour se vider quelque part du secret » (t. 1, p. 32). Voir pacte de lecture. Abel, le narrateur-personnage, se rend à Pittsfield pour rencontrer Melville : « Je dis : ‘C’est pour Monsieur Melville, cette dent. Vous pouvez la lui remettre ? Dites-lui aussi que mon intention est de l’interviewer et que pour cela, je suis venu de très loin’ » (t. 1, p. 162) ; « Dès que je vois Melville, je vais vers lui et je lui dis : ‘Je m’appelle Abel Beauchemin et je suis venu pour vous interviewer. Comme convenu, je vous ai apporté une dent de cachalot. Ce n’est pas extraordinaire mais c’est tout ce que j’avais pour me faire connaître de vous. Venez par ici’ » (t. 1, p. 164). Melville s’adresse à Nathaniel Hawthorne (pp. 176-179).
Thématisation de l’écriture Il est régulièrement question de l’écriture : « Écrire, ce n’est pas très difficile, surtout quand je suis comme je suis, capable d’absorber n’importe quoi, le ridicule et le sublime, de dénaturé et le dérisoire […] Si j’interroge quelques-uns des grands livres de l’histoire, si je lis à la suite l’Iliade, l’Énéide, la Divine comédie, Don Quichotte, Moby Dick, Ulysse, la Mort de Virgile, les Reconnaissances, l’Enfant-Bouc et Finnagans Wake, je me dis que ce sont là de grands oeuvres et ce qu’il y a de plus achevé dans la littérature […] Ce n’est pas la littérature qui est ma passion mais cette présomption que parfois elle puisse devenir tout autre chose, quelque expérience-limite de l’homme, une assomption de liberté » (t. 1, p. 20) ; « Pour Melville, l’écriture ne peut être qu’une entreprise totalisante » (t. 1, p. 53).
Attitude de lecture Ouvrage consacré à un écrivain réel, Melville, mais qui met en scène un univers nettement imaginaire où le narrateur-personnage fictif va jusqu'à s’immiscer dans l’esprit d’un Melville solitaire.
Hybridation, Différenciation, Transposition
Autres Présence d’Abel et de la Cadillac blanche avec de grand ailerons lumineux (t. 1, p. 160) que l’on retrouve dans une autre biographie imaginaire de VLB : Docteur Ferron.
Table des matières et index
Lecture du premier tome seulement.