===== Catherine Mavrikakis (2005), Fleurs de crachat ===== ==== I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE ==== Auteur : Mavrikakis, Catherine Titre : Fleurs de crachat Éditeur : Leméac Collection : - Année : 2005 Éditions ultérieures : - Désignation générique : roman (page de grand titre) Quatrième de couverture : « //Moi, Flore Forget, j'invente le crachat invisible. Le crachat propre. Le glaviot de la mauvaise foi qui convient à tous. C'est mon engin secret, mon truc catapultant, mon arsenal d'enfer, mon arme traditionnelle. Je leur crache dessus, mais ils n'en savent rien. Je me purifie dans la glaire de mes biles médicamentées et je prie à genoux le ciel si vorace afin d'avoir un jour la bouche complètement sèche, privée de munitions. Je demande, suppliante, le crachat impossible dans lequel je ne m'éclaterai plus... Le crachat qui tuera sans même laisser de traces. Finie la guéguerre sale...// Psychodrame décapant, Fleurs de crachat met en scène le personnage enflammé de Flore. En forme de long soliloque, ce roman est un cri délirant craché à la face du monde, une plongée douloureuse dans les profondeurs de l'identité. Peut-on s'affranchir de son propre drame, de ses morts? Des fleurs peuvent-elles renaître des cendres et du crachat? Plein de cette rage vitriolique qui vacille entre le désespoir et la rédemption, ce texte nous propulse dans la chair écorchée, dans la mémoire, dans la vie. Un récit implacable, porté par une langue vive et haletante, qui frappe de plein fouet. » Notice biographique de l’auteur : « Catherine Mavrikakis et née à Chicago en 1961. Elle vit à Montréal et est professeure de littérature à l'Université de Montréal. Ses deux premiers romans, Deuils cannibales et mélancoliques (2000) et Ça va aller (2002), ont été unanimement salués par la critique pour la force de leur propos et leur voix singulière. » ==== II - CONTENU ET THÈMES ==== Résumé de l’œuvre : Flore Forget est une chirurgienne de quarante-cinq ans qui essaie de passer à travers la vie malgré les amours chaotiques, les déboires familiaux et les cicatrices laissées par l'Histoire. Abonnée à un psy et aux pilules qui lui permettent de dormir la nuit et ne pas trop perdre le nord le jour, Flore vit avec sa petite fille, Rose, et déborde d'une rage qu'elle s'efforce de dissimuler : « Crache sur tout le monde, mais en souriant, comme cela, mine de rien. Crache avec classe, crache dans le vent et surtout pas en l’air […]. Moi, Flore Forget, j’invente le crachat invisible. Le crachat propre. Le glaviot de la mauvaise foi qui convient à tous. » (p. 14). Un jour, Florent, frère aîné cinglé que Flore n'a pas vu depuis trente ans, lui rend visite parce qu'il a senti que leur mère était au bord du trépas, ce qui s'avère exact: elle a un cancer du sein qui l'emportera en l'espace de deux petits mois. Flore se lance alors dans une chronique familiale pour replacer son existence (et ses travers) en contexte et peut-être, à travers ses aïeux européens, son enfance aux États-Unis, expliquer les démons qui la rongent de l'intérieur. Vers la fin du roman, ainsi que l'avait prédit Violette, la mère décédée (« Il faut aimer la vie, Flore, et tout refleurira. » (p. 61)), les choses s'améliorent pour Flore qui reprend goût à la vie. Son frère fait un kamikaze de lui dans le consulat d'Allemagne, emportant avec lui le poids du passé, ce qui la délivre de ses tourments familiaux. De plus, elle se marie avec Vincent, un cuisiner français qui, lui, vit dans le présent et permet donc à Flore de renaître. Thème principal : Folie Description du thème principal : Flore tente de se délivrer de sa folie en en explorant une à une toutes les sources potentielles : inceste, passé familial, deuil précoce, amours malheureux, de sa folie, sociabilité déficiente, etc. Thèmes secondaires : Famille, mémoire, inceste, amour, poids du passé. ==== III- CARACTÉRISATION NARRATIVE ET FORMELLE ==== Type de roman (ou de récit) : roman [de filiation?] Type de narration : autodiégétique : Flore Forget soliloque d'un bout à l'autre du roman, interrompue seulement par quelques monologues/tirades (en italique) de certains personnages, passages qui font entre une dizaine de lignes et plusieurs pages. Personnes et/ou personnages mis en scène : - Lieu(x) mis en scène : Montréal Types de lieux : appartement, église Date(s) ou époque(s) de l'histoire : contemporaine, avec plusieurs références aux Guerres mondiales. Intergénérité et/ou intertextualité et/ou intermédialité : - Particularités stylistiques ou textuelles : La syntaxe du soliloque de Flore se modifie au gré des fluctuations mentales/psychiques de la narratrice. Le deuxième chapitre, par exemple, est écrit en une seule phrase, en un seul souffle, et correspond au moment où la rage de Flore est la plus violente (délires anthropophages et désirs de meurtres, notamment), la plus palpable parce que s'apparentant encore plus que le reste du roman au flux de conscience d'un être au bord de l'explosion. La langue est extrêmement travaillée dans Fleurs de crachat et le mélange entre langage obscène, rythme haletant, brisé, envolées lyriques et passages débordant d'images et de métaphores filées (florales et gastronomiques, entre autres) donne à l'ensemble du déversement de paroles de Flore un aspect de folie hallucinatoire dans laquelle les émotions sont toujours à fleur de peau. Auteur(e) de la fiche : Sébastien Hogue