Fiche de lecture

1.Degré d’intérêt général

Un roman formellement intéressant du fait de sa construction sur le mode du dialogue. Réflexion intéressante sur le paradoxe du sentiment amoureux qui s’exprime parfois dans l’éloignement, et sur la mort qui fait réaliser le lien qui unit deux êtres par-delà la perte. Un roman sur la mémoire, aussi, qui se construit notamment à travers une certaine déconstruction d’un «nous» idéal.

2. Informations paratextuelles

2.1 Auteur : Laurent Mauvignier

2.2 Titre : Le lien

2.3 Lieu d’édition : Paris

2.4 Édition : Minuit

2.5 Collection :

2.6 (Année [copyright]) : 2005

2.7 Nombre de pages : 57 pages.

2.8 Varia : Il s’agit de la quatrième oeuvre de l’auteur. Elle n’a aucune mention générique. Il faut aller sur le site des Éditions pour voir la mention roman rattachée au livre. Il faut savoir que Le lien a d’abord été mis en espace en 2004 avant de voir le jour chez Minuit.

3. Résumé du roman

Le roman parle du lien entre un homme et une femme. Un lien perçu, d’une part, comme perte de soi dans l’autre (un éloignement dans l’union), d’autre part, comme une force perdue après le départ de l’un. Le roman est un long dialogue entre un Lui et un Elle. Lui est photographe de presse à l’étranger. Elle va bientôt mourir. Ils étaient mariés. Lui revient maintenant après plusieurs années d’exil volontaire, motivé par la peur de passer à côté de la vie malgré son amour pour Elle. Ils se racontent un passé dont Elle, convaincue, a attendu le retour tout ce temps de son absence (à Lui). On apprend que Elle écrira un livre pour accompagner les photos de Lui, photos qu'il lui envoyait périodiquement depuis l’étranger. Ils devront refaire ensemble le chemin inverse : écrire le livre en repassant une à une les photos et les commentaires de circonstance qui les accompagnaient. Le projet annoncé devient plutôt le prétexte à une réflexion sur la mort à travers un questionnement sur le geste de photographier (principalement fixer dans le temps l'image du mourrant - des images de guerre, de derniers moments aperçus dans le regard des sujets photographiés). Cette réflexion dévoile le lien complexe qui les unit paradoxalement dans la fuite, la perte, l’oubli et la reconstruction d’une mémoire sur des ruines.

4. Singularité formelle

Le dialogue tourne au soliloque dans une scène en particulier (très brièvement, mais c’est le premier point de dissension narrative : je pense que la scène est importante, notamment parce qu’elle semble révéler à ce moment du texte le paroxysme de leur éloignement à l’intérieur même de leur union et de la conversation en cours). (p. 40)

Noter qu’à partir le page 53 le dialogue bascule dans un brouillage temporel : sur une remarque de Lui, les deux personnages refont l’épisode de leur mariage en s’exprimant au présent. Le dialogue glisse vers la confusion : Lui profère des répliques qui expriment des souvenirs de guerre, alors que Elle semble répondre en exprimant un malaise physique et une culpabilité ravageuse. Scène témoignant aussi très fortement de leur éloignement dans la conversation, devenue très émotive.

5. Caractéristiques du récit et de la narration

On apprend tout de manière rétrospective à travers un long dialogue au présent ; dans l’ordre : le métier de Lui, la maladie et la mort prochaine de Elle, leur amour passé, les raisons du départ de Lui (fuir un bonheur – l’amour – qu’on pense avoir trouvé trop tôt dans sa jeunesse et y revenir à la fin de sa vie en réalisant qu on avait déjà trouvé et qu’on a passé sa vie à se chercher pour le comprendre (p. 41)), la lettre de Elle reçue à l’étranger lui apprenant qu’elle ne pourra plus continuer à recevoir ses photos pour une raison X, son (Lui) retour précipité, la mémoire de la guerre (plusieurs, dont celle d’Algérie), qu’ils se sont mariés à vingt ans… Le récit se termine sur une promesse de recommencement (formulation prospective) alors même que Elle va mourir (littéralement : il lui reste peu de temps, mais il n’est pas trop tard pour rebâtir les années perdues). Pas de description. Pas de psychologie (analyse, metadiscours), mais des mots lancés de manière brute lors d'une longue conversation, de l'odre du bilan de vie qui pose cependant encore des questions.

6. Narrativité (Typologie de Ryan)

6.1- Simple

6.2- Multiple

6.3- Complexe

6.4- Proliférante

6.5- Tramée

6.6- Diluée

6.7- Embryonnaire

6.8- Implicite : Roman complètement dialogué (deux voix uniquement).

6.9- Figurale

6.10- Anti-narrativité

6.11- Instrumentale

6.12- Suspendue

7. Rapport avec la fiction

8. Intertextualité

9. Élément marquant à retenir