FICHE DE LECTURE

INFORMATIONS PARATEXTUELLES

Auteur : LAMY, Jean-Claude Titre : Mac Orlan, l’aventurier immobile Lieu : Paris Édition : Albin Michel Collection : - Année : 2002 Pages : 316 Cote : Désignation générique : Aucune en couverture, mais l’auteur a inséré avant le texte un Prélude à une biographie : « Au début des années 60, jeune journaliste à La Liberté de Seine-et-Marne, je visitais Mac Orlan comme mes confrères de la région. Ce jour-là, le romancier du Quai des brumes, les épaules encore solides, une pipe au coin des lèvres rases, avait raconté des histoires maintes fois répétées, avec un enthousiasme que rien ne lasse. Jusqu’à ce que sonne l’heure du départ car la retransmission d’un match de rugby faisait partie de ses sacro-saintes habitudes. S’étant accroupi, il me désigna sur le bas-côté de la route une coccinelle. « Encore une demoiselle bien coquine qui file à Saint-Tropez », me dit-il avec des clignements d’yeux, des airs sous-entendus. De tout et de rien l’imagination de Pierre Mac Orlan faisait merveille. » On se trouve donc bien devant une biographie, qui sans être proprement fictive va mettre l’accent sur la personnalité énigmatique et imaginative de Mac Orlan, qui a fait de sa vie même une sorte de fiction.

Bibliographie de l’auteur : Au petit bonheur de la chambre (1972), Notre-Dame des Esclandres (1973), Pierre Lazareff à la une (1975), Gaston Leroux ou le vrai Rouletabille (1977), Arsène Lupin, gentleman de la nuit (1983), Mauriac intime (1985), Sagan (1988), René Julliard (1992), Hervé Bazin, entretiens avec Jean-Claude Lamy (1992) Prévert, les frères amis (1997), La Belle Inconnue (roman, 2000), La guerre, mademoiselle (roman, 2001). Plusieurs biographies, mais presque autant de romans.

Biographé : Pierre Mac Orlan

Quatrième de couverture : Situe Mac Orlan dans le temps, comme figure importante de la vie littéraire de Montmartre au début du XXe siècle qui siégera à l’Académie Goncourt pendant vingt ans. Son roman le plus célèbre : Le Quai des brumes. Ses nombreux talents : écrivain, journaliste, poète, parolier (c’est un résumé puisque la biographie montre qu’il a œuvré dans beaucoup d’autres domaines). Mac Orlan veut être montré « sous son vrai jour : un génie du roman d’aventures, à l’image de Stevenson et Kipling qu’il admirait, un rêveur toujours en partance vers un ailleurs réel ou imaginaire. » Biographie qui s’annonce à la limite du réel et de l’imaginaire.

Préface : Non.

Rabats : Non

Autres (note, épigraphe, photographie, etc.) : La photographie de couverture présente le « personnage » Mac Orlan vers la fin de sa vie, cigarette au bec, coiffé de son fameux béret écossais, avec son visage tout ridé de bouledogue sympathique.

LES RELATIONS (INSTANCES EXTRA ET INTRATEXTUELLES) :

Auteur/narrateur : C’est clairement Lamy qui est narrateur de ce récit de vie. Il mentionne à quelques reprises des événements qui l’ont conduits à s’intéresser à Mac Orlan, mais toujours de la façon la plus factuelle. L’auteur et le narrateur sont ici indissociables. Si le narrateur demeure plutôt discret dans le récit qu’il raconte, il lui arrive quand même parfois de porter un jugement sur un sujet qui le touche : « L’influence de Céline sur le roman moderne va de soi alors que l’apport de Mac Orlan, tout aussi évident, n’a pas été reconnu à sa juste valeur. » p. 129 Lamy ne se cache pas pour émettre ses opinions par rapport aux écrivains, à leurs œuvres et à la réception de celles-ci.

Narrateur/personnage : Narration omnisciente et hétérodiégétique, même si Lamy ne se détache pas tout à fait des événements qu’il raconte, du moins d’un point de vue psychologique – il se sent une forte appartenance au groupe d’artistes formé par Mac Orlan et dont il relate l’existence. Le narrateur ne se met jamais en scène aux côtés de Mac Orlan, se faisant plutôt le porte-parole de l’esprit de ce dernier et de l’époque où il vécut: il lui arrive de s’immiscer dans les pensées de son biographié, mais le plus souvent, ces intrusions vont être des citations tirées de l’œuvre littéraire de Mac Orlan ou d’un de ses contemporains.

Biographe/biographé : Lamy considère manifestement Mac Orlan comme un pilier de l’histoire littéraire française du XXe siècle et tente donc de le situer sur « l’échiquier » de la vie littéraire de cette époque. Pour ce faire, il ne se consacre pas exclusivement au portrait de Mac Orlan, mais en profite pour mentionner au passage les écrivains qu’il a côtoyés et ce que ceux-ci ont accompli (littérairement, bien sûr) : Max Jacob, Apollinaire, Colette, Dorgelès, Carco, Gaston Gallimard, qui ne sont qu’un très mince échantillon des artistes à qui est attribuée une certaine influence (ou une influence certaine) de Mac Orlan. Cette influence est également sensible chez le narrateur même, Lamy, qui expose dans son « prélude à une biographie » la manière dont il a été touché par la capacité de Mac Orlan à changer la perception du monde des gens qu’il rencontrait, en l’occurrence la sienne.

Autres relations :

L’ORGANISATION TEXTUELLE

Synopsis : Le récit est raconté de façon surtout linéaire, toutefois divisé par thèmes plutôt que par événements, ce qui donne un découpage intéressant et quand même facile à suivre. Chaque chapitre de cette biographie touche un thème primordial dans la vie de Mac Orlan; il y en a 41! Sans rapporter chacun des sujets mentionnés, je vais tenter d’en donner une brève idée grâce à des éléments de la vie du biographé. Pierre Mac Orlan, né Pierre Dumarchey, a toujours eu le goût de l’aventure, autant aventures « physiques » qu’aventures de l’esprit; c’est dans le cadre de cette quête de sensations nouvelles qu’il s’inventera un nom, qui fera autant partie du personnage que les culottes de golf, la pipe et le béret à pompon. S’il a beaucoup bourlingué à travers l’Europe dans sa jeunesse, Mac Orlan préfère souvent voyager dans sa tête en s’inspirant des récits que lui font les jeunes marins et les prostituées qu’il rencontre dans les faubourgs. Il se destinait lui-même à une carrière de dessinateur, mais il n’a pas trop tardé à reconnaître que son talent était bien plus du côté de la littérature, milieu dans lequel il fera rapidement ses preuves : après avoir lu quelques-uns de ses récits, Gaston Gallimard lui propose de le publier. La carrière était lancée. Premier obstacle à l’émancipation de l’écrivain-nouveau : la guerre, dans laquelle Pierre Dumarchey s’embarque, y voyant là une occasion comme une autre de vivre l’Aventure partout recherchée. Rapidement blessé, mais de façon bénigne, il peut se remettre à l’écriture et à son autre passion : le bavardage! La période d’entre deux guerres sera pour Mac Orlan l’occasion de se créer un réseau d’artistes-bohèmes de toutes spécialités avec lesquels il pourra échanger – pensées, lectures, écritures, découvertes de toutes sortes. Lamy mentionne l’intérêt de Mac Orlan pour la publicité, le journalisme, la photographie, les faits divers sanglants (dont il s’est beaucoup inspiré pour l’écriture de ses récits fantastiques), chacun de ces domaines touchant différemment mais aussi profondément la vie et l’oeuvre de Mac Orlan. Lamy s’intéresse également à la relation d’amour-haine qu’il entretient avec son frère, un militaire turbulent et indiscipliné qui prendra le large pour échapper à ses détracteurs, frère dont on reconnaîtra souvent les traits derrière les descriptions de certains personnages centraux de l’œuvre de Mac Orlan, mais sans jamais que ne soit explicitée la véritable relation qui les unit ; il en est de même pour la relation de Mac Orlan avec ses père et mère, dont il parlera toujours à mots couverts et avec force dérisions pour éviter la sincérité peut-être trop révélatrice, sûrement de Pierre Dumarchey, et encore plus sûrement de la raison pour laquelle ce dernier devint Mac Orlan. Lamy raconte finalement comment l’écrivain reconnu s’est retiré dans la petite bourgade de St-Cyr-sur-Morin jusqu’à la fin de ses jours, recevant chez lui amis anciens et jeunes premiers qui veulent faire leurs preuves et être appuyés dans ce sens par le monument qu’est devenu Mac Orlan, qui siège maintenant au Goncourt. Affligé par une fatigue chronique, il demeurera lucide jusqu’à la fin de ses jours, n’ayant rien perdu de sa verve et de son humour cinglant. À son grand ami André Billy, il écrira : « Tout est simple et sincère quand on achève sa 88e année. Dans huit jours, je commencerai à grignoter ma 89e. Excuse-moi pour cette lettre tapée à la machine, mais je peux encore me servir de ma main droite si ce n’est pour signer des chèques, dont les bénéficiaires me sont pour la plupart indifférents. […] J’espère pouvoir t’envoyer dans la première quinzaine du mois de mars une lettre entièrement écrite de ma main. Pour l’instant, je participe de mon mieux (et sans le vouloir) à tous les désastres qui nous menacent. La dernière lutte entre la nature et l’homme ne sera pas belle à voir. Dans quinze jours en t’envoyant un mot de ma main, je te dirai ce que je pense des hommes. Ton vieil ami Mac. » (Tiré d’une lettre datée du 14 février 1970) Il meurt quatre mois plus tard.

Ancrage référentiel : Biographie très documentée comme en témoigne les trente pages de notes qu’on retrouve à la fin du volume. Des dates précises, des villes, des rues, des adresses de gens plus ou moins connus, des titres d’œuvres, des noms d’écrivains (surtout français). Beaucoup de citations avec références complètes (en notes de fin), tirées autant des œuvres de Mac Orlan que des œuvres d’écrivains qu’il a côtoyés. À titre d’exemple, en parlant d’Apollinaire, Lamy va introduire un passage de l’œuvre de ce dernier qui mentionne sa relation avec Mac Orlan : « Dans son ouvrage Le flâneur des deux rives qui rassemble ses chroniques révélant un Paris tout à la fois insolite et familier, il écrit : « C’est là qu’habite M. Pierre Mac Orlan, cet auteur gai dont l’imagination est pleine de cow-boys et de soldat de la Légion étrangère.La maison où il demeure n’a rien de remarquable à l’extérieur. Mais quand on entre, c’est un dédale de couloirs, d’escaliers, de cours, de balcons où l’on se retrouve à grand peine. La porte de M. Pierre Mac Orlan donne au fond du couloir le plus sombre de l’immeuble. L’appartement est meublé avec une riche simplicité. Beaucoup de livres, mais bien choisis. Un policeman en laine rembourrée varie ses attitudes et change de place selon l’humeur du maître de maison. Au-dessus de la cheminée de la pièce principale se trouve une toute petite caricature de moi-même par Picasso. […]. » » p. 62 Plusieurs occurrences de cette sorte qui tente de faire voir Mac Orlan à travers la vision d’autres artistes qui l’ont connu personnellement. (Témoignages de Germaine Montero p. 210, de Pierre Guibert et de Daniel Morcrette p. 36) On retrouve disséminés dans le texte : les noms des lauréats du Goncourt pour les années où Mac Orlan fut jury, les relations de Mac Orlan liées à ce poste, les noms des écrivains pour lesquels il a accepté d’écrire des préfaces ou avec lesquels il entretenait une amitié particulière. Lamy a recueilli les témoignages des amis (Bernard Clavel p. 14-15), des descendants des amis et toutes les informations qu’il a pu trouver sur le passage de Mac Orlan sur cette terre : extrait d’une conversation entre Mac Orlan, Germaine Montero et Nino Frank p. 49-50, différents voyages et visites effectués par Mac Orlan au cours de sa vie. Témoin de la recherche, le remerciement de plus d’une page à la fin du volume, et qui mentionne la presque totalité des écrivains (ou leurs ayant-droits) qui ont connu Mac Orlan comme ayant contribué à l’écriture de la biographie, et bien d’autres encore. Je n’en cite qu’un extrait : « Pierre Guibert et son épouse Mauricette, amis fidèles de Pierre Mac Orlan, furent prodigues de leur temps pour répondre à mes questions. Janine Balland, Pierre Béarn, Pierre Bérès, René Bourdier, Jean Chalon, Bernard Clavel, Hosni Djemmali, François-René Folliot, Jacques Furlan, Georges Fleury, Christophe Jankovic, Marcel Jullian, Gérard Roger, Jacques Pessis, Jean-Philippe dit Flip, Robert Sabatier, Daniel Therby, Michel Vincent m’apportèrent eux aussi leur contribution. » p. 313 Lamy va même se référer au carnet militaire de Mac Orlan pour tenter d’y soutirer encore quelque information pertinente : « La rubrique « Blessures et actions d’éclat » de son livret militaire indique : « Crachements de sang consécutifs à contusion, suite de chute par éclats d’obus, troubles cardiaques. » » p. 121

Indices de fiction : Lamy fait une gradation des souvenirs de Mac Orlan, donnant apparemment de façon aléatoire de l’importance à certains événements ou rencontres : « Si la rue des Charrettes qui est morte avec Star appartient à l’univers des bons et des mauvais jours à Rouen, la rue St-Vincent, elle, restera dans la mémoire de Pierre Mac Orlan comme un lieu chargé de détails pittoresques dessinés par Steinlen et chantés par Bruant. » p. 57 Quelques formulations suggèrent une certaine fictionnalité : « Croûter et posséder un toit ont été les obsessions de Pierre Mac Orlan durant sa jeunesse cahotante. » p. 70 Encore : « Avant que sa chambre d’hôtel du Poirier ne prenne feu, Pierre jeta le poêle d’occasion par la fenêtre, attirant l’attention des curieux alentour, y compris Picasso et Van Dongen, autre locataire du Bateau-Lavoir. Il se peut que Max Jacob qui logeait rue Ravignan ait assisté à la scène. » p. 89 (C’est moi qui souligne) Propos de Lamy sur Mac Orlan, qui appuie sa propre thèse sur l’écrivain : « Pierre Mac Orlan ne s’est jamais intéressé qu’à l’homme, cet inconnu qui porte en lui toutes les aventures. » p. 137 Sur la capacité imaginative de Mac Orlan : « Bien ancré dans cette terre de Brie, enfermé dans son bureau comme dans une cabine de bateau, Pierre Mac Orlan naviguait au fil de ses souvenirs. Quelques villes reviennent du fond de ses rêves : Rouen, Londres, Brest, Marseille, Paris (avant tout Montmartre), Naples, Bruges, Hambourg, Barcelone. Villes de la fin de l’adolescence et de la première maturité qui hanteront son œuvre. » p. 199-200 (Citation qui convient également à la rubrique VIE / ŒUVRE) Lamy attribue à Mac Orlan une réputation de séducteur (attestée?) et lui prête nombre de liaisons obscures : « Avant de séduire définitivement Marguerite Luc […], Pierre Mac Orlan ne s’est pas seulement attardé avec d’aimables filles de joie. Il rencontra une femme écrivain d’origine belge, dont nous ignorons l’identité, et devint son secrétaire. Selon Nino Frank, pour vingt francs par semaine, il était chargé de corriger et recopier les œuvres de la dame. Avec cette mystérieuse femme de lettres fortunée, il voyagea en Italie et en Belgique, passant par Naples, Palerme, Bruges qu’il peignit depuis le rempart des casernes, Knokke, un petit village au bord de la mer du Nord. Elle y possédait une villa isolée que Mac Orlan a habitée plusieurs semaines au cours de l’année 1907. » p. 84 (c’est moi qui souligne). Même si ce passage contient des éléments incertains, d’autres sont apparemment attestés (noms des villes, Nino Frank); est-ce simplement une lacune documentaire? Est-ce Mac Orlan le fabulateur qui l’a inventé de toutes pièces? Fiction apportée par Mac Orlan lui-même : « Pierre Mac Orlan n’hésitait pas à dire qu’il était né à la fois à Péronne en 1882, à Lille en 1885 et à Arras en 1906. » !

Rapports vie-œuvre : Très important puisque Lamy situe Mac Orlan non seulement au sein de l’histoire littéraire, mais aussi au sein d’une certaine clique qui s’est constituée dans les alentours de Montmartre au début du XXe siècle. L’auteur fait mention de nombre d’anecdotes et d’événements qui ont conduit à l’écriture des œuvres majeures de Mac Orlan, comme la rencontre avec des prostituées (La Vénus internationale, Malice), les guerres mondiales (Les poissons morts), des faits divers particulièrement sanglants dont a eu connaissance l’écrivain, sa relation avec son frère Jean (Le Quai des brumes, Bob bataillonnaire). Lamy explique également comment Mac Orlan en est venu à l’écriture de récit érotique (par nécessité alimentaire y dit-on…), à l’écriture de chanson (par goût pour la synthèse et par désir de raconter ses histoires personnelles). Sur la méthode narrative de Mac Orlan, qu’il employait autant dans sa vie que dans ses œuvres : « La conversation de Pierre Mac Orlan portait sur tous les sujets. Il ne s’exprimait jamais qu’avec malice. Il avait le goût d’étonner. Il exagérait les faits pour les embellir. Il mentait vrai. Un peu comme Pagnol. Mais ses récits gardaient toujours un air de mystère, de non-dit. Il ne jouait pas au maître, au causeur de salon, il mettait dans ses propos de la familiarité et il interrogeait ses hôtes comme une sorte de Socrate qui voulait les amener à se dépasser. » p. 235 (c’est moi qui souligne)

Thématisation de l’écriture et de la lecture : Toute réflexion sur l’écriture est un prétexte pour parler de l’œuvre de Mac Orlan : « Le personnage de fiction et le frère disparu appartiennent de la même manière au monde fantomatique de Pierre Mac Orlan qui intervient pour sa part comme une figure romanesque dans le royaume des ombres. Il est véritablement ce héros inventé de toutes pièces : « Un homme, disait-il, a le droit de choisir le nom sous lequel il deviendra un mort. » » p. 32 Rien de bien intéressant de ce côté.

Thématisation de la biographie : RIEN. Mention de Schwob, qui était connu de Mac Orlan : « Si les caprices du hasard ont fait de Pierre Mac Orlan un enfant de Picardie, il se sentira multiple, guidé par l’auteur des Vies imaginaires, Marcel Schwob, « vers les chemins de l’aventure ». » p. 27

Topoï : Bohème, aventure, imagination, fraternité

Hybridation : Quantité impressionnante de documentation rappelle un rapport journalistique ou historique.

Différenciation :

Transposition :

Autres remarques :

LA LECTURE

Pacte de lecture : Pacte de lecture somme toute assez classique : Lamy racontant les faits de la vie de Pierre Mac Orlan tels qu’il a pu les connaître. Le personnage mit en scène en est pourtant un de qui toute parole doit susciter une certaine méfiance, ce dont Lamy nous donne un indice qui peut sembler anodin : « Lorsque Pierre Mac Orlan déclare, la main sur le cœur, qu’il a « fait du porno » pour moins tirer le diable par la queue, ne soyons pas dupe et crédule à ce point. » p. 80 La figure de Mac Orlan présenterait donc un autre exemple de ces « auteurs comme œuvre » (voir Lavialle et Puech, 2000), qui se sont constitués eux-mêmes comme personnage dans leur propre vie. La biographie de Lamy ne rend pourtant pas toute l’importance de cet aspect dans la vie de Mac Orlan.

Attitude de lecture : Biographie intéressante qui permet de découvrir (ou de redécouvrir) ce Mac Orlan oublié, mais qui écrase finalement le lecteur sous une somme de références dont la moitié au moins auraient pu être évacuée sans pour autant qu’on perde le sens du propos de Lamy. Lecture instructive donc, mais assez loin de nos interrogations sur les biographies fictives d’écrivains.

Lecteur/lectrice : Catherine Dalpé