====== Liberté 1980-1986_François Ricard ====== ===== PORTRAIT D’UNE CRITIQUE OU D’UN CRITIQUE ===== ==== A) Informations générales ==== **Textes étudiés :** * « Un cas étrange », Liberté, no 128, mars-avril 1980, p. 15-20 ; * « Le poète et le romancier », « Texte de présentation, Troisième jour, atelier », Actes de la huitième rencontre québécoise internationale des écrivains, Liberté, no 130, juillet 1980, p. 83-89 ; * « L’inventaire : reflet et création », intitulé « Dictionnaires et anthologies », dossier « L’institution littéraire québécoise », Liberté, no 134, janvier-février 1981, p. 91-96 ; * « Jean-Paul Petit, écrivrain québécois : extrait de sexcat et serur, volume VIII », dossier « L’institution littéraire », Liberté, no 134, mars-avril 1981, p. 62-65 ; * s.t., section « Pour non-liseurs », Liberté, no 134, mars-avril 1981, p. 156 ; * « Présentation », dossier « Milan Kundera », Liberté, no 135, mai-juin 1981, p. 5-6 ; * « Choisir le relais français », dossier « la France et nous », Liberté, no 138, novembre-décembre 1981, p. 15-22 ; * s.t., section « Pour non-liseurs », Liberté, no 140, mars-avril 1982, p. 97-98 ; * s.t., section « Pour non-liseurs », Liberté, no 140, mars-avril 1982, p. 102-103 ; * « Petite histoire scandaleuse », section « Pour non-liseurs », Liberté, no 140, mars-avril 1982, p. 104-105 ; * « Michèle Lalonde, Petit testament, Montréal, Les Compagnons du Lion d’or, 1981, 27 pages, illustration d’Anne-Marie Champagne », section « Pour non-liseurs », Liberté, no 140, mars-avril 1982, p. 105-106 ; * S.t, section « Pour non-liseurs », Liberté, no 140, mars-avril 1982, p.107 ; * « Écrire et se taire », Liberté, no 141, mai-juin 1982, p. 107-110 ; * [Présentation], Carol Dunlop, « Travail de nègre », Liberté, no 146, avril 1983, p. 26 ; * « La langue québécoise », section « Pour non-liseurs », Liberté, no 146, avril 1983, p. 115 ; * « Deux ou trois petites choses qui n’ont pas été dites à propos du numéro d’Autrement sur le Québec», section « Pour non-liseurs », Liberté, no 155, octobre 1984, p. 162-163 ; * « Le géographe et le littérateur », intitulé « Essai », section « Chroniques », Liberté, no 157 février 1985, p. 171-176 ; * « Le Langevin d’André Brochu », section « Pour non-liseurs », Liberté, no 159, juin 1985, p. 115-116 ; * « Alphonse Piché », section « Pour non-liseurs », Liberté, no 162, décembre 1985, p. 145. **Nom du critique :** François Ricard **Statut institutionnel du critique :** A un doctorat de l’université d’Aix-en-Provence obtenu en 1971. Devient professeur de littérature à l’Université McGill en 1985. **Genre des textes** : Essai ; récit ; texte d’opinion **Place des textes dans l’économie globale de la revue :** Variable, voir plus haut. **Événements littéraires québécois mentionnés :** Se moque d’un bulletin de l’UNEQ (janvier 1980) qui sous-entend qu’il n’y a pas d’intérêt pour les auteurs à être publiés sans en retirer un gain monétaire. ==== B) Informations métacritiques ==== **Posture générale du critique (ton, point de vue, etc.) :** Lecteur expérimenté, désillusionné, lucide ; commentateur réaliste de l’actualité politique et littéraire. **Réflexions générales sur la littérature québécoise contemporaine :** La réflexion de Kundera sur la littérature tchèque s’applique aux autres petites littératures, comme la littérature québécoise. François Ricard croit que la littérature québécoise doit tendre à ce que Milan Kundera appelle une généralité (universalité). En ce sens, Ricard privilégie d’emprunter le relais français et européen, moins uniformisant que le relais américain. Le critique commente la parution de //Voix et Images// sur Adrien Thério (automne 1981), où Thério se dit injustement traité par la critique. François Ricard se moque de deux études publiées dans le même numéro, évoquant le ridicule de la recherche subventionnée (et du savoir qu’elle produit) ainsi que du milieu universitaire. François Ricard remet en question l’affirmation consensuelle selon laquelle le roman serait plus reconnu que la poésie, favorisée par la critique du Devoir mais peu présente dans les librairies. D’ailleurs, les romanciers les plus célébrés seraient associés à la poésie. Ricard y voit la continuité du soupçon envers le roman entretenue par Valéry et les écrivains du début du siècle. Parmi la quantité d’anthologies et de dictionnaires littéraires, il distingue ceux qui sont le reflet d’une abondante littérature et ceux qui cherchent à construire, à légitimer une littérature. François Ricard s’en prend à l’idée, qu’il juge omniprésente dans les médias et la critique du Québec et d’ailleurs, que l’auteur est nécessairement un être tourmenté, tenaillé par le besoin d’écrire. Il critique ce romantisme un peu naïf autour du mythe de la création. Le critique considère que le débat sur la langue mène à des conversations sans intérêt et à des dérives (Léandre Bergeron, La langue québécoise). **Élection de certaines œuvres ou certains écrivains :** Hubert Aquin; Alphonse Piché, Dernier profil ; Danielle Trudeau, Léandre et son péché ; Carol Dunlop. **Valorisation de lieux éditoriaux :** Ricard valorise l’édition artisanale et sur souscription du texte de Michèle Lalonde, jugeant que ce système permet aux auteurs de travailler librement. **Valorisation d’événements littéraires :** Non. **Valorisation d’esthétique(s) particulière(s) :** François Ricard est rétif aux tendances critiques contemporaines jugées inutilement théoriques et rigides. Il termine la critique d’un essai de Suzanne Robert en soulignant la distinction impossible entre critique et création : c’est donc que la critique est clairement distincte des sciences humaines. Ricard reconnaît une valeur à la critique savante telle que pratiquée par Brochu (no 159), tout en insistant sur la futilité et le peu d’intérêt que revêt habituellement cette pratique. Il critique l’ouvrage de Luc Bureau, Entre l’Eden et l’Utopie : les fondements imaginaires de l’espace québécois, auquel il reproche de faire de l’essayisme (selon le mot de Bourdieu), de faire du style au détriment de l’explication, des idées et du contenu. Il questionne le travail de critique littéraire biographe de VLB. François Ricard reprend à son compte les critiques de Jean Royer (dans Autrement) sur la littérature québécoise, qui serait mise en péril par une modernité qui, autrefois d’avant-garde, s’est institutionnalisée pour devenir un impératif. La « nouvelle écriture » d’aujourd’hui serait faite de la « triade texte-corps-ville ». **Autres valeurs ou enjeux défendus :** Ricard ridiculise la pureté politique incarnée par Vallières, qu’il considère être une manifestation de ce qu’Aquin appelait l’art de la défaite. Autres remarques : Aucunes. Lecteur/lectrice : Rosalie Dion-Picard