Table des matières

Liberté 1980-1986_F13_René Lapierre

PORTRAIT D’UNE CRITIQUE OU D’UN CRITIQUE

A) Informations générales

Textes étudiés :

Nom du critique : René Lapierre

Statut institutionnel du critique : Professeur de littérature à l’UQAM à partir de 1981.

Forme de la chronique (consacrée à quel genre? Fait-elle quelques lignes ou quelques pages ? Y’a-t-il plusieurs livres dans la même chroniques? Etc.) : Les chroniques « Littérature acadienne » et « Littérature québécoise » traitent d’actualité littéraire et le plus souvent d’un seul livre ou auteur.

Genre du texte : Critique et commentaire sur l’actualité littéraire.

Place du texte dans l’économie globale de la revue : Variable, voir plus haut.

Événements littéraires québécois mentionnés : Préparation de l’édition critique des œuvres d’Hubert Aquin. Constate l’impact des coupures occasionnées par la crise de 1982 dans l’édition.

B) Informations métacritiques

Posture générale du critique (ton, point de vue, etc.) : Lapierre se pose comme une autorité en matière de littérature occidentale et cherche à inscrire ses constats sur la littérature actuelle dans l’histoire littéraire, de l’Antiquité à aujourd’hui, et dans l’histoire des idées. Il adopte une posture d’érudit et un ton définitif, spécialement dans les domaines de l’histoire littéraire et du jugement qualitatif de la littérature.

Réflexions générales sur la littérature québécoise contemporaine : Le critique relève la tendance du retour aux sources (cite Forsythe, Jordache, Racines). Lapierre considère Pélagie-la-charrette comme une œuvre « peu écrite », qui compte sur l’appel à l’histoire et à la tradition pour s’élever à un sens plus profond, « mythique », et échoue. Il critique la « retenue » et la « plate prudence » qui régit la littérature québécoise contemporaine. Le Canard de bois de Louis Caron serait, comme Pélagie-la-charrette, un pur produit de l’institution, dont le succès découle de la réception française (critique enthousiaste et Goncourt pour Pélagie-la-charrette). Le roman de Caron serait particulièrement représentatif d’un courant nostalgique dans la fiction historique au Québec, misant sur l’attrait du vieillot et les clichés touristiques.

Le critique relève l’influence de Ducharme.

À l’occasion du bilan de l’année littéraire 1982, Lapierre observe une tendance à la publication effrénée de certains auteurs, particulièrement de suites. Le roman (sauf le roman féministe, qui se méfie de la forme romanesque, considérée patriarcale) serait en voie d’assimiler la leçon de modernité des années 1970, après le retrait de la question nationale et des problématiques identificatoires. La narration est plus posée, plus sobre, le roman se pense différemment.

Élection de certaines œuvres ou certains écrivains : Hubert Aquin, Roland Giguère, Gérard Bessette, Le Semestre ; Yolande Villemaire, La vie en prose ; Suzanne Robert, Les trois sœurs de personne ; Aline Beaudin Beaupré, L’Aventure de Blanche Morti ; Jack Kerouac ; Gilles Archambault, Le Voyageur distrait ; Pierre Turgeon, La première personne ; Alise Parizeau, La Charge des sangliers ; Chrystine Brouillet, Chère voisine ; Madeleine Monette, Petites violences ; Gaëtan Brulotte, Le Surveillant ; André Carpentier, Du pain et des oiseaux ; Fuites et poursuites, collectif.

Valorisation de lieux éditoriaux : Non.

Valorisation d’événements littéraires : Juge les prix littéraires québécois inutiles et trop nombreux pour signifier quoi que ce soit.

Valorisation d’esthétique(s) particulière(s) : Le critique valorise Le Semestre, où il relève un discours sur le roman à travers la fiction. Il apprécie la liberté d’écriture et de style de La vie en prose, qui emprunte à un univers référentiel large et hétéroclite et entremêle deux histoires. Le critique reconnaît une certaine valeur stylistique au roman policier de Pierre Turgeon. Lapierre reproche à Visions d’Anna (Marie-Claire Blais) et à Les Fous de Bassan (Anne Hébert) un lyrisme exagéré, bien qu’il reconnaisse comme à regret leur importance.

Autres valeurs ou enjeux défendus : Aucuns.

Autres remarques : Aucunes.

Lecteur/lectrice : Rosalie Dion-Picard