Auteur : Jean Clair
Titre : Lait noir de l’aube
Lieu : Paris
Édition : Gallimard
Collection : « L’un et l’autre »
Année : 2007
Pages : 205
Cote : 848.92 C585L 2007 (BAnQ)
Désignation générique : Aucune
Préface : Aucune.
Rabats : Deux rabats : extrait du livre et programme de la collection.
Image de la couverture : Illustration de couverture d’après Accidia, bois gravé pour un almanach, Franconie, v. 1490 (Kunstmuseum, Bâle).
Autres (note, épigraphe, etc.) : Épigraphe de Paul Celan : « Schwarze Milch der Frühe… », phrase dont la traduction est le titre de l’œuvre.
Pays d’origine : France
Profession : Historien de l’art et directeur de musée.
Bibliographie : Voir fiche Journal atrabilaire.
Autres informations :
Identification du biographé : Comme Journal atrabilaire, ce texte n’a rien de biographique. Il s’agit de réflexions personnelles sur l’art et sur la société contemporaine.
Brève biographie du biographé : Ne s’applique pas.
Époque du biographé : L’époque actuelle, que l’auteur met généralement en relation avec un passé que l’auteur se plaît à exalter.
Pays d’origine : France.
Autres informations :
Auteur/narrateur : Le narrateur correspond à l’auteur. De nombreux indices autobiographiques confirment cette identification qu’on peut déjà présupposer grâce à l’usage de la forme du journal.
Narrateur/personnage : Le narrateur se met peu en scène lui-même à travers ses réflexions, puisqu’il tente surtout de jeter un regard extérieur sur le monde. Les passages où il se met le plus en scène sont ceux où il raconte des rêves.
Biographe/biographé : L’auteur fait preuve de mélancolie par rapport à la société actuelle, dont il regrette la décadence, et évoque avec affection les temps passés (aussi bien le Moyen Âge que le temps de son enfance).
Autres relations :
Synopsis : Le texte est construit presque identiquement à Journal atrabilaire, à ceci près que Lait noir de l’aube s’étend sur cinq saisons au lieu de quatre : de l’automne 2005 à l’automne 2006. Comme dans le premier livre, le texte est segmenté par des intertitres.
Les thèmes abordés sont du même registre que ceux évoqués dans Journal atrabilaire. Une question cependant qui n’était qu’effleurée dans le premier livre est ici développée plus abondamment : il s’agit de celle du langage. L’auteur se plaint en effet des transformations que le langage subit dans le monde contemporain : l’ajout ou la suppression de mots dans le vocabulaire courant, les glissements de sens, le mauvais usage de la grammaire (l’auteur effectue, à deux reprises, un rapprochement entre le respect de la grammaire et la croyance en Dieu). La principale différence entre les deux ouvrages est que l’auteur s’y montre moins atrabilaire et un peu plus paisible dans sa dénonciation mélancolique de la société contemporaine.
Ancrage référentiel : Important, l’auteur prenant soin de situer précisément les éléments dont il traite. Toutefois, lorsqu’il évoque ses amis, il ne les désigne que par leur initiale.
Indices de fiction : Il n’y en a pas réellement, puisque le texte est davantage méditatif que narratif. Seuls les récits de rêves semblent contenir potentiellement des traces de fiction.
Indices autobiographiques : Il y en a quelques uns, l’auteur évoquant parfois sa jeunesse, ou encore sa famille. En général, bien que le texte soit un journal, l’auteur s’implique relativement peu de manière personnelle.
Rapports vie-œuvre (l’œuvre pose-t-elle un questionnement intéressant par rapport à cette question ?) : Non.
Thématisation de l’œuvre du biographé : Ne s’applique pas.
Thématisation de l’œuvre elle-même (métadiscours à l’intérieur de l’œuvre): Un passage traite de la question du journal : « Pourquoi un journal ? On pourrait justifier le choix par de savantes analyses. Plaisir de l’écriture fragmentaire, légèreté de l’éclat de voix, insoucieux de la nécessité de tout considérer avant de juger, débarrassé du poids de l’Histoire, liberté de dire ce que l’on veut sans avoir à se justifier devant les censeurs du temps, jouissance à mêler, sans ordre autre que celui de leur apparition dans l’esprit, le grave et le léger, l’annotation et le savant essai, la touche et la fresque, l’esquisse et l’achevé, la maxime et l’impromptu… « En fait, la vraie raison est qu’un journal autorise une absolue simplicité de l’écriture, qui lève les inhibitions et les procrastinations. Il suffit d’écrire, simplement comme on parle, ou presque. Pas de mots savants, pas de tournure trop complexe, pas de nécessité de mener jusqu’à terme une dissertation organisée en trois parties, pas de volonté brisante de vouloir tout dire. « Passé les premières lignes cependant, le démon de la correction et l’ambition de la totalité reviennent peser sur vos épaules… » (2007 : 91)
Rapport entre le texte et le programme de la collection : Comme le montre le passage cité ci-haut, l’auteur semble surtout considérer, à travers le programme de la collection, la liberté formelle permise par celle-ci, ainsi que la subjectivité qu’elle favorise. Toutefois, le texte ne me semble pas vraiment à sa place dans la collection « L’un et l’autre ».
Topoï : Art, dégénérescence, langage, société contemporaine.
Hybridation : Journal, essai.
Autres remarques :
Pacte de lecture : L’ouvrage se lit peut-être davantage comme des carnets que comme un journal, puisque les entrées ne sont situées temporellement que par la saison où elles ont été rédigées. Ainsi, le texte est segmenté non pas par des dates, mais par des intertitres.
Remarques générales sur la collection : Les trois livres de Jean Clair me semblent dénoter une volonté de renouveler la formule de la collection « L’un et l’autre ». Cependant, ce texte n’y semble pas véritablement à sa place puisqu’il n’y a pas d’« autre » avec lequel l’auteur entretiendrait un lien privilégié. De plus, le texte se démarque fortement des autres ouvrages de la collection par son caractère polémique.
Lecteur/lectrice : Mariane Dalpé