L’Infini, « Où en est la littérature ? » (dir. Alain Nadaud), n° 19, 1987. Nadaud, A. « Pour un nouvel imaginaire ». Les écrivains de 1975-1987 ont été marqués, adolescents, par mai 68. Par rapport à la recherche formelle/linguistique : « Il n’en reste pas moins que c’est à partir de l’approndissement presque forcé de ces pratiques d’écriture, même en ce qu’elles ont parfois d’autarcique, qu’aujourd’hui, à l’issue de cette expérience singulière et à la faveur du relâchement des doctrines et des idéologies, un nouvel imaginaire serait en passe de voir le jour. » (p. 4) « la tentation aujourd’hui consisterait à tout vouloir balayer d’un trait, à ne plus voir dans ces travaux qu’errement ou déviances terroristes. Sous le terme de “glaciation” par lequel on tend à définir cette période, on cherche en cette instant à légitimer tout un climat réactionnaire qui aurait pour but de nous vanter, sous couvert de lisibilité, les vertus du bon vieux roman d’analyse psychologique. » (p. 6) On voit chez certains auteurs la réapparition du roman d’aventures, formellement clos et pourtant subverti de l’intérieur, ce qui donne l’impression à la fois d’irréalité et de transparence (Echenoz, Rio, Noguez, Rivière). Chez d’autres, l’acte même d’écrire est intérrogé (Bénabou, Wajcman, Rio). « La pauvreté relative de l’imaginaire dans la littérature d’aujourd’hui serait due à ce que que cinéma et télévision, par l’extension de leur pouvoir au moment même où le roman subissait les assauts de la théorie, ont pour un temps absorbé – ou paralysé – une bonne part des facultés inventives et de la puissance d’évocation du romancier. » (p. 11) Dans le dossier : textes de Michon, Rolin, Domecq, Savitzkaya, Bénabou, Millet, Wajcman, Redonnet, Noguez, Rolin entretiens avec : Rio, Bon, Macé