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Kaempfer, Jean et. al. (dir.), Formes de l’engagement littéraire (XVIe-XXIe siècle), Lausanne, Antipodes, 2006.

Viart, D. « “Fictions critiques” : La littérature contemporaine et la question du politique », p. 185-204.

Kaplan, Bon, J Rolin, O Rolin, Le Dantec, Salvaing, Delerm , Barbéris, Toussaint, Deville, Oster, Echenoz, Rouaud, Ernaux, Millet, Bergounioux, Carrère, Weitzman, Cendrey, Michon, Daeninckx, Japrisot, Nadaud, Salvayre, Volodine, Houellebecq, Nadeau, Sallenave, Quignard,

Au début des années 80, quatre phénomènes déterminent un renouvellement de la fiction :

1) Un retour à la littérature transitive après deux décennies de recherches formelles et de solipsisme littéraire. Mais ce n’est pas pour retourner au réalisme : le réel n’est pas décrit par un narrateur omniscient, mais plutôt advient par des consciences immergés. Il ne s’agit plus du réel vu mais plutôt du réel vécu. 2) La fin du régime des « activités séparées ». Ici ce qu’il veut dire n’est pas trop clair. 3) Une sévère critique de l’idéologie, entre amertume et désillusion. 4) Une réorientation du regard critique. On vit encore dans la suspicion à l’égard de toutes les « téléologies » et dans la perte de l’idée d’avenir.

Ce que la critique a appelé postmodernité combine « le retour et la déshistoricisation des récits, la déhiérarchisation des valeurs, le repli sur la shère individuelle et favorise l’émergence de textes consacrés au présent immédiat, aux “petits bonheurs” familiaux ou individuels comme Philippe Delerm ou Dominique Barbéris. La même distance ironique s’observe chez les écrivains que leur éditeur qualifie d’impassibles : Jean-Philippe Toussaint, Patrick Deville, Christian Oster, voire Jean Echenoz… » (p. 189-190.) Dans un mouvement inverse, plusieurs écrivains (Rouaud, Ernaux, Millet, Bergounioux) tentent une réhistoricisation. Ils essayent de « restituer ce passé que nous semblons si mal connaître et non moins mal “digérer”. » (p. 190)

Dans la fiction critique, le discours met en crise la pensée. Le terme fiction ne s’éprouve pas selon sa définition canonique de « production de l’imaginaire », mais comme interrogation des représentations qui traversent le sujet ou le corps social. « Aussi, faute de pouvoir s’établir selon le modèle traditionnel de son épanouissement narratif, la fiction critique s’interroge-t-elle sur sa manière d’être et sur la forme qu’elle adopte. » (p. 196)

Modalités, spécificités : Le système argumentatif ne vise pas à convaincre : « le savoir se construit dans le cours même de l’écriture et n’est pas installé en amont. » (p. 197) Une partie du questionnement est portée sur le sujet de l’énonciation même. Aussi la position du sujet écrivain a-t-elle changé : au lieu de proposition, réception. Au lieu d’être « engagé », l’auteur est « impliqué ».

L’apparition d’un modèle narratif nouveau, archéologique, qui « désenfouit des vérités inconnues, oubliées ou dissimulées » (p. 199).

Attention à la matérialité des objets qui témoignent de l’histoire (archives, photographies, etc.)

« La fiction contemporaine est le creuset où peuvent se penser en liaison des disciplines souvent devenues trop spécialisées pour se rencontrer aisément, … » (p. 204)

Pitteloud, I. « Fait divers et engagement : quelques remarques sur l’Affaire Romand », p. 205-218.

Carrère, Cantet.

Le discours romanesque sur le fait divers est engagé par rapport au discours journalistique qui ne peut l’être.

Atallah, M. « La science-fiction : face-à-face en conscience », p. 219-235.

La littérature de science-fiction, « trop souvent considérée comme étant issue des “étages inférieurs”, s’est donné pour tâche d’interroger autant les conséquences destructrices matérielles et spirituelles des technosciences que la relation entre l’homme et le monde dans lequel nous évoluons. De ce fait, nous la considérons comme la seule littérature s’engageant face au monde technoscientifique actuel. » (p. 222)

Forme : une instance subjective interroge les conséquences des technosciences dans un monde possible, pour mettre en doute la positivité absolue de la technoscience.

« La science-fiction pourrait donc être considérée comme une nouvelle forme d’humanisme se déployant en deux moments différents : un humanisme se pensant d’abord comme un humanisme à l’échelle singulière, résultat de l’engagement vis-à-vis de soi-même. S’engager pour que je n’atteigne jamais le moment historique où ma réflexion et mon interrogation deviendraient impossibles. Puis un humanisme général, résultat de l’engagement vis-à-vis du monde social et humain : je m’engage pour que mes congénères ne puissent jamais atteindre le moment historique où leur réflexion et leur interrogation deviendraient impossibles. » (p. 234)

Florey, S. « Écrire par temps néolibéral », p. 236-250.

« entre l’éclatement des valeurs et la crise des métarécits collectifs, il nous semble qu’une dimension de notre société actuelle a été singulièrement sous-estimée dans les discours concernant les temps postmodernes : l’importance croissante de l’économie das la structuration du monde, sa tendance à devenir l’unique référence à laquelle les autres valeurs sont assujetties. » (p. 237) Au milieu des années 80, le néolibéralisme – théorie défendant avec conviction l’idée de progrès pour tout, même inégalitaire, d’une maximisation du profit – a connu une expansion internationale. Certains écrivains (François Bon, Didier Daeninckx,) parviennent à mettre en scène et à interroger le néolibéralisme par le truchement de la littérature. « Pouvons-nous imaginer ancrer une forme de littérature engagée dans le contexte néolibéral actuel ? Ou encore : est-il pertinent de faire dialoguer le monde littéraire et le monde économique ? » (p. 238) « La littérature ne détient certes pas la clé d’une redéfinition du néolibéralisme. Mais par le biais de la fiction et du regard neuf que cette dernière pose sur la réalité, elle peut constituer une étape vers conception éthique et citoyenne de l’économie. » (p. 250)

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