Fiche de lecture

1. Degré d’intérêt général

Lecture agréable; malgré une certaine impression de déjà-vu (c'est un roman choral en trois volets), l'intrigue est bien ficelée, les trois types de narration (un journal intime, une entrevue et un récit à la troisième personne) sont bien menés et donnent du rythme à l'ensemble. Les pièces du casse-tête s'imbriquent bien, mais il faut, à notre plus grand plaisir, travailler un peu pour les assembler.

Malgré le caractère peu spectaculaire de la narration, il est assez pertinent pour le projet diffraction car on assiste à une réelle diffraction du sujet, Hunter.

2. Informations paratextuelles

2.1 Auteur : Judy Quinn

2.2 Titre : Hunter s'est laissé couler

2.3 Lieu d’édition : Montréal

2.4 Édition : L'Hexagone

2.5 Collection : Fictions

2.6 (Année [copyright]) : (2012)

2.7 Nombre de pages : 174

2.8 Varia : C'est le premier roman de l'auteure. Il a remporté le prix Robert-Cliche en 2012.

Aucune mention générique (outre le prix Robert-Cliche pour un premier roman…)

3. Résumé du roman

Hunter est un homme dont on ne connaît que le nom. Les récits de trois hommes marquent des points de sa vie qui permettent - à peine - d'en dresser le portrait.

D'abord, un jeune aviateur, embarqué clandestinement à Belfast sur un navire en direction du Canada, tient un journal dans lequel il raconte la dure traversée. Caché dans un conduit de ventilation, blessé, malade, déprimé, il écrit sur la guerre et sur ses complices - qui prennent plutôt la forme de geôliers - parmi lesquels on devine Hunter… Le second récit est une entrevue de l'autre geôlier, le coéquipier de Hunter, par la petite-fille de ce dernier. Le vieux marin raconte leur jeunesse passée sur les navires de guerre, les tribulations de leurs vies amoureuses, les déboires de Hunter avec la belle Nanette et l'attaque dans laquelle l'aviateur qu'ils avaient rescapé, coincé dans un tuyau, est mort. Resté ami avec Hunter plusieurs années après la guerre, il raconte aussi comment, après avoir chaviré dans une barque sur le fleuve Saint-Laurent, Hunter s'était couler, les jambes paralysées par le froid, et comment il l'avait sauvé. Le dernier récit est celui de Léopold, le frère Nanette, qui était dans l'aviation. Il avait offert, avant qu'ils ne repartent au front, une clé à son amant (c'est cet indice qui permet de lier le premier récit avec le dernier). Léopold écrit mentalement une lettre à Hunter, lui raconte sa vie… Lors d'une mission de nuit, l'avion de Léopold est touché et, blessé, il atterrit en territoire ennemi. Un allemand le trouve, le sauve presque, puis l'abandonne dans les bois, ce qui explique en partie, au lecteur du moins, le mystère de sa disparition qui hantera sa soeur Nanette.

4. Singularité formelle

Le roman est divisé en trois parties, plus un prologue et un épilogue. Le livre contient une table des matières.

5. Caractéristiques du récit et de la narration

L'une des choses les plus intéressantes dans cet ouvrage, c'est la façon détournée dont le sujet, Hunter - un Irlandais présenté comme un homme très peu aimable - est abordé. Alors que l'on s'attend à ce qu'il soit au coeur des récits réunis dans le livre, il est en fait représenté de façon « périphérique », comme personnage secondaire dans la vie de trois soldats dont il a croisé la route. Ces trois hommes ont Hunter en commun, mais ce dernier ne joue qu'un rôle assez mineur dans leurs histoires respectives. Le premier récit est le journal d'un aviateur anglophone caché dans un navire irlandais par Chou frisé et, malgré lui, par Hunter (que l'aviateur appelle le « tranché mince » )qui est son coéquipier. Le second récit est celui de Chou frisé, qui parle plus directement de Hunter, dont il est resté un grand ami après la guerre, mais qu'il dépeint comme un homme sec, parfois violent, pas toujours très noble… Le dernier récit est celui de Léopold, qui, s'il avait survécu à la guerre, aurait été le beau-frère de Hunter. Ce récit boucle le livre, car on réalise que l'aviateur du premier chapitre était l'amant de Léopold, et que Chou frisé le connaissait aussi car ils étaient tous les deux québécois.

Le tout est encadré par l'histoire de la petite-fille de Hunter qui, à la suite des recherches entreprises par sa grand-mère Nanette sur la mort mystérieuse de son frère Léopold, semble s'intéresser à l'énigme qu'est son grand-père; l'intérêt pour le personnage de Hunter est ainsi un effet de l'intérêt, plus grand, porté à Léopold, d'où l'impression de détournement du livre qui, par son titre, semble voué à dresser le portrait de Hunter.

6. Narrativité (Typologie de Ryan)

6.5- Tramée : tous les récits sont liés et se déroulent, du moins en partie, durant la même période.

7. Rapport avec la fiction

Rien à signaler.

8. Intertextualité

Rien à signaler.

9. Élément marquant à retenir

La dissolution du sujet, Hunter, abordé de façon périphérique bien qu'il soit présenté comme un élément central du livre.