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fq-equipe:jean-benoit_puech_-_l_auteur_comme_oeuvre

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-**FICHE THÉORIQUE PROBLÉMATIQUE VIE/ŒUVRE**+====== Notion : L’auteur comme oeuvre ======
  
-**Notion : L’auteur comme oeuvre** +===== I- INFORMATIONS PARATEXTUELLES =====
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-**I- INFORMATIONS PARATEXTUELLES**+
  
 Auteurs : Collectif sous la direction de Nathalie Lavialle et Jean-Benoît Puech  Auteurs : Collectif sous la direction de Nathalie Lavialle et Jean-Benoît Puech 
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 Titre : L’auteur comme œuvre : L’auteur, ses masques, son personnage, sa légende Titre : L’auteur comme œuvre : L’auteur, ses masques, son personnage, sa légende
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 Lieu : Orléans Lieu : Orléans
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 Édition : Presses Universitaires d’Orléans Édition : Presses Universitaires d’Orléans
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 Année : 2000 Année : 2000
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 Pages : 122 Pages : 122
  
  
-**II- CONTENU :**+===== II- CONTENU : ===== 
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 +==== L’auteur comme œuvre… ====
  
-**L’auteur comme œuvre…**+== A) Présentation de J-B Puech ==
  
-**A) Présentation de J-B Puech :** 
  
 L’auteur comme œuvre n’est plus seulement le sujet de son œuvre, non plus (seulement) l’auteur de Freud et de la psychanalyse, pas plus que (seulement) celui de Sainte-Beuve et de Lanson, « avec ses secrets et des intentions » (2000 : 10), « [i]l est aussi, et surtout, l’objet d’autres discours et d’autres activités, souvent non discursives, que l’on peut intituler biographiques. Ces activités ne concernent pas la personne et sa vie réelle, mais le personnage et sa vie représentée » (2000 : 10).  L’auteur comme œuvre n’est plus seulement le sujet de son œuvre, non plus (seulement) l’auteur de Freud et de la psychanalyse, pas plus que (seulement) celui de Sainte-Beuve et de Lanson, « avec ses secrets et des intentions » (2000 : 10), « [i]l est aussi, et surtout, l’objet d’autres discours et d’autres activités, souvent non discursives, que l’on peut intituler biographiques. Ces activités ne concernent pas la personne et sa vie réelle, mais le personnage et sa vie représentée » (2000 : 10). 
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 L’être de l’auteur, ainsi, se déplace du réel et se retrouve (se survit, sans doute) dans son //enregistrement//. « Sa vie est devenue l’un des tomes de ses œuvres complètes, ou mieux encore : l’une des versions de son œuvre. » (Ibid.)  L’être de l’auteur, ainsi, se déplace du réel et se retrouve (se survit, sans doute) dans son //enregistrement//. « Sa vie est devenue l’un des tomes de ses œuvres complètes, ou mieux encore : l’une des versions de son œuvre. » (Ibid.) 
  
-**B-C) Jean Lecointe, « Le pèlerinage au sources de la Fontaine de Vaucluse à la Fontaine Bellerie : Structuration de l’espace biographique de la Renaissance », p. 13-22 ; Nathalie Dauvois-Lavialle, « Ronsard, ses épigones et ses miroirs », p. 23-31:**+== B-C) Jean Lecointe, « Le pèlerinage au sources de la Fontaine de Vaucluse à la Fontaine Bellerie : Structuration de l’espace biographique de la Renaissance », p. 13-22 ; Nathalie Dauvois-Lavialle, « Ronsard, ses épigones et ses miroirs », p. 23-31: == 
  
 Chacun, dans son article, s’attarde à un problème amplement étudié par ailleurs et qu’on a nommé la fiction d’auteur. Leurs textes coïncident parfaitement avec cette notion puisque, à l’instar de Dubel et Rabau (//Fiction d’auteur//…2001), leur horizon historique est la Renaissance. Je ne développerai donc pas ici, mais donnerai quelques exemples de la similitude de leur discours avec celui de Dubel et Rabau : Chacun, dans son article, s’attarde à un problème amplement étudié par ailleurs et qu’on a nommé la fiction d’auteur. Leurs textes coïncident parfaitement avec cette notion puisque, à l’instar de Dubel et Rabau (//Fiction d’auteur//…2001), leur horizon historique est la Renaissance. Je ne développerai donc pas ici, mais donnerai quelques exemples de la similitude de leur discours avec celui de Dubel et Rabau :
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 L’auteur comme œuvre, donc, à la merci d’autres auteurs qui fabriquent la vie à partir de l’œuvre. Il est d’ailleurs assez symptomatique que Binet, d’abord poète héritier littéraire de Ronsard, cesse de composer des poèmes à la mort de son maître pour se consacrer entièrement, parallèlement à l’édition de l’//Œuvre//, à écrire la vie du maître… Voir : (2000 : 31) L’auteur comme œuvre, donc, à la merci d’autres auteurs qui fabriquent la vie à partir de l’œuvre. Il est d’ailleurs assez symptomatique que Binet, d’abord poète héritier littéraire de Ronsard, cesse de composer des poèmes à la mort de son maître pour se consacrer entièrement, parallèlement à l’édition de l’//Œuvre//, à écrire la vie du maître… Voir : (2000 : 31)
  
 +== D) Jean Naudin « À L’ombre des peupliers, le tombeau de Jean-Jacques ou la naissance d’un mythe », p. 33-38 ==
  
-**D) Jean Naudin « À L’ombre des peupliers, le tombeau de Jean-Jacques ou la naissance d’un mythe », p. 33-38 :** 
  
 L’auteur aborde deux plans de la notion de l’auteur comme œuvre : L’auteur aborde deux plans de la notion de l’auteur comme œuvre :
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 Cette image posthume d’un J.-J. verdoyant, parfumé et lumineux décadre avec l’image du J.-J. violent, obsessif, méchant, barbare, gêneur et colérique (36 : 2000) et bien vivant. Naudin assure que c’est Rousseau qui se serait fait l’artisan de son propre mythe : « qui, mieux que Rousseau lui-même, pouvait, en effet, s’ériger en maître d’œuvre de sa propre transfiguration et, toute violence abolie grâce au philtre des mots, s’enfanter lui-même à son gré, façonner, à l’intention de ses futurs lecteurs, la figure idéalisée d’un Rousseau exemplaire ? » (37 : 2000) Cette image posthume d’un J.-J. verdoyant, parfumé et lumineux décadre avec l’image du J.-J. violent, obsessif, méchant, barbare, gêneur et colérique (36 : 2000) et bien vivant. Naudin assure que c’est Rousseau qui se serait fait l’artisan de son propre mythe : « qui, mieux que Rousseau lui-même, pouvait, en effet, s’ériger en maître d’œuvre de sa propre transfiguration et, toute violence abolie grâce au philtre des mots, s’enfanter lui-même à son gré, façonner, à l’intention de ses futurs lecteurs, la figure idéalisée d’un Rousseau exemplaire ? » (37 : 2000)
  
-**E) Geneviève Haroche-Bouzinac, « Du moi chétif à la statue : "Il faudrait que j’eusse un visage" : Voltaire et ses images dans la correspondance », p. 39-47 :**+== E) Geneviève Haroche-Bouzinac, « Du moi chétif à la statue : "Il faudrait que j’eusse un visage" : Voltaire et ses images dans la correspondance », p. 39-47 ==
  
 Haroche-Bouzinac, à partir de son analyse d’un Voltaire comme œuvre, suggère trois plans ou strates pour l’auteur comme œuvre, principalement dans la correspondance : Haroche-Bouzinac, à partir de son analyse d’un Voltaire comme œuvre, suggère trois plans ou strates pour l’auteur comme œuvre, principalement dans la correspondance :
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-**F) Jean-Claude Bonnet, « Vies brèves de Diderot », p. 49-54:**+== F) Jean-Claude Bonnet, « Vies brèves de Diderot », p. 49-54 ==
  
 Dans cet article, Bonnet s’intéresse à la difficulté de saisir l’image d’un auteur qui est par nature fuyant, c’est-à-dire qui préfère la page à l’œuvre, qui n’a pas d’œuvre. Dans cet article, Bonnet s’intéresse à la difficulté de saisir l’image d’un auteur qui est par nature fuyant, c’est-à-dire qui préfère la page à l’œuvre, qui n’a pas d’œuvre.
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 « Les différentes figures de l’auteur que Diderot imagine et dont il aime disposer comme autant de rôles et de //défroques poétiques//, ne tendent jamais à accréditer une quelconque coïncidence biographique, mais sont ancrées dans la singularité de l’œuvre et à l’évidence programmées à partir des positions esthétiques. » (52-53 : 2000, je souligne.)  « Les différentes figures de l’auteur que Diderot imagine et dont il aime disposer comme autant de rôles et de //défroques poétiques//, ne tendent jamais à accréditer une quelconque coïncidence biographique, mais sont ancrées dans la singularité de l’œuvre et à l’évidence programmées à partir des positions esthétiques. » (52-53 : 2000, je souligne.) 
  
-**G) José-Luis Diaz − « Le poète comme roman », p. 55-68:**+== G) José-Luis Diaz − « Le poète comme roman », p. 55-68 ==
  
 À l’époque romantique, « cette humanisation de l’écrivain va faire de lui une sorte de personnage de roman ». (57 : 2000) À l’époque romantique, « cette humanisation de l’écrivain va faire de lui une sorte de personnage de roman ». (57 : 2000)
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-**H) Jean Nivet, « Pèlerinages littéraires, promenades esthétiques », p. 69-88:**+== H) Jean Nivet, « Pèlerinages littéraires, promenades esthétiques », p. 69-88 ==
  
 Nivet parle de « ceux qui [écrivains et lecteurs pèlerins] − en lisant les textes dans les lieux mêmes qui les ont inspirés − tente de faire renaître les impressions que ces textes relatent et cherche à entrer plus intimement en sympathie avec l’auteur » (78 : 2000). Nivet parle de « ceux qui [écrivains et lecteurs pèlerins] − en lisant les textes dans les lieux mêmes qui les ont inspirés − tente de faire renaître les impressions que ces textes relatent et cherche à entrer plus intimement en sympathie avec l’auteur » (78 : 2000).
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-**I) Françoise Simonet-Tenant, « Valéry secret : Étude inaccomplie d’une diariste, spectatrice du jeu des figures valéryen », p. 89-98:**+==I) Françoise Simonet-Tenant, « Valéry secret : Étude inaccomplie d’une diariste, spectatrice du jeu des figures valéryen », p. 89-98 ==
  
 De l’article, on peut retenir : De l’article, on peut retenir :
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-**J) Philippe Roussain, « Céline et la dénégation du statut d’homme de lettres », p. 99-107:**+== J) Philippe Roussain, « Céline et la dénégation du statut d’homme de lettres », p. 99-107 ==
  
 « Philippe Roussain évoque un Céline […] s’inscrivant dans un mouvement de déprofessionnalisation de l’art en général et de l’écriture en particulier par les avant-gardes, le constructivisme, le surréalisme. » (« Présentation » de Puech, 2000 : 12) « Philippe Roussain évoque un Céline […] s’inscrivant dans un mouvement de déprofessionnalisation de l’art en général et de l’écriture en particulier par les avant-gardes, le constructivisme, le surréalisme. » (« Présentation » de Puech, 2000 : 12)
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 « C’est encore une façon de faire naître la littérature en dehors de la littérature » (106 : 2000). « C’est encore une façon de faire naître la littérature en dehors de la littérature » (106 : 2000).
  
-**K) Eric Marty, « Sur l’autobiographie de Louis Althusser », p. 109-123:**+== K) Eric Marty, « Sur l’autobiographie de Louis Althusser », p. 109-123 ==
  
 Du dernier article de //L’auteur comme œuvre//, de Éric Marty, je ne parlerai pas. D’abord parce que l’article a pour objet une autobiographie − qui relève de l’activité biographique mais dont le tiers est le même −, mais surtout parce que le lien avec la problématique de l’auteur comme œuvre y est on ne peut plus ténu − moi, en tout cas, sur plus de douze pages, je ne l’ai pas trouvé.  Du dernier article de //L’auteur comme œuvre//, de Éric Marty, je ne parlerai pas. D’abord parce que l’article a pour objet une autobiographie − qui relève de l’activité biographique mais dont le tiers est le même −, mais surtout parce que le lien avec la problématique de l’auteur comme œuvre y est on ne peut plus ténu − moi, en tout cas, sur plus de douze pages, je ne l’ai pas trouvé. 
  
    
-**III – LECTURES ET COMMENTAIRES** 
  
-Le rapport vie-œuvre :+===== III – LECTURES ET COMMENTAIRES ===== 
 + 
 +** 
 +Le rapport vie-œuvre :** 
 Depuis le début de mes recherches relatives à la problématique vie-œuvre, L’auteur comme œuvre est un des textes (articles et livres confondus) les plus pertinents auxquels je me suis arrêté. Le livre décline la problématique vie-œuvre en plusieurs questions sous-jacentes et l’aborde sur plusieurs plans. Depuis le début de mes recherches relatives à la problématique vie-œuvre, L’auteur comme œuvre est un des textes (articles et livres confondus) les plus pertinents auxquels je me suis arrêté. Le livre décline la problématique vie-œuvre en plusieurs questions sous-jacentes et l’aborde sur plusieurs plans.
 Questions : Questions :
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 Aussi, les plans que sont l’auto-perception, la représentation (l’image que l’auteur cherche à imposer à ses destinataires) et la désignation (le reflet qui lui est renvoyé par autrui) (39 : 2000) de Geneviève Haroche-Bouzinac (article (E)) m’apparaissent très pertinents pour l’analyse textuelle (et surtout paratextuelle) et viennent enrichir sensiblement d’outils pratiques les théories de Diaz sur l’écrivain imaginaire et les scénographies auctoriales. Le rapport vie-œuvre peut être étudié avec l’aide de ces notions et on risque d’en arriver à d’aussi heureux résultats que les siens sur Voltaire. Aussi, les plans que sont l’auto-perception, la représentation (l’image que l’auteur cherche à imposer à ses destinataires) et la désignation (le reflet qui lui est renvoyé par autrui) (39 : 2000) de Geneviève Haroche-Bouzinac (article (E)) m’apparaissent très pertinents pour l’analyse textuelle (et surtout paratextuelle) et viennent enrichir sensiblement d’outils pratiques les théories de Diaz sur l’écrivain imaginaire et les scénographies auctoriales. Le rapport vie-œuvre peut être étudié avec l’aide de ces notions et on risque d’en arriver à d’aussi heureux résultats que les siens sur Voltaire.
  
-Dernière remarque :+**Dernière remarque :** 
 Vie et œuvre ensemble, dans l’auteur comme œuvre, sont à comprendre beaucoup en tant qu’esthétisation de la vie d’un écrivain − auto-esthétisation, où le mode de vie est calculé, imaginé, fantasmé, et où l’auteur se regarderait de manière distanciée dans le rôle de son lecteur idéal… Comme le dit Puech en introduction, devenir œuvre (auteur comme œuvre) est un moyen comme un autre de prolonger l’invention au-delà de l’œuvre elle-même. Seulement, d’aucuns sont plus naïfs que d’autres, et ne voient pas ce prolongement comme un jeu mais peut-être bien comme la seule et unique façon d’être un auteur… comme auteur ! Vie et œuvre ensemble, dans l’auteur comme œuvre, sont à comprendre beaucoup en tant qu’esthétisation de la vie d’un écrivain − auto-esthétisation, où le mode de vie est calculé, imaginé, fantasmé, et où l’auteur se regarderait de manière distanciée dans le rôle de son lecteur idéal… Comme le dit Puech en introduction, devenir œuvre (auteur comme œuvre) est un moyen comme un autre de prolonger l’invention au-delà de l’œuvre elle-même. Seulement, d’aucuns sont plus naïfs que d’autres, et ne voient pas ce prolongement comme un jeu mais peut-être bien comme la seule et unique façon d’être un auteur… comme auteur !
  
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