Fiche de lecture : HUSTON, Nancy, Les variations Goldberg, Paris, Seuil, 1981, 250 pages.
1. Degré d’intérêt général
6/10. Assez intéressant, le roman se lit tout seul, mais la diffraction en elle-même est, en comparaison avec d'autres romans fichés ici, peu significative.
2. Informations paratextuelles
2.1 Auteur : Nancy Huston
2.2 Titre : Les variations Goldberg
2.3 Lieu d’édition : Paris
2.4 Édition : Seuil
2.5 Collection : –
2.6 (Année [copyright]) : (1981)
2.7 Nombre de pages : 250 pages.
2.8 Varia :
Au tout début du roman, disposées sur deux pages : « Vous avez exactement quatre-vingt-seize minutes. » « Vous avez tout votre temps. »
La table des matières, à la fin du roman, liste tous les chapitres, qui ont une triple identification : d'abord la numérotation des variations de Bach, puis un mot en italique (ombrage, vents, écarlate, etc.) et, enfin, le nom de la personne qui narre chaque chapitre. Seul le numéro de la variation et le mot en italique figurent dans le corps du texte.
3. Résumé du roman
Liliane Kulainn a convié trente de ses connaissances et amis à un concert très intime donné dans sa propre chambre : elle y jouera elle-même les Variations Goldberg de Bach. Contraints au silence pendant ces quatre-vingt-seize minutes solennelles, les invités laissent leur pensée dériver, ou, au contraire, ressassent des idées obsédantes. Certains, qui tiennent en horreur tout le protocole et la rigidité des soirées de concert mondaines et, plus encore, la rigidité de la musique classique, s'ennuient ferme dans cette soirée. D'autres, anciens amants, vieux camarades ou collègues, qui s'interrogent sur la raison de cet évènement étrangement solennel, s'adonnent plutôt à une analyse du couple incongru que forment Liliane et Bernald Thorer, un brillant écrivain qui a sombré dans une obscure folie. Quelques-uns, finalement, se laissent emporter par la beauté de la musique…
D'un chapitre à l'autre, des pensées d'une personne à l'autre, le lecteur découvre les histoires qui lient les spectateurs entre eux et avec Liliane, et apprend à connaître la mystérieuse interprète. Le roman prend fin avec le concert, quand les invités, autorisés à reprendre la parole, sortent de leurs pensées.
4. Singularité formelle
Le roman reprend exactement la structure de l'oeuvre de Bach : les pensées de chacun des trente invités représentent les trente variations de la pièce, tandis que celles de Liliane remplissent le rôle de l'aria, qui ouvre et qui clôt la représentation. Dans l'oeuvre de Bach, chaque variation reprend une mesure de l'aria; dans le roman, on peut observer cette reprise, puisque chaque invité permet de découvrir une facette du personnage de Liliane, qui sert de liant entre tous ces gens. Les deux oeuvres misent sur la polyphonie pour créer des univers denses, mais cohérents. (Je ne m'avance pas plus dans la comparaison avec la structure de l'oeuvre musicale puisque mes connaissances dans le sujet sont très limitées).
La forme du texte imite un flot ininterrompu de pensées. Ainsi, plusieurs chapitre commencent ou se terminent en plein milieu d'une phrase, comme si le lecteur « attrapait » les pensées des personnages au vol.
5. Caractéristiques du récit et de la narration
L'accumulation de micro-récits permet de reconstituer pas tellement un récit plus large, mais un contexte qui explique la présence de tous ces gens dans la même pièce. Les différents chapitres permettent surtout d'esquisser le récit de la vie de Liliane puisque les invités l'ont connue à plusieurs moments de son existence : « Le malaise ne provient pas des Variations, mais des vies. En rassemblant ces vies, ce sont elles que tu as choisi de mettre en scène autant que la musique. Seulement, chacune d'elles est aussi une facette de ta vie à toi, ou de la mienne, et la charge en est obligatoirement lourde. » (p.130)
Chaque narration est autodiégétique et individuelle; il n'y a pas de récit englobant à proprement parler.
6. Narrativité (Typologie de Ryan)
6.5- Tramée : le roman est une enfilade de micros-récits sans lien explicite entre eux ni récit englobant; les personnages pensent dans le même espace-temps, mais ne sont liés entre eux que l'écoute de la musique.
7. Rapport avec la fiction
Rien à signaler.
8. Intertextualité
Rien à signaler.
9. Élément marquant à retenir
L'imitation de la structure des Variations de Bach, l'omniprésence du vocabulaire musical, la façon généralement ironique ou négative des personnages de parler des rapports sociaux.