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Marie-Pascale Huglo, La respiration du monde

I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Huglo, Marie-Pascale

Titre : La respiration du monde

Éditeur : Leméac

Collection :

Année : 2010

Éditions ultérieures :

Désignation générique : roman (quatrième de couverture)

Quatrième de couverture : « Parvenu à un âge certain, lorsqu’on a bien aimé cette terre, il est difficile de tracer une ligne bien nette entre les vivants et les morts, de même qu’entre les êtres, les plantes, les arbres et les bêtes avec lesquels on continue de s’entretenir pour les retenir ou pour qu’ils nous retiennent encore un peu. Pendant les quelques jours que raconte ce roman de Marie-Pascale Huglo, et qui seront peut-être les derniers de Mrs Greens, on ne peut s’empêcher de penser à La promenade au phare de Virginia Woolf, d’entendre ce même murmure de la mer et cette même voix de femme accomplie qui sont comme la respiration du monde, l’art de mourir et de naître sans cesse, en se tenant devant la beauté des choses vivantes comme sur cette crête au milieu de notre souffle, là où le souffle commence précisément quand on croit qu’il va manquer. »

Notice biographique de l’auteur : « Marie-Pascale Huglo enseigne la création littéraire et la littérature contemporaine à l’Université de Montréal. Son œuvre comporte des romans, des nouvelles, des récits pour la jeunesse et des essais. La respiration du monde est son deuxième roman. »

II - CONTENU ET THÈMES

Résumé de l’œuvre : Le roman se passe sur quelques jours, dans un cottage situé à Malahood, village côtier abandonné par la majorité des habitants qui sont partis en ville. Restent donc quelques « irréductibles » qui peuplent le roman : Mrs Greens, qui tient le cottage (qui est également une pension), veuve qui a laissé partir sa fille Elisa au pensionnat et qui, depuis, la fin de ses études, ne donnent plus signe de vie ; Miss O’Hara, une vieille fille, fille de capitaine, qui vient passer chaque année la morte saison à la pension ; Liam O’Leary, homme qui profite de l’abandon du village pour récupérer tout ce qu’il peut ; Rosie O'Connor, une jeune femme qui a choisi de rester à Malahood malgré le départ de ses parents et fait office de bras droit de Mrs Greens ; Will, l’enfant sauvage qui vagabonde du matin au soir… À ces personnages qui forment comme une famille, s’ajoutent ceux qui sont de passage le temps du roman : Phil, un jeune photographe que Rosie a ramené de la ville, et sa sœur Myriam. S’ajoutent également les fantômes qui peuplent la pensée de Mrs Green : Mr Green et Terence dit le buffle, un homme venu de la ville qui s’est finalement suicidé et que Mrs Greens a pris en affection.

Le roman se passe pendant la saison morte, soit en automne. Mrs Greens vaque à ses occupations ménagères tout en se laissant emporter par le flots de ses pensées, de ses souvenirs et de ses tracas, s’adressant parfois aux objets qui l’entourent, parfois à ceux qui ne sont plus là. Dans ce monde où la nature sauvage et l’isolement occupent de plus en plus de territoire, Mrs Greens tente de maintenir un quotidien confortable tant pour elle-même que pour les autres (la composition et la préparation des repas, la culture du potager, la nécessité de réparer le toit avant que le vent, dit « Le-Gros-qui-souffle » ne l’emporte, etc. forment son quotidien). Miss O’Hara est quant à elle l’autre personnage principal, la narration de l’histoire alternant en fait entre elle et Mrs Greens. Femme rêche et asociale, elle fréquente la pension depuis dix ans et ne trouve de repos que dans ses longues marches quotidiennes et ses pensées vitrioleuses sur les autres, dans sa manière de ne voir les choses que de sa façon à elle. Même s’il se passe peu de choses dans le roman (pas d’événements pivots ou spectaculaires), les réflexions de chacune sont quand même rythmées par les nécessités extérieures, et en particulier par les obligations quotidiennes et le climat. Plus précisément, se joue dans ses romans des drames intimes « en minuscule » mais qui n’en sont pas moins importants.

Thème principal : la quotidien (la grandeur du quotidien et des personnes « ordinaires », mais aussi la fuite dans le quotidien, ses échos, ses nécessités, son rythme).

Description du thème principal : Dans ce roman d’une grande fluidité et d’une grande poésie, l'attention au « minuscule » (qui contraste avec le « plus grand » qu’est la nature sauvage et le paysage à la fois âpre et familier) met en relief la beauté et la richesse de la vie intérieure des personnages ainsi que les gestes quotidiens qui sont comme « la respiration du monde ». Il y a aussi, surtout chez Mrs Greens (ce sont alors les personnages plus jeunes qui contrastent avec elle), une sorte de fuite dans le quotidien, dans les petits geste, fuite qui lui sert d’attache, l’empêche de chavirer vers la mélancolie et l’isolement. À cet égard, la fin du roman est particulièrement significative : alors que tous la quittent pour un séjour en ville (et Miss O’Hara pour rentrer chez elle et voir son docteur), Mrs Greens se retrouve seule, alors qu’elle avait passé tant de temps à préparer un ragoût et à rêver de réunir tout son monde autour d’une grande table conviviale. Elle ne cède toutefois pas à la déception, part plutôt à la chasse aux escargots en vue d’en cuisiner. Par ailleurs, si Mrs Greens est heureuse « d’un rien », si on peut dire, cela contraste avec l’attitude quelque peu belliqueuse de Miss O’Hara. Les deux femmes sont alors comme des antithèses.

Thèmes secondaires : la présence du passé dans le présent ; le rapport fluctuant avec la nature environnante (parfois une menace, parfois une certaine sensualité du paysage dans sa communion avec les êtres) ; l’isolement ; les vestiges d’un passé quasi révolu ; la nature ; la famille ; etc.

III- CARACTÉRISATION NARRATIVE ET FORMELLE

Type de roman (ou de récit) : récit (minimaliste ?)

Type de narration : hétérodiégétique

Personnes et/ou personnages mis en scène : Personnages fictifs : deux femmes âgées.

Lieu(x) mis en scène : Les lieux ont des noms fictifs : Malahood, Lulldery, mais évoquent l’Angleterre (ou l’Écosse ou l’Irlande ; peut-être même la Nouvelle-Angleterre).

Types de lieux : Le bord de la mer, les côtes sauvages et isolées, un village abandonné, un cottage.

Date(s) ou époque(s) de l'histoire : On ne peut situer cela avec précision, mais on est ici dans un monde de l’entre-deux, où la télévision, l’Internet et les appareils photo numériques ont fait leur apparition, mais ne s’immiscent que très subtilement dans l’univers de Mrs Greens qui, en quelque sorte, appartient au passé mais y retourne aussi puisque, à cause de l’isolement, la nature reprend peu à peu le dessus. Cependant : Décennie 1990.

Intergénérité et/ou intertextualité et/ou intermédialité : Aucune remarquée.

Particularités stylistiques ou textuelles : Écriture lyrique, très dense et souvent peuplées de métaphores. Également, les chapitres font tous neuf pages (contrainte que l’auteure s’est imposée). Par ailleurs (peut-être à cause du lieu mis en scène), ce roman rappelle l’écriture de plusieurs romancières anglaises, mais en particulier Virginia Woolf.

Auteur(e) de la fiche : Manon Auger