===== Marie-Pascale Huglo (2005), Mineures ===== ==== I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE ==== Auteur : Huglo, Marie-Pascale Titre : Mineures Éditeur : L’Instant même Collection : - Année : 2005 Éditions ultérieures : - Désignation générique : roman (page couverture) Quatrième de couverture : « // J’avais envie de disparaître, de m’en aller ailleurs, dans un pays où l’on ne s’ennuie jamais, où les hommes sont charmants et les forêts invitantes. Envie de prendre le premier train venu, de foncer n’importe où, loin, au large de la petite ville endormie, de la mocheté de tout, des fouilles désenchantées. // Tout avait pourtant bien commencé : une fouille archéologique à mener, loin de la ville et de l’école, au château de C., ouvrage du XVIIIe siècle blotti dans la campagne française, qu’avait offert le châtelain, homme honnête mais peu galant, à la marquise, son épouse, afin d’y consommer leur mariage. Il s’y trouverait des passages secrets. Marie-Laure et Astrid y seraient, comme toujours, ainsi que quelques garçons. Mais voilà, Astrid est folle de Roland. Le trio des Grâces, comme on les appelle, n’offre plus l’imperméabilité d’antan. Au milieu des ruines du château de C., l’ère des énigmes est venue. Du XVIIIesiècle Marie-Pascale Huglo a conservé l’incomparable esprit, superposant les chassés-croisés, usant d’une langue vive, pimpante, voire primesautière, à l’image des jeunes filles en fleurs, ces Trois Grâces prêtes à bondir du côté de l’avenir. » Notice biographique de l’auteur : - ==== II - CONTENU ET THÈMES ==== Résumé de l’œuvre : Alphonsine, la narratrice, fait revivre ses années de collège ainsi que celles de ses deux amies, Astrid et Marie-Laure. Inséparables, les trois jeunes filles sont appelées, par leur professeur de latin, « les trois Grâces », ce qui les enchante (elles se disent la fois « Grâces », « Grasses » et « Garces ». Ce roman raconte (décrit plutôt – d’où qu’on semble plus près du « récit » que du roman) les moments, impressions, mouvements de ces trois jeunes adolescentes, dont la routine scolaire (en quelque sorte « stigmatisée » principalement autour des récréations, ce temps de liberté et de routine) se voit agréablement bousculée par un séjour organisé au château de C. pour y faire des fouilles archéologiques. Si on suit les tractations de trois copains prévoyant une escapade nocturne pour aller rejoindre les filles, cela n’arrivera finalement pas. C’est plutôt le motif des « trois Grâces » qui servira de moteur au récit, ainsi que la fascination de la narratrice pour la marquise de C. pour qui a été construit le château, dit fort laid, par son mari afin de consommer son mariage. En effet, l’histoire « fictive » de ce couple, mais aussi des deux amies de la marquise (avec laquelle elle forme aussi un trio de « Grâces ») forme le récit de plusieurs chapitres, entrecoupés de ceux du séjour sur le site archéologique. Le récit se clôt sur la découverte, par les trois amies, de la fontaine des trois Grâces (autre exigence de la marquise pour enfin consentir à consommer son mariage) qui avait disparu presqu’aussi rapidement qu’elle était apparue. Thème principal : Les trois Grâces (symbolisant tout autant l’amitié, l’abondance, la sensualité, etc.) Description du thème principal : Davantage que l’histoire, ce roman se présente comme une suite de variations autour de ce thème, de ce motif, tant par l’histoire des trois amies que par celle de la marquise. Plusieurs chapitres en italiques offre par ailleurs une « série d'actualisations du motif des trois Grâces depuis l'Antiquité grecque jusqu'à nos jours, fournissant ainsi tout un arrière-plan culturel, voire métaphysique, aux joyeusetés de nos jeunes collégiennes » (André Brochu, « Ah les coquines ! », Lettres québécoises : la revue de l'actualité littéraire, n° 123, 2006, p. 20-21). L’intrigue elle-même demeure moins importante que le « rendu », le style, la phrase, etc. (voir « particularités stylistiques ou formelles »). Thèmes secondaires : la vie de collège en France, l’adolescence, la vie mondaine du XVIIIe siècle. ==== III- CARACTÉRISATION NARRATIVE ET FORMELLE ==== Type de roman (ou de récit) : récit Type de narration : autodiégétique dans les chapitres racontant la vie des trois jeunes filles; hétérodiégétique dans le cas du récit de la marquise (mais la narratrice est elle-même fictive et intervient dans son récit). Personnes et/ou personnages mis en scène : Ces personnages sont fictifs. Lieu(x) mis en scène : France Types de lieux : École, château, site archéologique, ville et campagne. Date(s) ou époque(s) de l'histoire : Époque contemporaine (années 1980 je dirais, à cause des référents); XVIIIe siècle et deuxième Guerre Mondiale (la dernière descendante de la marquise aurait trouvé la mort, avec son amant, dans le bombardement du château). Intergénérité et/ou intertextualité et/ou intermédialité : intermédialité avec l’art (les variations artistiques autour de la figure des trois Grâces); intertextualité mentionnée en « Post-scriptum » : « On dit que les mythes ne s’inventent pas, du moins pas ceux qui, comme celui des trois Grâces, circulent dans le silence (relatif) des bibliothèques privées et publiques depuis des lustres. On les recueille, on les disperse, récoltant ici, semant et disséminant là. Ainsi en va-t-il de la ronde des trois jeunes filles, reprise et librement relancée à partir de textes anciens et modernes, dont la liste alphabétique probablement complète se donne comme suit : Bartolomé Clavero, La Grâce du don. Anthropologie catholique de l’économie moderne (Paris, Albin Michel, 1996); F.-A. Gruyer, Raphaël et l’Antiquité. Les Trois Grâces (Paris, Imprimerie de J. Claye, 1862); Sénèque, Des bienfaits (Paris, Belles Lettres, 1926); Edmund Spenser, The Shephearedes calender containging twelves oeglogues, proportinable to the twelves months (London, Mathew Townes, 1617); Pierre Troterel, L’amour triomphant (Paris, Samuel Thiboust, 1615). À ceux-là, je dois quelques motifs, quelques phrases, quelques fragments soigneusement repris en italiques et non moins soigneusement adaptés pour les besoins de ce récit. » (p. 121) Particularités stylistiques ou textuelles : Récit en trois parties, composés de courts chapitres chapeautés chacun d’un sous-titre mais au style dense. Par exemple, une certaine oralité rend plus sensible le quotidien des jeunes filles, notamment par l’utilisation de l’argot, et le récit de la marquise prend des allures de fabliau ou de satyre (il y a une belle virtuosité de la langue dans celui-ci). Par ailleurs, le récit donne un peu l’impression d’être « en train de se faire », au gré des humeurs de la narratrice, ce dont témoignent plusieurs commentaires métatextuels sur la suite de l’histoire ou la façon de raconter. On devine également assez vite qu’Alphonsine est l’auteur du récit de la marquise et que celui-ci peut être métafictif (inventé par elle-même), même si elle dit s’être informée à la bibliothèque sur le château. Auteur(e) de la fiche : Manon Auger