HAREL, Simon (1989), Le voleur de parcours : identité et cosmopolitisme dans la littérature québécoise contemporaine, préface de René Major, Longueil, Le Préambule, coll. « L’univers des discours ».
FICHE DE LECTURE CRITIQUE
REMARQUES GÉNÉRALES =
Publié seulement un an après L’écologie du réel, cet essai d’Harel ressemble et s’éloigne tout à la fois de celui de Nepveu. Il s’en éloigne parce qu’il est, d’un point de vue théorique et méthodologique, beaucoup moins intéressant et construit, mais il s’en approche dans l’optique pour laquelle je travaille, puisqu’ils sont tous les deux écrits à peu près à la même période et qu’ils représentent le premier mouvement critique de configuration du contemporain. Sans doute, les premiers écrits critiques sur la période contemporaine ne peuvent qu’entrer dans la catégorie de « l’essai » parce qu’ils témoignent de phénomènes qui leur sont immédiats. Ce faisant, ils cherchent un langage pour décrire cette période, mais aussi à donner le ton du discours critique à venir pour comprendre cette dernière (ton qui, cependant, sera très différent avec la venue d’une toute nouvelle génération de commentateurs – Dion, Audet, Dumont, etc.). Pouvant difficilement cerner de façon globale les innovations ou les avant-gardes sur le plan strictement littéraire ou poétique, ces premières études s’intéressent à une thématique d’ensemble de la littérature québécoise pour voir en quoi les œuvres contemporaines s’inscrivent en continuité ou en discontinuité avec ce qui, de ce point de vue, les précède, soit la thématique de l’identité québécoise (mais je généralise sans doute de façon abusive – disons alors de l’identité de la littérature québécoise en ce qui concerne Nepveu, toute démarche de cette époque menant nécessairement à un questionnement sur l’identité québécoise). De façon générale, ces études (mais je n’en ai que deux pour l’instant) ont surtout en commun le fait de considérer cette période comme la naissance d’une nouvelle identité québécoise.
D’emblée, le titre peut être quelque peu trompeur : « Identité et cosmopolitisme dans la littérature québécoise contemporaine » donne l’impression générale d’un survol de la période contemporaine – même si, en si attardant bien, on comprend qu’il ne s’agit que de l’étude d’un phénomène particulier. Mais plusieurs problèmes se posent face à cela : - Harel n’ayant pas la distance critique et historique nécessaire pour analyser de façon globale cette « période contemporaine », il doit se contenter – afin d’offrir une première esquisse de celle-ci – d’étudier un phénomène isolé qui lui semble être représentatif de l’ensemble de la période, soit la figure de l’étranger dans le roman comme vecteur de l’identité québécoise – il rejoint néanmoins par là la démarche de Dion. - Harel ne définit pas ce qu’il appelle la période contemporaine, ni pourquoi elle l’est. Il est ainsi pertinent de se demander selon quel consensus les critiques parlent spontanément de « contemporain ». Est-ce seulement parce que ces textes leur sont « contemporains » ou voient-ils vraiment l’avènement d’une contemporanéité ? Par contre, et cela est très intéressant, cette notion semble véritablement faire consensus dès la fin des années 1980. Il y a toutefois un flou dans ce cas précis qui vient du fait qu’on ne sait pas si Harel considère les écrits du mouvement Partipriste comme appartenant à la période contemporaine. Ce qu’on peut voir, par contre, c’est que ces écrits lui permettent de lire les œuvres des années 1980 à la fois dans une continuité (l’étranger y est toujours représenté) mais aussi dans une rupture (le passage à l’américanité et au métissage, l’Autre s’éloignant de l’Anglais). Pour étudier ce qu’on veut nommer de façon non arbitraire la « période contemporaine », sans doute faut-il la reconnaissance d’une rupture. - Il parle de « littérature contemporaine » alors que ces cas sont essentiellement des romans (à l’exception du chapitre consacré aux écrits du mouvement Partipriste) qui eux englobent aussi l’essai). - Ses remarques sont générales – voire généralisante – mais prennent appui sur du particulier (bien que son corpus soit assez important). Ce qui cause un malaise, c’est que le sujet n’est pas clair ; il s’agit d’une réflexion sur l’étranger davantage que sur le contemporain. Le fait que son corpus soit contemporain relève presque de la coïncidence.
La quatrième de couverture (voir photocopie) quant à elle annonce aussi un programme qui ne sera que très partiellement accompli. Je veux dire que, si la couverture pose d’emblée l’idée d’une réflexion d’ensemble sur la littérature contemporaine, l’analyse comme telle ne sera pas aussi concluante. Retenons : « La constitution de la littérature québécoise contemporaine est tenaillée par la représentation de ses marges, formation imaginaire de l’identité qui s’éprouve au prix d’un bord à bord, à la fois angoissant et jubilatoire, avec la figure de l’étranger. Le cosmopolitisme est donc un motif déterminant des textes littéraires contemporains qui mettent en scène l’hétérogénéité de l’univers social, à la faveur d’une interrogation sur la distinction de l’identité et de l’altérité. » On voit donc qu’il va du phénomène particulier pour expliquer la littérature dans son ensemble, ce qu’oblige, sans doute, son peu de distance historique. Ce qui n’empêche pas, par contre, que ses postulats seront repris et validés par la suite de façon indirecte par les autres commentateurs de la période. Cela veut-il dire qu’Harel a anticipé les mouvements à venir ou, simplement, que les autres critiques lui ont emboîté le pas ? Notons également que ce n’est qu’à la fin du dernier chapitre qu’il fera le raccord ; des analyses relativement singulières qui composent son essai, il étend ses conclusions à d’autres œuvres : « … On pourrait multiplier les titres. Il semble donc que cette préoccupation pour l’errance continentale, la transhumance, l’extra-territorialité [sic] soit devenue partie intégrante de nombreuses œuvres contemporaines pour qui la quête de l’appartenance ne va plus de soi. » (288)
INTRODUCTION PHRASES SYNTHÈSES
L’auteur fait l’étude du « cosmopolitisme et de la représentation de l’étranger dans le roman québécois » (27) – on ne sait jamais laquelle des notions entre le cosmopolitisme et la figure de l’étranger est subordonnée à l’autre. - Je ne crois pas que le cosmopolitisme soit défini.
Pour lui, les textes romanesques catalysent un phénomène social (son étude pourrait, à la limite, être qualifiée de socio-psychanalytique) : « J’essaierai plutôt de débusquer quelques lignes de conduite imaginaires, néanmoins pertinentes pour ce qui est de notre saisie empirique des relations interculturelles au Québec : motifs qui font retour de façon symptomatique dans certains textes de la fiction romanesque. » (27) Il tentera tout de même de se justifier : « Ainsi, la fiction, cette capacité à fabuler, est un révélateur des idées reçues. […] Sauf que le discours romanesque étale des contradictions au moment de l’élaboration de cette identité, permettant à cette fabulation de s’exercer, et par là autorisant une réflexion sur ce que l’étranger peut représenter de menaçant. » (28) Cette façon de faire (soit unir le texte et le social, faire du discours romanesques un allié de l’identité québécoise) – que l’on retrouve aussi chez Nepveu – est sans doute fort représentative de son contexte ; je veux dire que, si à partir des années 1980, la littérature elle-même se détache du collectif pour investir l’individualité sous toutes ses formes, il n’est pas impossible que le discours critique marque quant à lui un certain retard en ne conférant une « autonomie » à la littérature qu’à partir du milieu des années 1990 (le temps que les travaux de Bourdieu face leur chemin…).
Choix du corpus : Il admet timidement l’arbitraire du choix des romans qui vont être « représentatifs » (28) Sur sa méthode, qui oscille entre socio-littéraire et psychanalyse. (28-29) « Ainsi, tous les romans qui seront abordés ici ont en commun la problématique de l’identité, sa constitution difficile eu égard à un acteur étranger qui incarne une extériorité à la fois angoissante et fascinante. En somme, le refoulé du discours romanesque serait ce qui remet en question l’unité de cette identité. » (29)
« C’est cette latence de l’identité sociale, quant au rôle dévolu à l’étranger, que je privilégierai au moment de l’étude de divers romans. La plupart de ces textes peuvent être placés sous le signe de l’urbanité montréalaise. Il me semble que le roman montréalais est le mieux placé pour rendre compte de cet éclatement cosmopolite, de sa constitution ambivalente quant au futur de l’identité québécoise. » (30)
« Cet essai, je voudrais qu’on l’envisage comme une “construction” du devenir de l’identité québécoise permise par l’étude de quelques romans qui m’apparaissent comme autant de révélateurs. On aura noté que je traiterai ici de la “représentation” de l’étranger. Sans doute cette représentation correspond-elle à une hésitation particulièrement manifeste dans la fiction québécoise. Tout se passe comme si la volonté de légitimer la fondation d’une littérature autochtone laissait place aujourd’hui à des désirs d’ouverture interculturelle. » (31)
Il voit venir lui aussi le phénomène des écritures migrantes qui obligera l’identité québécoise à se repenser non plus en termes nationalistes, mais en termes d’ouverture à l’autre, de cosmopolitisme. Il craint la difficile intégration de ces écritures à la littérature québécoise (crainte qui ne se réalisera heureusement pas).
« Si j’ai néanmoins préféré restreindre mon propos à la “représentation” de l’étranger, c’est qu’elle me semble rendre compte des latences actuelles de l’identité sociale québécoise. Pour cette raison, j’ai limité l’étude à l’analyse de romans écrits par des écrivains pour la plupart natifs du Québec. » (33)
CHAPITRE 1 – COSMOPOLITISME ET ALTÉRITÉ
Consiste en une réflexion générale sur l’étranger, la figure de l’étranger et l’étrangeté. Et, bien sûr, du cosmopolitisme et de l’altérité dont il définit les enjeux théoriques, ce qui contribue à créer la confusion entre la théorie et la pratique qui sera faite dans les chapitres suivants. La première lecture ne m’ayant pas permis de véritablement comprendre les enjeux de ce chapitre, il m’est difficile d’en dégager les grandes lignes. En effet, l’auteur procède à de grandes généralisations avant même de s’attaquer aux études de cas (qui ne commencent qu’au chap.3)
Notions clées : « problématique de l’éclatement cosmopolite » (35) « représentation de Montréal dans le roman québécois quant à cette notion de cosmopolitisme » (39) « problématique de “l’arrivée en ville” du roman québécois » (39)
Ce chapitre mélange des considérations générales sur l’étranger et l’étrangeté (convoquant Freud) tout comme le cosmopolitisme et sur le roman québécois d’une façon générale (même si, je crois, il parle des romans d’avant les années 1960). « Ce cosmopolitisme me semble bien vivant dans le roman québécois contemporain dans ses dimensions euphoriques ou dysphoriques. » (42)
Selon ce que je comprends, il remarque une différence dans la perception de l’altérité (de l’étranger) entre les romans du mouvement Parti pris et les suivants (avec Poulin et Godbout). Sur ce point, Harel est avant-gardiste, voyant bien la scission qui s’opère à partir des années 1980. C’est aussi ce qu’il remarque avec le cosmopolitisme – que symbolise Montréal – autrefois rejeté aujourd’hui revendiqué (44-45)
— « Ainsi un motif essentiel de la littérature québécoise contemporaine, échappant à la rigidité de ce discours de la survie, serait la représentation, en quelque sorte maintenue à distance, de l’identité collective (de l’illusion de cette identité comme partie constituante du mémorial national), et l’esquisse d’un savoir quant au fait d’être soi – et exilé –, semblable – et cosmopolite. Là se joue à mon sens l’essentiel de l’avenir de la littérature québécoise quant à cette capacité, non pas de dépassement, de transcendance, de fondation d’une identité nationale, mais plutôt de maintien de l’irrésolution. » (53)
Il situe l’analyse à venir des romans face à ces considérations sur l’altérité et l’étrangeté (p.56).
CHAPITRE II – CARTES ET PARCOURS
1ere partie : Sur le cosmopolitisme actuel, contexte de mondialisation. Réflexion sur le français comme langue véhiculaire, réflexion qui se base en partie sur un texte de Michèle Lalonde, « Destination 80 ». « Si on s’attarde à la constitution de la littérature québécoise, force est de reconnaître qu’elle fut tenue à l’écart de cette idéalisation cosmopolite… » (73). Chapitre sur le « refus du cosmopolitisme » (74) de la société canadienne-française. Devait passer par un sentiment d’unité pour qu’une identité cosmopolite, transculturelle soit possible. « multiplicité des identités minoritaires » (78) Le français, devenant langue véhiculaire (par l’adoption de la loi 101), serait la base d’une nouvelle unification avec l’étranger – qui ne choisit plus la langue marchande (l’anglais) et, se faisant, reconnaît le statut assimilateur de l’identité québécoise. Sans pour autant que l’étranger abandonne sa langue. Plurilinguisme, etc.
2e partie : Sur la « singularité de la littérature québécoise » (85). Thématique de l’aliénation et de l’appropriation de cette aliénation elle-même ; capacité à la dire, à clamer sa dépossession. [À noter : ce chapitre va pas mal dans tous les sens, ce qui rend excessivement difficile la saisie du propos !!!!] Il annonce ici ses conclusions du chapitre III = Les romans du mouvement Parti pris mettent en scène l’Autre, anglophone et dominateur qui n’est pas l’immigrant mais celui partageant le territoire et de qui il faut se différencier. « lutte entre les deux solitudes » (92) Phrase de conclusion : « Quant à la littérature québécoise, elle pourrait devenir un lieu privilégié d’énonciation de cette pluralité : littérature ambivalente, soucieuse des paradoxes. Lieu que l’on pourrait qualifier d’intercalaire puisqu’il fait de cette interrogation sur l’identité/ethnicité l’enjeu d’une réflexion inachevée. Si l’on considère que l’une des constantes de la littérature québécoise est justement cette hésitation entre un désir de réappropriation (l’ancrage à la fois confortable et douloureux de ce territoire-Québec amarré au continent nord-américain) et sans doute, legs de l’histoire, la capacité à jouer de l’entre-deux, du sentiment d’exil. » (107)
CHAPITRE III – LA VILLE DES FAUX-FUYANTS
Chapitre sur les écrits partipristes. Leitmotiv des analyses menées par les tenants du mouvement Parti pris : « Mettre un terme à cette domination sur les choses produite par un sujet dominant qui opacifie la réalité. » (117) Il remarque sensiblement la même chose que les autres critiques sur cette période : Dépossession et aliénation, prise de parole, opposition à l’étranger anglais, refus de l’étranger, aliénation du personnage qui « arrive en ville », recherche de l’identité, découverte du cosmopolitisme, emprise de l’Autre dominant, autoréférencialité, territoire à nommer, etc.
Dans ce chapitre, il fait une analyse globale des écrits en évacuant l’analyse particulière. Son propos se veut donc général. Quand on y regarde de près, par contre, on constate que la première partie s’appuie essentiellement sur deux textes : L’Afficheur hurle de Chamberland et « L’Œdipe colonial » de Pierre Maheu. La deuxième partie porte sur La Nuit de Jacques Ferron qui met plus directement en scène la figure de l’étranger. La troisième partie porte sur les romans d’André Major. Et encore La Nuit de Ferron, qui serait malgré tout un phénomène marginal en ce qui concerne la représentation de l’étranger. La quatrième partie porte, grosso modo, sur le joual, la question du langage véhiculaire.
CHAPITRE IV – L’AMÉRIQUE OSSUAIRE
Sur Volkswagen blues de Jacques Poulin et Une histoire américaine de Jacques Godbout, deux romans qui mettent en scène la Californie. Donc, « deux textes qui font appel à une problématique extra-territoriale : la Californie y est représentée afin de permettre une réflexion sur l’américanité dont le Québec est lui aussi partie prenante malgré toutes les déclarations de malaise, d’hésitation. » (186)
C’est aussi l’avènement de la problématique du métissage représenté par des personnages secondaires dans chaque roman : la Grande Sauterelle et Terounech. « … l’étranger serait appelé à transformer, à métisser positivement l’identité québécoise. » (202)
VB : « mise en scène d’une identité définie par la reconnaissance de ses marges » (159) ; « dérive continentale » (159) • Je note : Le roman de Poulin occupe une place exceptionnelle dans l’esprit des critiques en ce qui concerne la construction du contemporain ; on lui accorde toujours une place plus grande que tous les autres textes (ex : dans Histoire de la littérature québécoise) et c’est encore ce qui se produit ici, l’analyse de Volkswagen blues étant la plus longue et la plus minutieuse, le roman étant analysé de façon autonome. Ce n’est qu’en deuxième partie que l’auteur portera son attention sur un autre roman, celui de Jacques Godbout, mais pour le comparer au premier. Reste à voir jusqu’à quel point on considère que Poulin est le fondateur de la contemporanéité.
CHAPITRE V – LA MÉMOIRE DES RUINES
Sur Le Piano-trompette de Jean Basile qui serait « l’envers de cette fascination désabusée pour l’économie marchande somptuaire que l’on retrouve dans le roman de Godbout, ou de la filiation comme leitmotiv obsédant d’une recherche dans Volkswagen blues. » (210-211) – « faillite de l’économie urbaine » (211) Par la suite, il disserte sur des réflexions de Michel de Certeau. * Je ne retiens pas outre mesure les conclusions de ce chapitre qui s’applique à une analyse précise d’un roman – et là c’est intéressant – qui n’aura pas vraiment de postérité au contraire de VB mais a qui Harel accorde une importance presque aussi grande.
CHAPITRE VI – L’ESPACE DES MOTS
« Parmi les textes que j’ai privilégiés, les romans de Basile, Godbout et Poulin font jouer à des degrés divers ce surgissement de l’étrangeté. » (246)
Chapitre qui aborde diverses œuvres, dont French Kiss de Nicole Brossard, Le Matou d’Yves Beauchemin, Un ambassadeur macoute à Montréal de Gérard Étienne.
À la fin de ce chapitre, il offre une synthèse qui sert de conclusion = « Que signifie donc cette présence de l’étranger dans le roman québécois ? Au cours de cet essai, j’ai voulu dégager quelques points de repère quant aux modalités de sa représentation. Il est apparu que ce personnage étranger se révélait toujours le garant de la cohésion – d’une coalition – instituée par la communauté sociale. À ce titre, il était investi d’un pouvoir prométhéen. Soit rendre effectif le lien social par la mise en situation d’une expulsion dont l’étranger, devenu bouc émissaire, était amené à souffrir. » Etc. (278)
Pour lui, le roman est symptomatique d’une réalité sociale et collective, comme il le souligne p.279. (Voir photocopie) Aborde la question de la littérature migrante, mais sa proximité historique ne lui permet que de spéculer sur son avenir (p.280)
La thèse globale de l’essai (assez mal soutenue tout au long de l’ouvrage) serait, je crois : « À constater cette nomenclature, on peut se demander à juste titre si le territoire imaginaire québécois ne correspond pas plutôt à ce que Pascal Bruckner nomme un “cosmopolitisme du débris” : culture des jonctions boiteuses et imparfaites, de la multiplicité des différences qui ne peuvent être rassemblées sous aucun dénominateur commun. » (289)
Voir aussi p.290. : « C’est le parcours que j’ai voulu privilégier dans cet essai. Il m’a semblé que dans cette littérature québécoise de “l’arrivée en ville” ou de l’extra-territorialité, la présence agissante, ou silencieuse, de l’étranger s’avérait particulièrement fascinante. De la thématique de l’aliénation propre aux écrits du mouvement Parti pris, sous-entendant la description d’une pathologie de l’univers urbain, aux textes d’Antonio D’Alfonso, Poulin, Godbout, Basile, Robin, Nepveu ou encore Gérard Étienne, une modification radicale des points de vue portés sur l’identité québécoise est perceptible. » (290)