Christian Gailly, Nuage Rouge, Paris, Minuit, 2000, 191 p.
1. Degré d’intérêt général
Pour le projet de quête et enquête : Moyen
Pour le projet de diffraction : Moyen
En général : C’est un roman intrigant et ludique.
2. Informations paratextuelles
2.1 Auteur : Christian Gailly
2.2 Titre : Nuage Rouge
2.3 Lieu d’édition : Paris
2.4 Édition : Minuit
2.5 Collection : -
2.6 (Année [copyright]) : 2000
2.7 Nombre de pages : 191 p.
2.8 Varia : -
3. Résumé du roman
Présentation de l’éditeur :
« Un homme roule sur une route de campagne. Il rentre chez lui. Il est presque rendu. C’eût été trop simple : une voiture arrive en face, c’est celle de son ami Lucien mais, quand il la croise, Lucien n’est pas à l’intérieur, c’est une femme qui conduit, une inconnue au visage flou, dominé par le rouge. Qui est-elle ? Et Lucien, où est-il ? Et ce rouge, qu’est-ce que c’est ? Du rouge à lèvres ? De la confiture ? Du sang ? On dirait des peintures de guerre. »
Résumé pour le projet (remarques)
Il ne s’agit pas à proprement parler d’une quête ou d’une enquête. C’est-à-dire que le récit s’articule plutôt ainsi : le narrateur semble écrire un « livre » qui raconte les événements et circonstances [Lucien viole une femme, Rébecca Lodge, qui mutile pour se défendre ses organes génitaux. Lucien est obsédé par cette femme, il envoie le narrateur la retrouver. Le narrateur s’éprend de Rébecca, et profite de l’argent de Lucien. Du même coup, il trahit sa propre épouse. Enfin, Lucien demande au narrateur de l’aider à se suicider, mais – pour se venger – il s’organise pour que le narrateur soit condamné.]
Si le quatrième de couverture laisse croire à une intrigue qui se dénouera au fil du texte, il en est plutôt autrement. Toutes les questions posées trouvent réponse dès le premier chapitre. Et le reste du roman s’éloigne de « l’enquête », puisqu’il s’agit plutôt d’un résumé des événements, du déroulement des faits, et des rapports entre le narrateur et Rébecca, Lucien, son épouse.
4. Singularités formelles
Les différents chapitres ne couvrent pas l’histoire dans un ordre chronologique. On remarque que certaines parties ultérieures viennent répondre à des questionnements que soulève le récit par les ellipses temporelles ou les non-dits. Ainsi, la structure temporelle est plutôt discontinue et désordonnée.
5. Caractéristiques du récit et de la narration
Les écrits du narrateur s’adressent vraisemblablement à une femme (son épouse ou Rébecca Lodge, on ne le sait pas), mais le narrateur semble aussi parfois s’adresser à des jurés ou des enquêteurs, de sorte que la situation d’énonciation ou du moins le motif du récit est incertain.
6. Rapport avec la fiction -
7. Métatexte -
8. Intertextualité -
9. Extraits significatifs
« Je l’ai vue quand on s’est croisés. Lucien n’était pas dans la voiture, j’en suis sûr, ni à côté d’elle ni derrière elle. Elle était seule, elle conduisait, les yeux vides, le visage tout barbouillé, comme une enfant qui s’est gavée de confiture ou de fruits mûrs à pleines poignées. Je sais maintenant qu’il s’agissait de sang. » (p. 16)
« Bref, comme vous le voyez, mesdames et messieurs les jurés, nous étions loin, Rebecca Lodge et moi, de nous soucier du désespoir d’un vieux garçon nommé Lucien. Je me demandais s’il allait survivre à sa mère. Il décida de continuer à vivre encore un petit moment. On ne renonce pas si facilement à cette sale habitude. Il survécut à sa vieille mère et il réintégra sa chambre. Je l’ai aidé à se réinsérer. » (p. 56)
« Ce n’est qu’après, quand elle est partie après m’avoir dit : Je ne m’ennuie pas mais j’ai à faire, que j’ai pensé que ça avait passé, que ça s’était passé, et aujourd’hui je pense qu’il n’existe qu’un temps, le temps littéraire. Tu as vraiment du temps à perdre, me disait Suzanne en me voyant inscrire des choses comme ça sur le papier. Elle ne se doutait pas qu’en écrivant je l’inscrivais elle aussi dans un temps saisissable. » (p. 66)
« Pourquoi le père Prouteau s’est-il soudain décidé à parler, je n’en sais rien. Ce qui est sûr, est-ce un mal, est-ce un bien, c’est que, sans lui, sans son témoignage inexplicablement tardif mais spontané, on n’aurait jamais retrouvé Rebecca Lodge. » (p. 88)
« Allô, répondit Lucien. C’est moi, lui dis-je. Salut, dit-il. Alors moi : Tu as dîné ? Non, dit-il. Tu as regardé la télévision ? Non, dit-il. Pas même le journal ? Non, dit-il, tu sais très bien que je ne regarde jamais la télévision. Qu’est-ce que tu faisais ? Je lisais, dit-il. Tu lisais quoi ? Bleak House, dit-il. Un roman policier ? Non, un roman de Dickens, enfin bon, bref, pour répondre à ta question, non, je ne regardais pas la télévision, pourquoi, pourquoi tu me demandes ça ? » (p. 96)
« Faut-il aussi donner le nom de l’hôtel ? Oui ? Parlez plus fort. Oui ? Soit. Il s’agissait du Copenhagen Admiral Hôtel. Quatre étoiles. Tél. 33 11 82 82. Fax : 33 32 55 42. E-mail. Internet. Tout le toutim. Prix de la nuit : 950 couronnes. Lucien m’avait dit : Dépense comme tu veux, mais fais quand même attention, je compte sur toi, je te fais confiance, bonne chance, dis-lui ce que je t’ai dit, soulage mon cœur. Je trouve le « soulage mon cœur » très touchant. » (p. 148)