Christian Gailly, L’incident, Paris, Minuit, 1996, 255 p.
1. Degré d’intérêt général
Pour le projet de quête et enquête : Élevé (Quête)
Pour le projet de diffraction : Moyen
En général : Narration quelque peu ludique, mais réussit difficilement à garder l’intérêt.
2. Informations paratextuelles
2.1 Auteur : Christian Gailly
2.2 Titre : L’incident
2.3 Lieu d’édition : Paris
2.4 Édition : Minuit
2.5 Collection : -
2.6 (Année [copyright]) : 1996
2.7 Nombre de pages : 255 p.
2.8 Varia : A inspiré le film Les herbes folles (2008) de Alain Resnais.
3. Résumé du roman
Présentation de l’éditeur :
« Elle n'avait pas prévu qu’on lui volerait son sac à la sortie du magasin. Encore moins que le voleur jetterait le contenu dans un parking. Quant à Georges, s’il avait pu se douter, il ne se serait pas baissé pour le ramasser. »
Résumé pour le projet (remarques)
Présence d’une quête pour le moins ambiguë. Marguerite Muir se fait voler son portefeuille à la sortie d’un magasin. Georges Palet le retrouve dans un stationnement et développe une sorte d’obsession envers M. Muir dont il contemple la photo sur ses cartes. Il tente de la rejoindre par téléphone, un nombre infini de fois, mais elle ne répond pas et quand elle l’appelle, il lui répond bêtement. L’obsession le gagne pourtant jusqu’à l’entraîner chez elle, jusqu’à l’amener à crever ses pneus de voiture, pour qu’elle lui porte attention. Elle finit par le rencontrer, et il semble alors se désintéresser d’elle, pendant un certain temps ; un temps où elle semble obsédée par lui, ayant sans cesse envie de le voir, recherchant sa présence. Le récit se termine alors que M. Muir invite Georges et sa femme à bord de son petit avion pour un vol ; Muir fait prendre les commandes à Georges et remarque que sa fermeture éclair est ouverte. L’avion part dans tous les sens, on ne sait trop s’il s’écrase ou non.
Absurdité présente ; incongruités du monde romanesque. Georges est un personnage en effet très contradictoire, à l’humeur changeante. Il veut, puis ne veut plus, constamment. Derrière le voile de la narration, on croit comprendre qu’il a une âme meurtrière. Qu’il a déjà tué, qu’il a peut-être même déjà échoppé d’une peine pour ses crimes, que sa femme semble même peut-être connaître et accepter son penchant pour les femmes et pour les crimes. Un récit dont les personnages sont assez incompréhensibles en termes de sentiments et d’actions.
Le lecteur est donc amené à se distancier de l’univers romanesque et à redouter les personnages, à remettre en question leur état d’esprit.
4. Singularités formelles
Vingt-et-un courts chapitres entrecoupés de huit phases qui décrivent, sous forme de listes, les différentes étapes de préparation, d’embarcation, de décollage, puis d’atterrissage d’un petit avion.
5. Caractéristiques du récit et de la narration
Narration hétérodiégétique focalisée à certains moments sur le personnage de M. Muir, puis, à d’autres, sur le personnage de G. Palet. On a donc accès aux deux obsessions, à l’esprit quelque peu dérangé des deux personnages. Le narrateur prend parfois ses aises en s’impliquant dans son discours, montrant qu’il est partie de l’histoire, mais en même temps il est impossible pour le lecteur de saisir son identité, et ceci a d’ailleurs peu d’importance. Seulement, certains passages soulèvent la surprise en montrant que le narrateur sait de quoi il parle.
6. Rapport avec la fiction
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7. Métatexte
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8. Intertextualité
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9. Extraits significatifs
« Les masses d’air, elle connaissait ça, mais ce jour-là elle n’y pensait pas. Cet après-midi-là elle était une femme comme les autres, si on peut dire, puisqu’elle n’a jamais été et ne sera jamais, enfin, pour moi, une femme comme les autres. » - p. 13.
« Vous l’avez trouvé où ? Georges dit où. De l’argent dedans ? Non. Sa gorge se serrait, se nouait, sa voix. A mesure qu’il répondait, il avait l’impression qu’on lui volait Marguerite Muir. Peu à peu il la cédait. Il cédait. Il se rendait. La rendant, il capitulait, ça l’écœurait. Mais qu’est-ce qu’un jeune flic à l’accent bordelais se prénommant Bernard pouvait comprendre à tout ça ? » - p. 62.
« Vous ne seriez pas parent avec les Palet de. Non, dit Georges. Non ? ah bon. Enfin bref, inscrivons : PALET, Georges, votre adresse ? Il m’a reconnu, pensa Georges, je le vois à sa tête, ça va lui revenir, je le vois, ça le tracasse, il y pense, il va me remettre, c’est une question de minutes, de secondes peut-être, qu’est-ce que je fais ? je le tue ? Et votre téléphone ? c’est quoi, votre téléphone ? » - p. 64.
« Georges, de son côté, comme pour contredire la tranquillité de Muir, réfléchissait à ce qui est possible et à ce qui n’est pas possible, ou plus possible, or à ce moment précis il lui apparut que rien n’était possible, ou que plus rien n’était possible. » - p. 250.