Table des matières

FORTIER, DOMINIQUE, Les larmes de Saint Laurent

I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Fortier, Dominique

Titre : Les larmes de Saint Laurent

Éditeur : Alto

Collection : –

Année : 2010

Éditions ultérieures : Repris dans la collection « Coda » d’Alto en 2012

Désignation générique : Roman (quatrième de couverture)

Quatrième de couverture : « Au matin du 8 mai 1902, la montagne Pelée entre en éruption, tuant la population entière de la ville de Saint-Pierre. Un homme survit miraculeusement à l’hécatombe : Baptiste Cyparis, le Revenant de l’Apocalypse. À la même époque, en Angleterre, un mathématicien et une musicienne tentent de percer ensemble les secrets de la terre et du feu. À Montréal, cent ans plus tard, deux inconnus se rencontrent sur le mont Royal dans un jardin semé d’arbres et de croix, avec pour témoins un chien et l’esprit de la ville qui les entoure. D’une geôle martiniquaise au grand chapiteau du cirque Barnum & Bailey, des flancs du Vésuve au boulevard Saint-Laurent, l’auteur du Bon usage des étoiles nous entraîne dans un roman où passé et présent se répondent. Une fresque baignée de lumière, où l’on entend aussi battre le cœur de la terre. »

Notice biographique de l’auteur : « Dominique Fortier est née à Québec en 1972. Après un doctorat en littérature française à l’Université McGill, elle exerce les métiers de réviseure, de traductrice et d’éditrice. Son premier roman, Du bon usage des étoiles, a été entre autres en lice pour le Prix des libraires du Québec et le Prix littéraire du Gouverneur général. Elle vit à Outremont. »

II - CONTENU ET THÈMES

Résumé de l’œuvre : Ce roman est composé de trois parties intitulées respectivement « Monstres et merveilles », « L’harmonie des sphères » et « Love waves ». Ces trois parties correspondent à trois histoires. La première est celle de Baptiste Cyparis, jeune martiniquais qui exerce tous les métiers avant de se retrouver en prison pour avoir poignardé non mortellement le fils de son ancien employeur dans un bar. Pendant que des signes avant-coureurs d’éruption de la montagne Pelée se font sentir sur la ville mais que personne n’en mesure la gravité, Cyparis – qui, tous les soirs, parvenait à sortir de sa cellule – se retrouve finalement dans un cachot. Lorsque la montagne entre en éruption, toutes la ville se retrouve engloutie mais Cyparis, protégé par les épais mur de son cachot dont la seule ouverture donne à l’opposée de l’éruption, survit miraculeusement. Rescapé, il est ensuite recruté par le Cirque ambulant Barnum & Bailey qui en fait une importante « attraction » à titre de survivant de l’Apocalypse. Pendant ses années de déambulation, Cyparis épouse Alice dont le fils, Elie, s’occupe des animaux, puis devient l’amant de Stella, une gymnaste de chevaux. Découvrant avec désarroi cette liaison, Elie met le feu à une tente. Lorsque la police intervient, Baptiste s’accuse et se retrouve de nouveau en prison. La deuxième histoire est celle d’Agustus Edward Hough Love, mathématicien et physicien anglais de l’époque victorienne, principalement connu pour ses travaux sur la théorie de la déformation élastique et sur la propagation des ondes sismiques (baptisées les « Love Waves » en son honneur). Cette partie, même si elle est fort courte, trace l’ensemble de la vie (fictive, il faut le préciser) de Love; son enfance, puis sa rencontre, son mariage et sa vie avec Garance, une musicienne d’origine française. Partageant une passion commune pour l’inusité, mais aussi pour « l’invisible » ou « l’imperceptible » (la première fois qu’il la voit, elle est couchée au sol en train d’écouter la musique de la terre), ils font un voyage à Pompeï, dans les ruines de la cité engloutie à l’ombre du Vésuve pour que Love poursuive ses études sur la géothermie. Alors enceinte, Garance accouchera finalement sans assistance de jumeaux avant de mourir, à Londres. Désemparé, Love confiera la garde des jumeaux à sa mère avant de poursuivre ses travaux jusqu’à sa mort. La troisième histoire est moins chargée d’événements. Deux inconnus se rencontrent sur le mont Royal : une jeune femme, dont la seule occupation semble être promeneuse de chiens pour une clientèle parfois un peu troublée, et un jeune homme qui fait office de jardinier et qui a toujours avec lui une quantité considérables de livres sur la géologie et autres sciences de la Terre. Au fil de leurs rencontres, ils deviennent amoureux et on apprend, à la toute fin, qu’elle est Rose Cyparis (donc une descendante de Baptiste Cyparis) et lui William Love (donc un descendant de A.E.H. Love).

Thème principal : Excentricité et marginalité (splendeurs et misères)

Description du thème principal : Bien sûr, la Terre et les volcans sont au centre du roman, mais il faut surtout souligner que les personnages qui peuplent le récit sont tous excentriques et marginaux, mais évoluent malgré tout relativement sereinement dans leur univers propres et qui, de façon générale, ont un certain aura de supériorité sur le reste de leurs semblables. Plus précisément, c’est leur intelligence et leur sensibilité qui semblent les pousser à l’écart – et non une volonté de le faire. Lorsque chacun rencontre un être dont la sensibilité et l’intelligence rejoignent les leurs, l’amour naît aussitôt. Ce contraste et cette marginalité sont perceptibles d’ailleurs dès les premières pages du roman, alors que Baptiste est assis à la table de son maître et de sa maîtresse qui doivent, à l’occasion du carnaval annuel, changer de rôle et être ceux qui servent. La ville de Saint-Pierre, avant l’éruption, prend des allures de cirque, et seul Baptiste semble pressentir ce qui se passe réellement, puisqu’il est le seul à connaître le volcan par l’instinct. De même, les personnages de cirque sont, par définition, excentriques et marginaux (mais forment une communauté par le biais du cirque, communauté offerte en spectacle toutefois). Ensuite, A.E.H. est jugé sévèrement par sa propre famille, par ses collègues et ses étudiants. Finalement, les deux jeunes montréalais semblent vivre en vase clos.

Thèmes secondaires : séismes, tremblements de terre, géologie, science, volcans, amour, ruines, passé, érudition.

III- CARACTÉRISATION NARRATIVE ET FORMELLE

Type de roman (ou de récit) : (nouveau) roman historique

Type de narration : Hétérodiégétique. La focalisation est parfois interne, parfois externe, comme dans les descriptions plus pointues de Montréal dans la troisième partie.

Personnes et/ou personnages mis en scène : 1. Baptiste Cyparis (aussi connu sous le nom de Ludger Cyparis, Louis-Auguste Cyparis ou Jena-Baptiste Sylbaris) – plusieurs événements semblent concorder avec la vérité historique ; 2. Augustus Edward Hough Love – recréation cette fois fortement fictionnalisée (On consultera, pour plus de précisions, la « Note de l’auteur » à la fin du roman). 3. Il est également fait mention de Jane Austen dans la 2e partie, du fait qu’elle a séjourné à Bath (où se rend aussi Love et sa femme) et que, à cette époque, tout le monde s’arrache ses livres.

Lieu(x) mis en scène : Saint-Pierre en Martinique, Angleterre, Pompeï, Montréal, mont Royal.

Types de lieux : Île, ville, volcan, ruines, montagne.

Date(s) ou époque(s) de l'histoire : 1. 1902 ; 2. Tournant du 20e siècle (1880 à 1940 environ) 3. 21e siècle (années 2000 environ – non précisé)

Intergénérité et/ou intertextualité et/ou intermédialité : Plusieurs traces d’intertextualité avec divers traités scientifiques (dont ceux d’Edward Hough Love), notamment les lectures que fait William Love. Mention de Jane Austen dans la 2e partie. Dans la description du boulevard Saint-Laurent à la fin du roman, une référence à une œuvre non nommée de Mordecai Richler et une à Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy.

Particularités stylistiques ou textuelles : Style qu’on pourrait qualifier de « littéraire » tant la forme est ici essentielle pour saisir la dimension poétique de l’histoire. Écriture poétique et très imagée donc, qui évolue à différents rythmes, scènes ou sommaires qui peuvent durer plusieurs pages. Il s’agit, ici, de capter en quelque sorte des images, des descriptions de tableaux vivants dans ses moindres détails. On dit souvent que le style de Dominique Fortier rappelle le 19e siècle. C’est vrai selon moi surtout dans la mesure où la focalisation passe souvent de l’interne à l’externe, ce qui permet de dessiner en filigrane une certaine figure de narrateur omniscient qui est celui qui prend en charge la narration et, surtout, la description des lieux et des scènes, avec une poésie et une précision qui n’appartiennent qu’à lui seul.

Auteur(e) de la fiche : Manon Auger