Forest, Philippe, Le Roman, le réel : un roman est-il encore possible ? Nantes, Pleins feux, 1999.

Quignard, Sollers, Henric,

Forest ne cherche pas à envisager les « formes possible du roman présent », mais plutôt « d’interroger en amont la forme de leur possibilité. » (p. 15)

« la société tolère le roman (mais en ayant bien soin de définir pour lui d’étroites frontières d’insignifiance). Elle le cultive même (mais à la manière d’un art d’agrément, d’un passe-temps domestique). Le roman, certes, est alors possible mais il l’est à proportion de son innocuité. Et cette possibilité même le condamne à l’inexistence. » (p. 12)

« Si le roman oublie que l’impossible est le réel, il court le risque de ne plus rien proposer qu’une algébre vide jouant avec des termes creux autant qu’emphatiques : dans l’escamotage du concret, l’effacement de la perception, l’oblitération de l’expérience. Mais si le roman oublie que le réel est l’impossible, il se laisse prendre au piège de la mimésis, supposant quil existe un état objectif du monde (une “réalité”) qu’il lui suffira de copier, de singer, de refléter quand le “réel” est justement ce que la représentation, le langage, la fiction n’approchent que pour y découvrir le lieu d’un défaut, d’un manque, d’une déchirure qui les suscite mais dont ils ne peuvent rendre compte. »

Le marché n’est pas, en ce moment, favorable aux vrais romans, car le public ne veut rien savoir de ce réel, de ce déchet, de ce reste que cherchent à dire ces vrais romans. Mais le réel continue à appeler, le roman continuera donc à répondre.