Informations paratextuelles Auteur : Victor-Lévy Beaulieu Titre : Docteur Ferron Éditions : Stanké Collection : Année : 1991 Appellation générique : Pèlerinage (?) Bibliographie de l’auteur : Plusieurs biographies d’écrivain Quatrième de couverture : Intention de l’auteur : saluer le seul véritable écrivain national au moyen du pèlerinage. Trois commentaires sur l’œuvre de VLB Pacte de lecture Liminaire. Pourquoi un « pèlerinage » ? « Si on fait un amalgame des trois virtualités qui constituent le mot « pèlerin », on se retrouve devant un être hybride mais absolument convenant parce que, tout faucon, tout requin et tout étranger qu’il soit, sa qualité première est celle d’exister en fonction de rendre hommage, donc de vénérer » (p. 11). La structure dialogique s’inspire du Monsieur Teste de Paul Valéry et de Neige Noire d’Hubert Aquin. Présence de la fiction. Pour rendre compte de l’esprit ferrovien : « Dans mon ouvrage, ce conteur-là a trois têtes : Samm, Abel et Bélial. Ils se répondent les uns aux autres dans une configuration qui n’est reste pas moins délibérément romanesque par la fiction qui les détient » (p. 12) ; « certains pourront m’accuser d’avoir tourné certains coins un peu carré, comme on dit. J’en suis le premier conscient, mon objectif ici n’étant pas de me substituer ni aux chercheurs universitaires ni aux biographes de Jacques Ferron […] » (p. 12). Paradoxalement (!), c’est au moyen de la fiction que l’on peut prétendre à reconstituer un authentique portrait de Ferron. Dans le passage suivant, c’est un personnage de fiction, Abel, qui signale l’inexactitude des biographies traditionnelles : « Abel : […] La femme de Jacques Ferron s’affole. Elle voudrait que, de tous les faux Jacques Ferron qui sont là, faux parce que incomplet, j’en fasse venir un autre, l’authentique avec qui elle a toujours vécu » (p. 19). Fabulation vraisemblable. Les relations Le narrateur se substitue au personnage : « Comme on va le lire dans les pages qui suivent, si je crois bien par Bélial avoir gardé mon pied d’Oedipe, j’espère toutefois que l’allégresse de Samm et d’Abel n’a toujours rien à voir avec ce culbutement appréhendé que Jacques Ferron attendait peut-être de Victor-Lévy Beaulieu » (p. 14). « Bélial : En fait, il s’agit d’une vieille Cadillac toute blanche dont les grands ailerons sont lumineux. C’est au père d’Abel que je l’ai achetée […] Abel : les signes prennent leur place comme d’eux-mêmes, sortant par parquets du tiroir de la mémoire, faisant venir même cette vieille Cadillac blanche dont les grands ailerons sont lumineux, et dont je me suis servi pour écrire Monsieur Melville » (p. 32). Le biographé Jacques Ferron Ancrage référentiel Ouvrage précédé d’une recherche iconographique : « Les lieux étant sacrés dans tout pèlerinage, et ceux de Jacques Ferron étant multiples, tant géographiquement que psychologiquement, je ne suis donc livré depuis une dizaine d’années à une fébrile recherche iconographique qui, je l’espère, permettra au lecteur d’avoir, aussi bien par l’image que par les mots venus d’elle, une représentation aussi totalisante que possible de l’extraordinaire luxuriance des pays abordés par Jacques Ferron » (p. 13). Si les lieux sont importants dans le récit de VLB, ils l’ont été également dans l’œuvre de Ferron : « Abel : Quand j’ai relu À la recherche du temps perdu de Marcel Proust, ce qui m’a impressionné ce n’est pas tellement l’histoire de Monsieur Charlus ou celle d’Albertine fugitive, mais tous ces chapitres intitulés Noms de pays et dans lesquels l’auteur rend hommage à la sonorité des noms de lieux qui ont marqué sa vie. Je n’ai jamais vue Balbec ni Méséglise, mais Marcel Proust les a fait devenir miens, tout comme Jacques Ferron a fait devenir miens tous ces petits villages qu’il a connus quand, en 1946, il est venu s’établir comme médecin en Gaspésie » (p. 78). Référence à l’idée du pèlerinage exprimée dans le pacte de lecture. Indices de fiction Trois personnages font un pèlerinage : Samm, Abel et Bélial. Ils côtoient parfois le biographé : « Abel : […] Comment Jacques Ferron a-t-il réussi à me calmer ? Je n’en sais plus rien. Tout ce dont je me souviens maintenant, c’est que je suis allé prendre un café avec lui, dans ce restaurant de la rue Saint-Denis, et que tout le temps que nous avons été ensemble, il n’a fait que parler, et c’était déjà La charrette dont il était question […] » (p. 25-26). « Bélial : Moi Bélial, jadis chauffeur de Jacques Ferron et maintenant chauffeur de Samm et d’Abel […] » (p. 50). Notons qu’il est difficile de répondre aux questions « qui parle et/ou qui est le locuteur dans le récit ? ». Thématisation de l’écriture Extraits de Ferron annexés aux paroles des personnages. Par exemple, l’enfance de Ferron est racontée par Abel qui cite un passage de La créance de Ferron (p. 46-47). Voir aussi des références à la Chasse-galerie (p. 100). Attitude de lecture Œuvre qui se lit comme une fiction qui simule un pèlerinage dans un univers réel. Hybridation, Différenciation, Transposition Autres Il s’agit d’une œuvre dont la pertinence à l’égard du projet ne fait aucun doute. Récit à la fois factuel et fictionnel.