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Fiche de lecture

1. Degré d’intérêt général

Intérêt moyen. Passé l'éclatement de l'intrigue qui déstabilise le lecteur dans les premières pages, peu d'éléments relèvent de la diffraction. Le roman semble basé sur la forme du puzzle: plusieurs pistes se rejoignent, s'assemblent pour former un récit à peu près homogène.

2. Informations paratextuelles

2.1 Auteur : Echenoz, Jean

2.2 Titre : Le méridien de Greenwich

2.3 Lieu d’édition : Paris

2.4 Édition : Minuit

2.5 Collection : -

2.6 (Année [copyright]) : 1979

2.7 Nombre de pages : 255 p.

2.8 Varia : -

3. Résumé du roman

Difficile de résumer ce roman à l'intrigue pour le moins foisonnante. De façon très synthétique, on pourrait dire qu'un inventeur est envoyé sur une île et chargé d'y concevoir une machine tellement mystérieuse et intrigante que plusieurs factions sont prêtes à s'entretuer avec force violence pour l'obtenir. Voilà. Un des principaux intérêts de la lecture consiste en l'entremêlement de plusieurs pistes narratives pour ne finalement former qu'une seule trame homogène. En plus de l'inventeur un peu cinglé, un tueur à gages aveugle, un commando albinos, des guérilleros kanaks, d'autres tueurs professionnels, un ancien traducteur de l'ONU à tendance psychopathe, entre autres, se retrouvent pour s'affronter sur la fameuse île, située en plein coeur du Pacifique, près de la ligne de changement de date. Le roman exploite abondamment la facticité. La machine, notamment, celle pour laquelle presque tous les personnages s'entretuent et qui constitue le moteur, la force rassembleuse de l'intrigue, se révèle être en grande partie un canular…

4. Singularité formelle

Le roman est divisé en 34 chapitres, chacun s'attachant le plus souvent à un ou deux personnages en particulier. Sauf exception, ils sont de plus en plus longs à mesure que les différentes pistes s'assemblent.

5. Caractéristiques du récit et de la narration

Le narrateur est tout-puissant. Extra et hétérodiégétique, il connaît les moindres pensées des personnages et ne se gêne pas, à quelque reprises, pour parler de lui à la première personne. Par exemple: “Carrier parlait, parlait, évoquant tout à tour le Clan-na-gael irlandais, les Chauffeurs français du dix-huitième siècle, les Maîtres Constructeurs africains, […]. Il exposa comment les Vaudois, par exemple, je vous prends les Vaudois je pourrais vous prendre autre chose mais je vous prends les Vaudois, donc, comment les Vaudois, qui n'avaient pas de vocation particulière à…” (179). Le lecteur constate ici la toute-puissance du narrateur qui cible (et donc occulte) ici explicitement certaines informations.

Voir aussi la section “Rapport avec la section” sur ce point.

6. Narrativité (Typologie de Ryan)

6.4- Proliférante

6.5- Tramée

Justifiez :

J'ai envie de dire qu'il ne s'agit en fait ni de l'une ni de l'autre, mais que plusieurs récits d'abord indépendants sont peu à peu aspirés dans un macro-récit. Peut-être une narrativité “dé-proliférante”, alors…

7. Rapport avec la fiction

Une panoplie d'allusions autoreprésentatives sont présentes dans le roman. Elles n'ont pas de fonction particulière ou déterminante dans l'interprétation de l'oeuvre et constituent plutôt des sortes de clins d'oeil. Un jour, par exemple, deux personnages découvrent un étrange archipel formé de plusieurs minuscules îlots formant “comme un puzzle” (187). Le puzzle est d'ailleurs récurrent, probablement parce qu'il représente très bien la configuration narrative du roman, lequel est un assemblage de plusieurs récits/pistes former un tout à peu près cohérent. Ailleurs, la fausse machine est décrite ainsi: “Ces éléments hétérogènes ne semblaient pas tous achevés, certains paraissaient n'exister qu'à l'état de schémas, de prototypes. L'allure de l'un deux, par exemple, simple conglomérat de fil de fer tordu, sommairement soudé à une plaque d'acier elle-même fixée à la paroi avec des boutons dépareillés, n'annonçait en rien qu'il fût achevé. Sa précarité laissait penser qu'il pouvait n'être qu'une ébauche, une supposition à peine concrétisée, la matérialisation hâtive, et ainsi disposée pour mémoire, d'une intuition encore en travail. Quelques éléments de la machine, aussi démunis que celui-ci, semblaient ainsi n'avoir pour tâche que d'opérer le tout premier passage de l'idée dans la matière, représentant le stade initial de sa concrétisation, l'état qui succède immédiatement à la formule.” (98-99) Ici aussi, on a la impression que la description parle, de manière sous-entendue, du roman lui-même. C'est le cas à une bonne dizaine de reprises dans Le méridien de Greenwich, dont aux pages 178-179 où, dans la description détaillée de sociétés secrètes, se précise le conflit présent dans le roman.

8. Intertextualité

On retrouve peu de références claires à certaines oeuvres (Walden ou la vie dans les bois et Le Robinson suisse (129)) ou à certains personnages, comme lorsque Gutman est comparé à un acteur de cinéma: “ Il ressemblait à l'acteur Sidney Greenstreet incarnant, dans une autre histoire [le film Le faucon maltais], le rôle d'un personnage également et coïncidemment nommé Kasper Gutman. Comme ce dernier, son allure était d'ailleurs empreinte d'un certain sens des apparences. Il mâchait un cigare au bout décomposé dont il crachotait sans cesse des débris […]” (154). De façon plus générale, on a tout de même l'impression que le roman emprunte reprend certains clichés et certaines séquences issus des romans d'aventure ou d'espionnage, sans qu'une oeuvre ressorte en particulier. Bref, une délicieuse et imprécise caricature.

9. Élément marquant à retenir

Le roman qui mime l'assemblage d'un puzzle. Forme de roman d'aventure à la fois éclaté et très lisible.

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