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FICHE DE LECTURE

INFORMATIONS PARATEXTUELLES

Auteur : Christian Bobin

Titre : La Dame blanche

Lieu : Paris

Édition : Gallimard

Collection : L’un et l’autre

Année : 2007

Pages : 119

Cote : 928.1 D5533b 2007

Bibliographie de l’auteur : L’auteur a écrit une cinquantaine de romans, recueils de poésie et essais, dont Le Très-Bas, le livre de la collection « L’un et l’autre » qui a obtenu le plus grand succès commercial.

Biographé : Emily Dickinson, poétesse américaine (1830-1886) qui vécut en recluse et qui ne publia presque rien de son vivant.

Quatrième de couverture : Extrait du livre.

Préface : Non.

Autres (note, épigraphe, photographie, etc.) : Illustration de la couverture d’après une photographie de la carte de visite d’Emily Dickinson.

LES RELATIONS (INSTANCES EXTRA ET INTRATEXTUELLES) :

Auteur/narrateur : Le narrateur est hétérodiégétique, il ne prend jamais la parole en son nom propre.

Narrateur/personnage : Bien que le narrateur ne se manifeste pas personnellement, la narration reste très subjective, très sensible.

Biographe/biographé : Ce qui semble avant tout fasciner l’auteur chez Dickinson, c’est la manière dont elle est restée dans l’ombre toute sa vie. Même si sa poésie est très connue aujourd’hui, sa vie reste largement ignorée. L’auteur semble vouloir célébrer l’existence simple et retirée de la poétesse. Il adopte une attitude bienveillante envers elle.

Autres relations : Non.

L’ORGANISATION TEXTUELLE

Synopsis : Le texte est construit de manière relativement chronologique, racontant toute la vie de Dickinson, de son enfance jusqu’à sa mort. C’est surtout par l’approche très littéraire et subjective que le texte s’éloigne du canon biographique. Il faut également souligner que la forme du texte a la particularité d’être extrêmement fragmentée, les chapitres ayant pour la plupart à peine une page et demi.

Le récit s’ouvre sur le décès et les funérailles de Dickinson. L’auteur remonte ensuite dans le temps pour s’arrêter à l’enfance, puis à la jeunesse de la poétesse, poursuivant de manière généralement chronologique jusqu’à revenir à sa mort à la toute fin. Il est surtout question des relations que Dickinson entretenait avec les membres de sa famille et ses amis. Bobin insiste sur les deuils successifs qu’a vécus Dickinson : ceux de ses parents, de sa tante, de son neveu Gilbert, de ses amis Sophia Holland, Samuel Bowles, Charles Wadsworth, ainsi que celui du juge Lord. Il est aussi question de la vie domestique d’Emily et de sa réclusion progressive à partir de 1874. Enfin, Bobin insiste sur l’importance de la religion dans la vie de Dickinson.

Ancrage référentiel : De nombreux événements évoqués dans l’ouvrage sont appuyés par des dates, par des noms de personnes et de lieux, et par des citations qui ancrent le récit dans le réel. Le récit s’ouvre d’ailleurs par une date et une heure, celles de la mort de Dickinson. Lorsque l’auteur met en scène des événements de la vie privée de la biographée, il insère fréquemment des fragments entre guillemets qui laissent croire qu’il s’agit de citations tirées de l’œuvre de Dickinson (même si aucune référence n’est donnée).

Indices de fiction : Certaines phrases qui auraient été prononcées par Dickinson ou par ses proches sont inscrites dans le texte, ce qui peut laisser croire que c’est l’auteur qui les fait parler. Il est cependant plus probable qu’il s’agisse de citations puisées dans les écrits intimes des protagonistes.

D’un point de vue général, aucun élément du texte n’indique réellement un travail fictionnel. Là où Bobin déroge le plus du récit référentiel, c’est dans sa manière d’employer un langage très poétique et d’interpréter les événements à l’aide de métaphores.

Rapports vie-œuvre : Le principal rapport qu’effectue Bobin entre l’œuvre et la vie de Dickinson repose sur la réclusion de celle-ci : en se retirant hors du monde, Dickinson parvient à mieux en apprécier la beauté. L’auteur écrit : « À la même époque où elle revêt sa robe blanche, Rimbaud, avec la négligence furieuse de la jeunesse, abandonne son livre féérique dans la cave d’un imprimeur et fuit vers l’Orient hébété. Sous la soleil clouté d’Arabie et dans la chambre interdite d’Amherst, les deux ascétiques amants de la beauté travaillent à se faire oublier. » (2007 : 93)

Ailleurs, Bobin écrit que c’est pour sauver le monde de la cruauté qu’elle y perçoit que Dickinson écrit. « Elle peut griffonner un poème sur l’enveloppe du chocolat dont elle se sert pour faire un gâteau, comme elle peut écrire dans la remise fraîche et calme où elle écrème le lait. Elle s’y prend à plusieurs fois, multiplie les brouillons, ne ménage pas sa peine. Il faut que tout soit sur la page comme le contraire d’un orphelinat : que plus personne ne soit abandonné. » (2007 : 83)

Thématisation de l’écriture : Il n’est pas abondamment question de la place de l’écriture dans la vie de Dickinson, le texte se penchant plus spécifiquement sur sa vie ou encore sur la vision qu’elle avait de la vie et qui transparaît dans son œuvre.

Quelques extraits où il est question de l’écriture : « La seule faveur que le monde ait jamais fait à Emily a été de lui décerner en octobre 1856 un second prix pour son pain de seigle, à la foire d’Amherst. Le mot juste, chaque fois qu’on le trouve, illumine le cerveau comme si quelqu’un avait appuyé sur un interrupteur à l’intérieur du crâne. L’écriture est à elle-même sa propre récompense. » (2007 : 13) « Par une trappe dans le ciel du langage – qu’elle seule sait crocheter – Emily fait tomber sur l’homme repu de littérature [Higginson] des lumières qui l’aveuglent. Elle lui montre les forges de sa pensée : ses poèmes naissent en réplique à une ‘‘lumière soudaine sur les vergers’’ ou à un ‘‘mode nouveau du vent’’. Écrire est une manière d’apaiser la fièvre du premier matin du monde, qui revient chaque jour. » (2007 : 78) « Derrière la porte fermée à clé de sa chambre, Emily écrit des textes dont la grâce saccadée n’a d’égale que celle des proses cristallines de Rimbaud. Comme une couturière céleste, elle regroupe ses poèmes par paquets de vingt, puis elle les coud et les rassemble en cahiers qu’elle enterre dans un tiroir. » (2007 : 93) Un peu plus loin, il est question d’un poème qu’elle fait paraître dans le journal en 1861, et qui est modifié par son ami Samuel Bowles, l’éditeur du journal. « Emily renonce à trouver en Samuel l’éditeur qui donnerait à l’essaim de ses poèmes la ruche d’un livre. Elle continue d’écrire comme Dieu fait ses coups de bonté – en catimini. » (2007 : 94)

Thématisation de la lecture : L’auteur n’évoque jamais son propre point de vue sur l’œuvre de Dickinson. Il question de la place de la lecture dans la vie de Dickinson que dans quelques rares passages : « Dans les ténèbres de la petite école, Emily découvre la puissance de résurrection des livres. » (2007 : 47)

Thématisation de la biographie : Non. Il n’est question de la biographie à aucun moment dans le livre.

Topoï : Relations familiales, amitié, poésie, isolement, nature, religion.

Hybridation : Biographie et poésie.

Différenciation :

Transposition : Il m’est un peu difficile de voir dans quelle mesure le texte de Bobin emprunte à l’œuvre de Dickinson, puisque je ne suis pas familière avec celle-ci. La succession de chapitres extrêmement courts évoque néanmoins la brièveté qui caractérise les poèmes de Dickinson (après l’avoir feuilleté brièvement, j’ai constaté qu’une assez grande proportion de l’œuvre consiste en poèmes de deux quatrains). Il est peut-être également possible d’interpréter le fait que le point de départ de l’œuvre et sa fin correspondent tous deux à la mort de Dickinson comme un procédé d’autotélisme fréquent en poésie, le texte se refermant sur lui-même.

Le champ lexical dans lequel l’auteur puise pour ses métaphores, omniprésentes dans le texte, semblent directement issu de l’œuvre de Dickinson. Ces métaphores renvoient donc souvent à la religion, ou encore à la nature et à la vie domestique.

Bobin, à plusieurs reprises, fait appel à des citations de l’œuvre et de la correspondance de Dickinson.

Autres remarques : Non.

LA LECTURE

Pacte de lecture : Il faut d’abord souligner que le pacte de lecture de ce texte est implicite, puisque le texte ne comprend pas d’étiquette générique et que l’auteur ne prend jamais la parole en son nom propre pour expliciter son projet. Cependant, on peut constater que le texte se lit comme une méditation ou une rêverie autour de la vie de Dickinson, c’est-à-dire autant comme une biographie que comme de la poésie.

Le texte est lisible comme une biographie, parce que l’auteur prend soin de relater l’existence de Dickinson de manière chronologique, en recourant à de nombreuses dates ainsi qu’à des citations de sa correspondance ou de celle de ses proches. Il cherche principalement à retracer la personnalité de Dickinson.

Mais le texte a également une facture très poétique, entre autres à cause de la succession de très courts paragraphes, mais surtout en raison de l’écriture très imagée, très métaphorique.

Attitude de lecture : C’est un livre très sensible, où l’on retrouve beaucoup d’empathie pour la poétesse et dont la lecture est très touchante.

Lecteur/lectrice : Mariane Dalpé

fq-equipe/dickinson_par_bobin.1351095349.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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