FICHE DE LECTURE INFORMATIONS PARATEXTUELLES Auteur : SIMARD, Louise Titre : Laure Conan. La romancière aux rubans. Lieu : Montréal Édition : XYZ Collection : Les grandes figures Année : 1995 Pages : 220 p. Désignation générique : Biographie romancée Bibliographie de l’auteur : Un trop long hiver, Éd. La Presse, 1980. Rythmes de femmes, Maison des mots, 1984. La guerre des autres, Éd. La Presse, 1987. De père en fille, Septentrion, 1989. La très noble demoiselle, Libre expression, 1992. Biographé : Félicité Angers, alias Laure Conan Quatrième de couverture : Introduit la figure de la nièce de Félicité, Lys-Aimée, dont le personnage servira à questionner Félicité la femme et l’écrivain. C’est ainsi que « Lys-Aimée apprendra avec stupeur que sa tante romancière correspond avec la reine Élisabeth de Roumanie, qu’elle a aimé dans la plus grand secret un homme qui l’a abandonné et que derrière cette raideur se cache une âme sensible, capable de dire dans des mots d’une extrême pureté les grands remous de l’amour et les larmes qu’ils nous arrachent en silence… » S’annonce comme « la biographie touchante et pleine de pudeur du plus grand écrivain canadien du XIXe siècle. » Préface : Non Rabats : Non Autres (note, épigraphe, photographie, etc) : La biographe intègre plusieurs photographies et quelques documents à son récit, la plupart du temps en début de chapitre (pratique courante dans cette collection) : Laure Conan (p. 1), le village de La Malbaie au début du siècle (p. 15), la maison de la famille Angers (p. 25), lit et objets ayant appartenus à Laure Conan (p. 43), Pierre-Alexis Tremblay (le fiancé de L. Conan) (p. 58), un autoportrait de l’écrivain (p. 79), une reproduction de la page couverture de L’oublié (1910) (p. 97), document attestant un prix remis à Laure Conan par L’Académie française (p.109), Mère Catherine-Aurélie (amie et confidente) (p. 119), le père Louis Feviez (p.131), la machine à écrire lui ayant appartenu (p. 145), photographies des pierres tombales de Laure Conan (p. 157) et de Pierre-Alexis Tremblay (p. 175) et enfin un monument consacré à Laure Conan par la ville de La Malbaie (p. 187). LES RELATIONS (INSTANCES INTRA ET EXTRATEXTUELLES) Auteur/narrateur : La première partie présente une petite série de correspondance entre Lys-Aimée et sa mère : pas de narrateur, et l’auteur se cache derrière la voix de ses personnages. Dans la deuxième, le narrateur semble bien être l’auteur et se permet de lire dans les pensées et de voir l’avenir. Donc : hétérodiégétique et omniscient. Dans la troisième partie, c’est Lys-Aimée, plus âgée, qui est narratrice hétérodiégétique et voit à partir de l’avenir, ce qui lui permet de reconstituer la vie de Félicité et de comprendre ce qui lui en avait échappé dans sa jeunesse : « [Félicité n’a plus] de larmes pour la vraie vie, seulement ce brouillard fascinant qui flottait parfois dans ses yeux gris. Maintenant, après toutes ces années, je sais qu’une maladie de la cornée lui brouillait souvent la vue. Mais à ce moment-là, je l’ignorais et j’aimais ce regard d’embruns, porteur d’histoires. » p. 178 Narrateur/personnage : Simard ne s’intègre pas comme personnage à son roman afin de conserver l’aspect vraisemblable des faits rapportés. Biographe/biographé : Évidente admiration de la part de l’auteur envers son biographé, écriture empreinte d’un respect à la limite du religieux. Elle la construit presque comme une figure mythique dont on ne peut connaître que le peu que Félicité daigne bien nous apprendre ou ce qu’on peut saisir entre les lignes de son œuvre qui concerne sa vie personnelle et intime. Simard considère manifestement Laure Conan comme une figure intouchable dont les nombreux secrets méritent d’être gardés loin du regard du public. Autres relations : L’ORGANISATION TEXTUELLE Synopsis : La jeune Lys-Aimée est en convalescence chez son oncle Élie et sa tante Marguerite, frère et sœur de Félicité. Elle s’y ennuie à mourir jusqu’à ce qu’arrive cette femme mystérieuse, sa tante Félicité en personne, qui viendra bouleverser le cours de son existence. Commence alors une longue observation timide de cette femme secrète et surprenante qu’elle apprendra à connaître et à apprécier. Elle vivra sous les yeux de la romancière son premier amour, son premier chagrin d’amour, puis la découverte d’Angéline de Montbrun dont elle se sentira très proche. Elle apprendra plus tard que la vie de cette héroïne a grandement été inspiré par les faits de la vie de sa tante, ce qui permettra à Lys-Aimée de mieux saisir le caractère sombre et secret de Félicité.L’été se termine finalement par le décès de la tante Marguerite puis par le départ de Lys-Aimée, qui retourne vivre avec sa famille et conservant le souvenir impérissable de cette saison où elle a rencontré son âme-sœur, enfin une grande personne capable de comprendre ce qu’elle vit et ressent. Ancrage référentiel : Voir plus haut « Autres (note, épigraphe, photographie, etc) » De plus, on retrouve plusieurs références à des oeuvres de Laure Conan ainsi qu’à ses illustres relations : Mgr Casgrain (p. 154), Élisabeth de Roumanie. Présence d’une bibliographie en fin de volume. Indices de fiction : Plusieurs envolées lyriques. Ex. : « Mlle Félicité tenta de se recueillir. Elle laissa monter en elle des souvenirs d’enfance, des odeurs de petits matins brumeux, le tintement des cloches qui se répercute dans la baie et se heurte aux falaises avant de se perdre dans la mer. » p.28 Discours indirect libre : « Elle [Félicité] bouscula Lys-Aimée avec un geste d’impatience. Cette jeunesse! Toujours à flâner! » p. 40 Incertitude quant aux faits présentés : « Toutes à ses pensées, elle [Félicité] ne vit pas sa nièce, à moins qu’elle ne choisit de ne pas la voir (…). » p. 52 (C’est moi qui souligne.) Rapports vie-œuvre : C’est le thème le plus important puisque tout le récit tourne autour de la vie secrète de Laure Conan, dont on apprend finalement qu’elle dissimule une profonde peine d’amour, peine qui serait le moteur de son écriture Thématisation de l’écriture et de la lecture : Lorsqu’elle apprend que sa mystérieuse tante écrit des romans, Lys-Aimée va la questionner sur sa pratique de l’écriture. Félicité apprendra à sa nièce comment elle se prépare à l’écriture d’un nouveau roman, ce qui l’inspire et surtout, ce qui l’a fait commencé à écrire : « Pour écrire, il faut beaucoup pleurer. Il faut laisser les larmes couler et raconter, raconter, raconter jusqu’à ce que les larmes se tarissent. Alors il y a le livre. » p.140. Thématisation de la biographie : Presque rien, mais dans une courte notice biographique, l’auteure annonce qu’il était de notoriété que Laure Conan lisait Bossuet, Chateaubriand et Sainte-Beuve. Dans la chronologie de l’écrivaine (qui se trouve en fin de volume, p. 209 ), on peut voir qu’elle a publié de nombreuses biographies ou récits à teneur biographique et qu’elle s’intéressait aux récits de vie. Topoï : secret, amour, famille, jeunesse, maladie, mort. Hybridation : Différentiation : Transposition : Autres remarques : Note de l’auteur qui tente d’expliquer brièvement sa perception des écrits de Laure Conan et le respect avec lequel elle a voulu traiter l’écrivain et son œuvre. Laure Conan était une armure fabriquée par Félicité Angers afin de pouvoir à la fois écrire, être publié - à une époque où cela était presque impensable pour une femme – et enfin entretenir son jardin secret en toute tranquillité. Portrait d’une femme qui a fait naître le roman psychologique au Québec. LA LECTURE Pacte de lecture : L’auteur veut avant tout faire connaître la personnalité complexe et tourmentée de Laure Conan et livrer parcimonieusement ses secrets chèrement gardés. Le récit concerne principalement, en trame de fond, l’histoire d’amour entre Félicité Angers et Pierre-Alexis Tremblay; sinon, on n’en apprend que très peu sur le reste de la vie de l’écrivain. Attitude de lecture : Se lit vraiment comme un roman puisque très peu d’ancrage référentiel sont explicité dans le corps du texte. Fait peu connaître l’œuvre de Laure Conan, si ce n’est, en parlant d’Angéline de Montbrun, de sa proximité avec la vie de l’écrivain. Tout de même intéressant! Lecteur/lectrice : Catherine Dalpé