Fiche de lecture

1. Degré d’intérêt général

Très intéressant, très bon roman, mais lecture épuisante.

2 Informations paratextuelles

2.1 Auteur : Catherine Mavrikakis
2.2 Titre : Fleurs de crachats
2.3 Lieu d’édition : Montréal
2.4 Édition : Leméac
2.5 Collection :
2.6 (Année [copyright]) : 2005
2.7 Nombre de pages : 200
2.8 Varia :

3 Résumé du roman Flore Forget est une chirurgienne de 45 ans qui tente de traverser la folie familiale qui l’affecte en s’auto-prescrivant toute une panoplie de psychotropes et d’anxiolytiques et en voyant un psychanalyste et un médium. Sa mère vient de mourir d’un cancer fulgurant et son frère, le « Fêlé », est revenu dans sa vie après 30 ans d’absence. Elle décrit en détails toutes les raisons qu’elle a d’être folle : sa mère, Thérèse de Lisieux, les deux Guerres mondiales, sa relation incestueuse avec le Fêlé, le fait que le Fêlé lui ait « volé » sa psychose lorsqu’elle avait 16 ans, ses amours malheureuses, le suicide de sa meilleure amie, la haine de ses collègues à l’hôpital. Elle se raccroche à la vie sur l’injonction de sa fille Rose, âgée de 4 ans, et rencontre un cuisinier qui la gave de nourriture et de sexe. Le Fêlé décroche définitivement de la réalité et fait sauter le consulat allemand et Flore épouse le cuisinier dans des noces aux allures d’orgie et de suicide. C’est un peu confus.

2. Singularité formelle La narration très compacte et dense de Flore, les insertions narratives de différents protagonistes rapportés en italiques dans le monologue de Flore et le fait que chaque chapitre semble se concentrer sur un élément précis avec une volonté de vider d’un coup ce sujet particulier (par exemple, l’enfance au chapitre 8, le temps qui passe au chapitre 7, la relation avec un ex-amant au chapitre 4…)

3. Caractéristiques du récit et de la narrationNarration intra autodiégétique de Flore Forget avec des insertions en italique de propos (à la première personne aussi) des proches de Flore, ces insertions semblent être rapportés tels quels par Flore, mais il n’est pas exclu qu’elle s’approprie leur voix pour plus ou moins leur attribuer des propos ou des intentions.

Les insertions des voix des autres personnages à travers la narration mur-à-mur de Flore. Autre singularité : le fait que Flore semble changer de narrataire selon les chapitres, elle s’adresse à la vie (?), dialogue avec la fatalité, se confie à un psychiatre, s’adresse au lecteur, à une sorte de conversation imaginaire avec un ex-amant… Une sorte de glissement semble s’opérer au milieu d’un chapitre ou entre ceux-ci.

En conclusion, la voix narrative présente un mélange paradoxal de non-fiabilité (à cause des épisodes délirants et obsessifs) et de crédibilité (ce délire-là tient la route et présente une certaine cohérence en tant que délire).

4. Narrativité

4.1 Typologie de Ryan

1- Simple

2- Multiple

3- Complexe

4- Proliférante

5- Tramée

6- Diluée

7- Embryonnaire

8- Implicite

9- Figurale

10- Anti-narrativité

11- Instrumentale

12- Suspendue

Justifiez : On peut considérer la narration comme étant simple puisqu’elle est prise en charge par Flore et que cette dernière raconte plus ou moins exclusivement ses problèmes. Cependant, cette simplicité n’est que superficielle puisque la narration de Flore prend en charge le discours de plusieurs autre personnages (elle est peut-être alors multiple?). Quoi qu’il en soit, je considère que cette narration est diluée parce l’intrigue est noyée dans le textuel, c’est comme si raconter était un prétexte pour une logorrhée textuelle proliférant jusqu’à l’épuisement du dicible. Aussi, j’ai l’impression que la narration est étrangement instrumentalisée pour servir une sorte de violence du vivre, mais c’est moins clair pour moi.

5. Rapport avec la fiction La narratrice à l’impression qu’elle invente ce qu’elle ressent dans sa vie. C’est comme si ses émotions étaient une fiction. Par exemple, elle dira : « Je vais aller m’inventer une histoire, la mienne. Ou encore celle d’une fille qui aurait pu être moi, si j’avais eu quelque chose comme une vie (p.23). » Nous avons donc un personnage de fiction qui nous raconte sa vie qu’elle considère elle-même (à tors ou à raison) comme fictive en grande part.

6. Intertextualité La narratrice mentionne des personnages tragiques de la littérature pour les associer à ses malheurs, mais ça ne va pas vraiment plus loin.

7. Élément marquant à retenir Le rapport mouvant à des narrataires parfois identifiables et parfois non. Le problème que la narratrice a avec ce qu’elle perçoit comme étant la fictivité de ses sentiments.