Auteur : Carpentier, André
Titre : Gésu Retard : Fait divers montréalais en huit journées et dix-sept dictées sur le temps vécu
Éditeur : Boréal
Collection : -
Année : 1999
Éditions ultérieures : -
Désignation générique : Roman (couverture)
Quatrième de couverture : « Abandonné enfant dans les poubelles des sœurs de la Charité de Québec par une fille à marins, Gésu Retard, né un 26 décembre, autrefois professeur de géographie au secondaire et maître ès canulars, vit aujourd’hui sur le Plateau Mont-Royal, sous son casque et ses lunettes d’aviateur de la Première Guerre mondiale, en original un peu détraqué qui n’aime rien tant qu’agir en critique de tout et de rien. Gésu est membre du réseau Spek, mouvement poétique international dont la vocation consiste à épier la banalité coutumière, autour de soi et en soi, et d’en témoigner par des haïkus diffusés anonymement auprès de membres locaux du Réseau. Or, un jour, Gésu accueille chez lui un célèbre mathématicien antillais, Washington Desnombres, membre bostonien du mouvement Spek, dont il ne sait guère rien et qui disparaît aussitôt arrivé. Séduit et intrigué par cet homme venu lui imposer le mystère de sa disparition, Gésu part à sa recherche sur le Plateau, qu’il sillonne à bicyclette, car pour lui il n’est rien de tel que ces flâneries sur deux roues. »
Notice biographique de l’auteur : « Nouvellier, romancier et journaliste, André Carpentier est professeur au Département d'études littéraires de l'UQÀM. »
Résumé de l’œuvre : Gésu Retard est une sorte de marginal, tête en l'air, mais inoffensif qui se promène, affublé d'une érection permanente, sur le Plateau Mont-Royal. Le plus souvent, il erre à vélo avec un casque et des lunettes d'aviateur de la Première Guerre mondiale, ainsi qu'un gros sifflet de marin accroché au cou, afin de se faire reconnaître de son père, un matelot qu'il n'a jamais connu. Ancien spécialiste en canulars, Gésu est aussi passionné par les haïkus et fait partie du réseau Spek, « mouvement poétique international dont la vocation consiste à épier la banalité coutumière, autour de soi et en soi, et d'en témoigner par des haïkus diffusés anonymement auprès de membres locaux du Réseau ». C'est justement par l'intermédiaire de ce réseau de haïkus que Washington Desnombres, un éminent mathématicien de Chicago, s'amène chez Gésu pour y habiter. Toutefois, le mystérieux Desnombres disparaît rapidement en laissant derrière lui une ébauche de chasse au trésor, ce qui pousse Gésu à enquêter au mieux de ses capacités… Il est cependant troublé par l'arrivée de la magnifique femme de Desnombres qui vient tenter mollement de retrouver son mari. Gésu finit par être mis en état d'arrestation (il faut dire qu'il ne se disculpe pas très efficacement) et accusé d'être la cause de la disparition du mathématicien. Grâce à divers indices plus qu'énigmatiques, Gésu réussit enfin à indiquer à la police où se trouve le cadavre de Desnombres et part ensuite pour Québec en laissant entrevoir confusément le début d'une renaissance à travers une réconciliation avec son passé familial tourmenté.
Thème principal : Marginalité
Description du thème principal : Véritable icône de la marginalité, Gésu Retard ne pense ni n'agit comme les autres dans toutes les sphères de son existence. Et il ne s'étonne même plus que les autres ne comprennent pas son mode de vie disjoncté, les mannequins qu'il dispose chaque jour dans son appartement, son accoutrement bizarre, son interminable Encyclopédie des bruits quotidiens de la vie occidentale, etc. Tino Mongras, un de ses amis, le décrit d'ailleurs comme un de « ces originaux et détraqués, comme il s'en trouve aux abords de tous les quartiers latins du monde, ces solitaires qui ne pensent ni ne font rien comme la majorité » (p. 10-11).
Thèmes secondaires : haïkus, famille, enquête policière.
Type de roman (ou de récit) : roman
Type de narration : autodiégétique, Gésu raconte son histoire en dix-sept « dictées » que Tino Mongras, dans le « Liminaire », affirme avoir rassemblées.
Personnes et/ou personnages mis en scène : Tino Mongras est un anagramme de Gaston Miron, mais rien dans la conduite du personnage ne semble renvoyer au célèbre poète
Lieu(x) mis en scène : Plateau Mont-Royal
Types de lieux : les rues du Plateau, le poste de police, l'étrange appartement de Gésu
Date(s) ou époque(s) de l'histoire : Fin du XXe siècle
Intergénérité et/ou intertextualité et/ou intermédialité : Tino Mongras comme anagramme de Gaston Miron (peut-être une référence à leur attrait commun pour la rue…)
Particularités stylistiques ou textuelles : Le roman est divisé en dix-sept dictées de la main de Gésu précédées d'un liminaire, celui-ci écrit par Tino Mongras. Les dictées sont toutes intitulées à la manière des romans des siècles passés, par exemple la dictée 13: « Où il sera donné à Gésu Retard d'entrevoir par l'épreuve que celui qui s'enferme dans le sens périt par le sens ». Malgré son esprit disons décalé et dissipé, Gésu est assez cohérent dans sa narration même s'il lui arrive tout de même de s'égarer dans de plus ou moins brèves envolées lyriques. Il affirme également être forcé de relater ses journées dans des dictées détaillées à cause de sa mémoire qui serait incapable d'enregistrer des informations plus d'un jour ou deux.
Auteur(e) de la fiche : Sébastien Hogue