Fiche de lecture / Pancake, Philippe Boisnard
1. Degré d’intérêt général
Douloureuse perte de temps en ce qui me concerne… J’aimerais que ma non appréciation de l’œuvre ne vienne pas entacher cette fiche de lecture, mais ce sera difficile : j’ai en effet abandonné la lecture de ce livre abject.
2. Informations paratextuelles
2.1 Auteur : Philippe Boisnard
2.2 Titre : Pancake
2.3 Lieu d’édition : Laneuveville-devant-Nancy
2.4 Édition : Les éditions Hermaphrodite
2.5 Collection : Fiction
2.6 (Année [copyright]) : 2006
2.7 Nombre de pages : 158
2.8 Varia : L’auteur, selon la quatrième de couverture, donne habituellement dans la littérature hypermédiatique et fait aussi des performances sur Internet. Pancake est son premier roman.
3. Résumé du roman
L’exercice de résumer le roman est assez difficile. Le fait que j’en ai abandonné la lecture avant la fin n’y est pour rien : à la lecture, je devais sans cesse me reporter à la quatrième de couverture pour relire le résumé qu’on y donnait et, de là, j’étais en mesure de confirmer ou d’informer mes hypothèses. Il faut dire que la quatrième de couverture est l’œuvre d’un grand vendeur : le roman y ressemble à un roman, alors qu’en ses pages, la question du genre se pose. Bon, j’y reviens sous peu. En attendant, voici le résumé que l’on trouve sur la quatrième de couverture :
« Pancake
Déf. 1 : Gâteau anglais, très apprécié en Amérique du Nord et ressemblant à une crêpe épaisse ou à une galette.
Déf 2 : Fiction poétique hypnotique qui mêle le fantastique et l’oralité en décrivant le vertige fascinant d’un homme avec un trou dans le ventre qui ne cesse de s’agrandir.
« Un trou, une fois qu’on a enlevé les contours, c’est ce qui ne peut plus être enlevé. » Livré à un monde cannibale qui n’a de cesse de le dévorer, le narrateur vit en mode macro ce déchirement prométhéen. Tour à tour, à travers son viol, son divorce, les tentatives avortées pour travailler, la décision de devenir le cannibale de lui-même puis de faire manger aux autres ce que son corps ne cesse de reconstituer, jusqu’à l’exploration planétaire de ses organes en plats cuisinés, se dessine l’irréductible enfermement d’un homme dans lui-même et la perte de tout rapport réel aux autres humains.
Pancake est en ce sens très proche d’une chanson de geste, remaniée à la sauce technoïde, car il s’agit bien de suivre l’exploit d’une survie, d’un effort absolu contre une altération irrémédiable et absurde. Un songe paranoïaque qui mènera le lecteur jusqu’aux profondeurs insondables de l’existence dans un big bang crunch du plus bel effet. »
4. Singularité formelle
La forme semble, au premier abord, assez romanesque. Elle l’est, en fait : 5 parties divisées en courts chapitres d’une dizaine de pages, un peu moins, chaque (sauf un interminable et sadique chapitre de 23 pages sans le moindre signe de ponctuation, comme une longue chanson rap…). Ce n’est donc pas dans la forme que ce « roman » se démarque.
5. Caractéristiques du récit et de la narration
La narration est autodiégétique. L’homme avec un trou dans le ventre raconte sa propre histoire, au « je », au présent de l’indicatif. Le récit, par contre, est minimal. Non, il est plutôt étouffé par le reste, le non récit, la poésie ( ?), le langage exacerbé. Le style, quoi.
6. Narrativité (Typologie de Ryan)
6.1- Simple 6.2- Multiple 6.3- Complexe 6.4- Proliférante 6.5- Tramée 6.6- Diluée 6.7- Embryonnaire 6.8- Implicite 6.9- Figurale 6.10- Anti-narrativité 6.11- Instrumentale 6.12- Suspendue
Justifiez :
J’y vais comme ça vient…
- Diluée : L’intrigue est littéralement noyée dans l’univers textuel. J’ouvre le livre au hasard, cher lecteur de cette fiche, et je reproduis le passage sur lequel mon index droit s’arrête. Je suis certain, même avant de me plier à l’exercice, que l’extrait démontrera cette idée de narrativité diluée :
« […] mon trou comme le principe de sa vérité la communauté est un vide un spectre elle n’a d’autre existence que d’exciter le désaveux que d’en appeler à la haine de l’autre afin de mieux s’y raccrocher la communauté est celle des instants d’observation reptile où la bouche clouée les mots étranglés on ressent la honte d’être on ressent qu’il est oppressant on ressent que sa puissance tient à l’interchangeabilité de ses rouages […] » (p. 71)
- Embryonnaire : J’hésite avec cette catégorie… mais je considère que la narration est en quelque sorte embryonnaire parce qu’elle est tout d’abord diluée. Il me semble que la dilution au profit de la poésie dans le récit empêche le monde fictionnel d’accéder à sa pleine construction.
- Figurale : Encore à cause de la poésie. L’histoire est davantage suggérée que racontée, je devais d’ailleurs retourner au résumé de la quatrième de couverture pour me convaincre que j’avais bien compris ou pour m’aider à saisir ce qui venait de se « passer » dans les différents chapitres.
7. Rapport avec la fiction
Il me semble qu’il n’y a aucun rapport avec la fiction d’établi dans le roman.
8. Intertextualité
Aucune intertextualité non plus, du moins aucune que j’aie été en mesure de relever.
9. Élément marquant à retenir
Dans l’éclatement des genres, ce roman peut occuper une position intéressante, à mi-chemin entre le roman et la poésie (davantage du côté de la poésie, il me semble… si j’avais à étiqueter cet objet moi-même, j’irais du côté du poème en prose bien plus que du côté du roman).