Blanckeman, Bruno, « Le littéraire en 2000 : la littérature défaite ? », in Alain Goulet (ed.), Le littéraire : qu’est-ce que c’est ?, Caen, PU Caen, 2002, p. 109-118. Les oeuvres « les plus stimulants de notre époque » (Bon, Échenoz, Koltès, Volodine) ont deux tendances : la tendance exogène, qui incite à repousser les limites à l’extrême et, la tendance endogène, qui conduit à se recentrer, à s’interroger sur sa spécificité, à se livrer de la tentation formaliste. D’autres écrivains mentionnés : Nadaud, Michon, Germain, Macé. « Une littérature défaite c’est-à-dire misa à mal et en éclats, irréductible à toute définition entitaire d’une part, dépréciée comme modèle de l’autre, tel semble être l’actuel état des lieux littéraires, des lieux qui ne se reconaissent plus dans aucune appellation contrôlée, si prestigieuse soit-elle. [...] la littérature, au long du siècle qui s’achève, s’est, pour de multiples raisons, refdéfinie à côté de ses propres mythologies, selon une dynamique centrifuge qui en compromet l’approche unitaire mais favorise, tout autant, le multiple, le divers, l’effervescent. » (p. 110) Le mouvement avant-garde voit sa fin en 1982 avec la fin de la revue Tel Quel. La littérature aurait achevé de « se défaire » à l’aube des années 1980 : elle s’est fait défaire, par exemple, de « certains espaces d’invesitigation priviligiés, par la psychanalyse et par le développement des sciences humaines ensuite, par l’apparition des sciences cognitives, peut-être. Mesurer la littérature, c’est donc répérer, dans la suite des oeuvres contemporaines, la tension qui se joue entre une dépossession et une réappropriation par voie d’influence renouvelée. » (p. 115)