Fiche de lecture
1. Degré d’intérêt général
Intéressant. Ce « roman par nouvelles » dresse le portrait d'un vieux quartier dont le mode de vie est menacé. Empreint de nostalgie, le livre se lit tout seul, et nous projette dans l'univers un peu paumé, mais authentique, des habitués du bistrot.
2. Informations paratextuelles
2.1 Auteur : Jean-Noël Blanc
2.2 Titre : Chiens de gouttière
2.3 Lieu d’édition : Paris
2.4 Édition : Seghers
2.5 Collection : Mots
2.6 (Année [copyright]) : (1989)
2.7 Nombre de pages :216
2.8 Varia : Désigné en sous-titre comme un « roman par nouvelles ». Chaque chapitre est précédé d'une ou de plusieurs définitions de mots tirés du Dictionnaire alphabétique et logique de Mgr Élie Blanc (1928). Le choix de ces mots (grandes villes, bonheur, jaser, , hiérarchie sociale, l'homme et la femme, etc.) traduit l'entreprise sociologique de l'auteur, qui décrit une portion précise de la société française dans le roman.
3. Résumé du roman
Quart de couverture : « Soit une ville qui s’appellerait Neaulieu, un quartier : autour de la place, un hôtel, des rues, le Barnabé, autant de lieux de rendez-vous d'habitués, de rigolos, de copains, de fines lames de la belote : le Gros, la Fricaude, l'Africain, le Toubib lèvent le coude et ouvrent les yeux. Ils reluquent la vie à travers les vitres du bar et font tourbillonner les astuces de comptoir pour mieux cacher ce qu'ils ne savent pas exprimer : « Il y a des choses qui sont difficiles à dire. Raison de plus pour blaguer. Le rire n,a pas été inventé pour les chiens. Ou peut-être que si, justement. Pour les chiens de gouttière. »
D'un anecdote à l'autre, on apprend à connaître les bonheurs et les petites tragédies du quartier. La parade printanière des petits vieux (qui sortent, paressent au soleil et disparaissent ensuite le reste de l'année) donne le ton du reste du recueil, qui met en scène les anciens de l'endroit confrontés au changement des temps et des lieux. Leur nostalgie s'exprime maladroitement, mais est omniprésente : la nostalgie des gens morts, des évènements passés, des premières années de leurs mariages. Le roman se clôt par l'histoire d'un jeune couple qui s'installera vraisemblablement dans le quartier : malgré les temps qui changent, la Place noire accueille et accueillera toujours de nouvelles histoires.
4. Singularité formelle
C'est la désignation du roman « par nouvelles » qui a attiré notre attention sur ce titre : le roman se lit comme un recueil d'anecdotes et de tableaux très cohérent, établi autour des personnages habitant le quartier, et tout particulièrement les clients du Barnabé, le bistrot de la place. D'une nouvelle à l'autre, on découvre les dessous du quartier (littéralement dans la nouvelle « Les dessous ») et la sorte de tristesse qui habite les personnages et le quartier.
Le livre est divisé en sept chapitres ( « Manières et urbanités », qui présente les lieux et quelques personnages, « Les gaîtés du Barnabé », « Le bonheur et le reste », «Au rendez-vous des copains», « Amours, belles amours », « Ce que parler veut dire » et « Ce qui ne se dit pas ») regroupant chacun quatre nouvelles.
Tous les chapitres sont précédés part une ou plusieurs définitions de mots qui entretiennent un lien plus ou moins évident avec les histoires qui y sont associées. Ces définitions sont en quelque sorte des exergues qui donnent le ton de chaque section.
5. Caractéristiques du récit et de la narration
Une seule nouvelle est à la première personne; il s'agit d'un monologue, d'un homme à sa femme décédée. Les autres récits sont narrés par un narrateur anonyme intradiégétique. Ce dernier semble être un client du bistrot et un natif du quartier. Il semblerait que ce soit le même narrateur dans toutes les nouvelles; il pourrait même être l'auteur du monologue, bien que ce ne soit pas confirmé dans le texte.
6. Narrativité (Typologie de Ryan)
6.1- Simple : il semble que le narrateur soit toujours le même (apparemment écrivain d'ailleurs, ce qui pousse naturellement à l'associer à l'auteur).
6.5- Tramée et/ou complexe : comme le roman est explicitement sur le mode du recueil, la catégorie « tramée » me semble la plus juste… Toutefois, les destins des personnages se s'entrecroisent pas vraiment, mais ne sont pas non plus tout à fait autonomes puisqu'ils s'additionnent pour créer le tableau d'un lieu et d'une époque précise. Ils sont des facettes d'une histoire collective, ce qui correspond aussi, mais pas très exactement, à la narration complexe…
7. Rapport avec la fiction
Rien à signaler.
8. Intertextualité
Aucune.
9. Élément marquant à retenir
Les définitions qui accompagnent chaque nouvelle, l'équilibre délicat entre nostalgie et joie de vivre des personnages, l'idée de cycle, de la jeunesse qui reprendra les lieux et les investira à son tour.