1 - Titre : Jet d'encre
2 - Adresse : http://pages.usherbrooke.ca/jet_dencre/
3 - Ligne éditoriale :
« Née du désir de faire entendre les voix singulières d'auteures et d'auteurs francophones confirmés ou de la relève, Jet d'encre est une revue culturelle qui paraît deux fois l'an. Ses bureaux sont situés au Département des lettres et communications de la Faculté des lettres et sciences humaines de l'Université de Sherbrooke. Cette revue de création littéraire publie des textes aux tonalités et aux imaginaires variés, dans la mesure où ils se distinguent comme entités singulières et s'imposent par leurs dispositifs langagiers. Mais encore? Sur quoi donc repose cette unité, sinon l'importance que les écrivains accordent aux trajectoires et inflexions de la voix? Qu'elle soit narrative ou poétique, la voix dans le texte signale l'orientation prise, se donne sur le mode dynamique et avec la force du désir. Autant de mouvements par lesquels l'écrivain peut se faire le témoin de l'expérience littéraire et formuler une vision, subversive ou non, qui marque une nouvelle conscience du présent. Jet d'encre est une revue de création littéraire membre de la Société de développement des périodiques culturels québécois (SODEP). » (informations tirées de la page d’accueil du site)
4 - Appel de textes (tiré du site internet):
« Avant de nous envoyer votre texte, n'oubliez pas de vérifier les points suivants : Nom et coordonnées : indiquez votre nom sous le titre et vos coordonnées (incluant votre adresse électronique s'il y a lieu) à la fin du texte, ainsi que tout autre renseignement utile au moment de communiquer avec vous Nombre de mots maximum : 1750 Mise en page : veuillez rédiger votre texte en Times New Roman 12 points à simple interligne Notice biobibliographique : joignez une courte notice biobibliographique de trois à cinq lignes. »
« Numéro 20 : 15 avril 2012 Centre de gravité : Naissance Un cri, de l'air, de l'ombre, des mains, un corps retiré d'un autre corps, chaud, sanglant et doux. Des yeux. Ou bien : du rouge monté à la fenêtre tôt avant l'éveil. Naissance à soi, à l'écriture, au monde. Naissance commune, révolution. Naissance heureuse. Vers où? Naissance honteuse, douloureuse, fragile, « Vagissement brutal de ce qui gît et s'acharne vers le haut » (José Angel Valente). Dans ce numéro 20, nous aimerions écouter ce qui demande à naître en vous, ce qui en vous commence, vous donne l'élan de vivre et vous continue, car « C'est toujours un même enfant qui revient à travers nous, toujours un même désir qui murmure - mon amour, et se laisse approcher par le désastre. » (Hélène Dorion) »
1- Date du premier numéro : Printemps 2002
2- Historique (comité de rédaction initial et modifications, comité actuel) :
Équipe actuelle : Directeur littéraire : La direction de la revue a été assurée par Natahlie Watteyne (professeure de littérature à l’Université de Sherbrooke)de 2002 à 2009. Jean-Sébastien Huot (auteur et fondateur de la revue Gaz Moutarde) prend la relève en 2009.
Comité de lecture : Amélie Aubé-Lanctôt, Jean-Philippe Boudreau, July Giguère, Jean-Sébastien Huot, Bruno Lemieux, Jean-François Létourneau, Geneviève Machoël, Jean-Philippe Martel, David Paulin, Kiev Renaud.
Administration : Jean-François Létourneau
Responsable de la distribution : Jean-Sébastien Huot
Webmestre : Jean-Philippe Boudreau
Design graphique : Vanessa Duval
3- Sections de la revue (typologie utilisée dans la table des matières) et genres représentés
La revue publie plusieurs types de textes. Dans les divisions de la table des matières, on retrouve les sections « Poésie », « Prose », « Essais », « Entretiens » et « Traductions »; la catégorisation des textes repose à la fois sur leur genre et sur leur contenu.
4- Auteurs récurrents
Pour ce qui est des collaborateurs et des auteurs qui y sont publiés, la plupart des auteurs participants ont déjà des publications professionnelles à leur actif, parfois même des prix littéraires. Ils ont à peu près tous publié dans d’autres revues de création ou occupent une place dans le paysage littéraire québécois (professeurs, rédacteurs, auteurs publiés, etc.). On observe une proportion à peu près égale de relève (étudiants ou auteurs amateurs publiés dans des revues) et de noms reconnus (auteurs, membres de comités de sélection dans des maisons d’éditions, professeurs, etc.) Quelques acteurs de la scène littéraire ont collaboré à la revue (voici une liste non exhaustive; certains collaborateurs ont publiés dans plusieurs numéros de la revue) : Gaétan Soucy, Gilles Pellerin (L’instant même), Marie-Sissi Labrèche (Boréal), Jean-François Poupart (Éditeur de Poètes de brousse), Luc Larochelle (Triptyque), François Hébert (a dirigé la revue Liberté), Aude, France Daigle, Pierre Nepveu. Marie-Claude Malenfant (comité de lecture de l’Instant même), Jean-Marc Desgent (Prix du Gouverneur Général en 2005), Geneviève Letarte (comité rédactionnel de la revue L’inconvénient), Louise Desjardins (Boréal, Léméac, La courte échelle), Catherine Mavrikakis (Léméac), Douglas Gordon Jones, Jean-Sébastien Huot, Kim Doré (co-directrice des éditions Poètes de brousse), François Dumont, Bertrand Gervais, Fernand Ouellette (cofondateur de Liberté, Radio-Canada), Esther Croft (Boréal).
5- Filiation avec une maison d’édition (est-ce que la revue « teste » des auteurs qui rejoignent ensuite la maison d’édition? Met-elle de l’avant les nouvelles recrues de éditeurs?)
La revue n’est pas affiliée à une maison d’édition, mais elle est rattachée à l’Université de Sherbrooke. La localisation de cette revue est importante : l’équipe souhaite mettre en valeur la littérature sans copier les modèles des grands centres comme Montréal, et créer une revue qui reflète la diversité linguistique de la région, ce qui explique probablement la place de choix que la revue accorde à la traduction (voir point 9).
« Pourquoi pas une revue qui, depuis Sherbrooke, solliciterait des textes d’écrivains de diverses régions, qu’ils soient essayistes, nouvelliers ou poètes? Ne nous cantonnons pas à un terroir ou à un genre particuliers, ces créneaux ne correspondent pas vraiment à notre vision des choses… – Et surtout pas une revue pour écrivains en émergence, comme on dit poliment dans un milieu où trop peu de place est consentie à la relève… Encore moins une revue de création pour auteurs confirmés seulement! – En lien avec le bilinguisme de notre région, que nos pages soient ouvertes aux écrivains de différentes communautés linguistiques et culturelles… Il a coulé beaucoup d’eau sous les ponts depuis, il s’est fait pas mal de travail aussi, et les trois membres fondateurs de la revue sont devenus six… Mais c’est ainsi, grosso modo, que Jet d’encre est né. Une autre revue littéraire, me direz-vous? Sous l’apparente diversité des formes et des cultures, les positions esthétiques de la revue n’en sont pas moins particulières : Jet d’encre entend publier des textes qui s’imposent par leurs dispositifs langagiers. Le pari est certes ambitieux. Il s’agit ici d’une revue sherbrookoise qui n’est pas partisane du régionalisme (hop, par ici la montagne…) et qui sollicite deux fois l’an les textes d’auteurs francophones confirmés ou de la relève. Qui fait place à l’essai littéraire et qui, dans chaque numéro, présente le texte d’un auteur anglophone, par le biais d’une traduction originale. » (Nathalie Watteyne, « Liminaire », dans Jet d’encre, numéro 1, 2002)
6- Conception de la littérature (fonction, objectifs, etc.)
Visiblement motivée par un désir de se démarquer des revues de création existantes, Jet d’encre a une politique éditoriale axée sur la recherche de voix singulières et de la diversité des formes et des propositions. Basée à l’Université de Sherbrooke, l’équipe éditoriale veut mettre en valeur la littérature sans calquer les modèles d’édition de Montréal et sans se limiter uniquement à la relève (d’ailleurs, le format trapézoïdal de la revue marque cette volonté de sortir de la masse et d’innover). « Née d’une passion commune pour les voix singulières et les imaginaires variés, Jet d’encre souhaite promouvoir l’écriture actuelle sous toutes ses formes. […] Son rattachement au milieu universitaire en fait un lieu propice aux échanges et aux discussions. Nous ne cherchons pas à défendre des idées, encore moins une génération ou une autre, mais à ouvrir une fenêtre sur l’univers des écrivaines et des écrivains qui établissent leurs textes « au centre de la déchirure », ce qui, aux yeux de Jacques Brault, constitue le choix de l’écrivain responsable. C’est là, avec ses formes de subjectivité très variables, notre principal critère de publication, que les textes soumis à la revue le soient par les auteures et auteurs confirmés ou non. […] Jet d’encre fait ainsi paraître des textes où se dit une conscience vive du présent […] Au risque parfois de briser la syntaxe. Qui prennent en charge l’ici et maintenant. À qui importe la rigueur de construction autant que la justesse de parole. […] Forte de ce programme, la revue entend publier des textes qui s’éloignent du convenu et qui privilégient des univers marginaux où se jouent des conflits de valeurs et des pertes de repères. Les thèmes n’ont pas à être déroutants, ce sont les dispositifs langagiers et les inflexions de voix qui donnent leur coloration particulière aux textes où se dit un désir […] C’est dans cet anticonformisme d’esprit qui ne ressemblerait pas à une parade narcissique que nous souhaitons nous tenir. Et c’est la raison pour laquelle nous ne saurions tendre un programme esthétique précis, comme l’écriture blanche ou surchargée de valeurs expressives […]» (Nathalie Watteyne, « Prise de position », no. 5 (2004), p. 9-10 )
Plus axée sur la mise en valeur de la forme et de la construction du discours, la revue, comme le souligne Nathalie Watteyne, ne véhicule pas d’idées précises sur la vie, la société, etc. Elle met toutefois de l’avant une conception de la littérature comme reflet du présent. Par la présence d’essais, d’entretiens avec des auteurs et de numéros spéciaux consacrés, entre autres, aux écritures hétérogènes et la traduction, la revue engage une réflexion sur l’écriture et la littérature. Elle façonne une image de la littérature par les idées véhiculées dans les essais et par le choix des textes des numéros spéciaux. En ce sens, elle peut être considérée comme hybride. Par exemple, le numéro 10, numéro spécial sur les écritures hétérogènes se veut un hommage aux textes ouverts, c’est-à-dire ceux qui se prêtent à des lectures plurielles. Nathalie Watteyne, alors directrice de la revue, caractérise l’hétérogénéité par les jeux de langages, de voix et de caractères, l’alternance vers/prose, les changements de registres et de tons. Dans ce numéro, l’hétérogène est associé à une identité trouble et à une perception troublée, fragile ou perplexe du monde, associé à la liberté et à la transgression, à l’insoumission aux codes.
7- Récurrences (thématiques, concours, contributions, etc.)
Seuls quelques numéros sont thématiques. Les récurrences majeures s’observent dans la liste des collaborateurs.
8- Présentation matérielle de la revue (changements, particularités)
Format trapézoïdal qui, selon l’équipe, reflète le désir de créer une revue qui sort de la masse et qui innove.
9- Remarques et observations
Jet d’encre fait une place de choix à la traduction. La catégorie « Traductions » inclut tout texte, en vers ou en prose, traduit d’une langue étrangère vers le français. La position de la revue par rapport à la traduction est digne de mention : deux numéros (12-13) sont consacrés à la littérature de l’Amérique et aux écrivains-traducteurs : un essai de Gilles Cyr sur le processus de création dans la traduction semble donner le ton à la conception de la traduction dans la revue : « Dans un monde où les frontières sont poreuses, nous souhaitons rendre hommage aux écrivains-traducteurs, indispensables à la libre circulation des voix d ‘ici et d’ailleurs. Le rôle de l’écrivain-traducteur n’est-il pas d’adapter les phrases selon les contextes et de rendre en teneur le sens aux voix littéraires, plutôt que de trouver la correspondance d’un mot à l’autre, d’une langue à l’autre ? » (David Paulin, « Liminaire », no 12, p. 9) La pluralité des traductions d’un même texte est mise en valeur dans le numéro 13 avec la mise en série de plusieurs versions françaises du même poème. Dans tous les numéros, les traductions sont accompagnées du texte en langue originale, ce qui permet de mettre les textes en parallèle et de comprendre les subtilités de la traduction. À ce sujet, il est intéressant de mentionner que l’Université de Sherbrooke comporte un diplôme de premier cycle en Études anglaises et interculturelles qui se consacre à la littérature, à la traduction et à la rédaction. Cela peut expliquer le fort attrait de la revue pour la traduction et la conception qui est véhiculée de celle-ci.