But :
En arriver à une compréhension des problé¬matiques littéraires qui, au Qué¬bec et en France, servent à définir le contemporain et/ou à repérer et à croiser différents problèmes déjà présents dans la critique littéraire. Cette synthèse du discours critique dans son ensemble doit permettre 1. de mettre l’accent sur le narratif 2. d’aborder le corpus narratif contemporain d’un point de vue formel (poétique et esthétique).
Hypothèse de départ :
Il y aurait un découplage entre les discours critiques québécois et français sur le contemporain. Par exemple =
1) Perspective institutionnelle :
a) France : moins reconnu par l’institution universitaire, l’ « extrême contemporain » est une catégorie « osée » qui remet en cause l’habitus académique.
b) Québec : l’enseignement univer¬si¬taire, la recension critique et le commentaire savant des œuvres contemporaines vont de soi (même s’ils ne semblent pas toujours reconnaître de valeur particulière à cette contemporanéité).
* La suprématie du registre narratif s’impose de part et d’autre comme une singularité con¬tem¬poraine (retour du récit, redécouverte des pou¬voirs de la fable, qui viendraient après tous les dénis de la littérature dite « du soupçon »); ce constat donne lieu à des recherches distinctes.
a) France : Ex : La visée panoramique des travaux de Do¬mi¬nique Viart (Viart et Vercier, 2005) met en lumière les enjeux cognitifs et éthiques du narratif en dis¬tin¬guant toute une série de manières qui incarnent le devoir de mémoire (récit de filiation, essais-fictions, etc.). Ex : le questionnement de Dominique Rabaté sur l’exténuation du ro¬ma¬n¬esque au profit d’une voix récitante (1991, 2006). Ex : la volonté fran¬çaise d’établir une série ca¬nonique (Des Forêts, Michon, Bergounioux, Millet, Quignard, Echenoz) qui n’a pas d’équi¬valent au Québec.
b) Québec : reprend ces éléments (sauf la volonté d’établir une série canonique), mais, surtout : on note une in¬flexion marquée de tout un pan de la recherche québécoise vers l’imaginaire (ÉRIC LINT, Figura), l’intermédialité (CRI) ou les fractures identitaires (Ouellet (2003), Harel (2006), le Soi et l’Autre) qui informent les pratiques con¬tem¬po¬raines.
Méthodologie proposée :
Archéologie du contemporain en dialogue avec les notions de modernité et de postmodernité. Étude systématique des modalités de la construction du contemporain au Québec et en France
→ Examiner de près les discours critiques qui balisent les deux littératures en cause de manière à reconnaître les enjeux com¬muns, mais aussi les points de diffraction dans la saisie, la construction et la reconnaissance de la no¬tion de contemporain.
1) Qu’est-ce qui a changé et change encore dans l’histoire récente pour faire le lit à une certaine idée du contemporain? (aspect historique)
2) Qu’est-ce qui a changé et change encore dans le rapport France/Québec pour expliquer que les discours se différencient alors que les pratiques se ressemblent? (aspect comparatif)
Traverse pourrait bien être le mot-clé de notre approche. Nous cherchons des notions qui puissent permettre de traverser les frontières entre les pays et entre les théories, de manière à lier ce qui demeure normalement séparé dans la critique. Par exemple, la notion de préca¬rité, proposée par Frances Fortier, permet de pénétrer les discours sur la crise de la représentation, sur la mort de la littérature, etc., et de jeter des ponts vers la seconde partie : poétiques de la bri¬sure, de l’amuïssement, ou autres.
Les notions envisagées dans cette première partie ne relèvent pas encore directement de la poétique ni de l’esthétique. Elles tiennent davantage de la situation de la littérature dans le monde et la culture contemporains. Ainsi la notion de médialité, dégagée de l’approche de Marie-Pascale Huglo, fait-elle référence à la position non dominante, dans le monde contemporain, du langage écrit par rapport aux autres médias, en particulier visuels. De même, la notion de précarité té¬moigne de la position, jugée fragile par certains, de la littérature dans le présent historique. Les concepts développés par la critique littéraire contemporaine croisent, en plusieurs endroits, ces préoc¬cupations liées à l’historicité et à la « mondanéité » de l’art d’écrire.
Contribution de cette première partie :
Nous constatons qu’une véritable réflexion comparatiste tenant compte du discours cri¬tique et de l’institution littéraire continue de faire défaut.
Idées de chapitre :
Précarité (crise de la représentation, mort de la littérature…)
Liminarité (décentrement par rapport à la littérature/à l’héritage, à la nation, à la France…)
Médialité (position de l’écrit par rapport aux autres médias, littérature et nouvelles techno¬lo¬gies…)
Oralité (rapport de l’écriture au langage parlé, au joual, aux patois, aux vernaculaires…)
Pauvreté (littérature du pauvre, « Belle Langue », épuisement, minoration, absence de maître…)
Intimité (retour du sujet, repli familial ou généalogique, parcellisation des sphères littéraires…)
Validité (question de la valeur, mécanismes de validation, distance critique minimale, durée et postérité des œuvres…)
[Réalisée à partir de la demande de subvention, du plan proposé lors de l’atelier, ainsi que des divers rapports de recherche des assistants et de tous les documents pertinents…]
Les grands événements qui marquent la France et le Québec à la période contemporaine, la nécessité de « nommer » cette période, la question de la datation, le lien avec les notions de modernité et postmodernité. Genèse de l’idée de contemporain, d’extrême contemporain, etc.
1. Quelles dates balisent le contemporain ?
a. Le contemporain et la littérature contemporaine coïncident-ils historiquement ?
b. Quel(s) critère(s) évoque-t-on pour baliser cette littérature ?
i. Critères historiques (la datation correspond à un moment, à un événement historique)
ii. Critères esthétiques (la datation correspond à l’avènement de formations discursives nouvelles, d’un nouvel ordre du discours littéraire, etc.)
En France : Le contemporain commence autour du début des années 1980
- Historiquement lié à : la chute du Mur de Berlin, la fin des idéologies, et le com¬men¬cement de l’ère postmoderne
- Esthétiquement lié à : la fin de l’avant-garde, la mort des derniers critiques struc¬tu¬ra¬listes, et les « retours » variés : celui du sujet (entre 1975 et 1980), celui du réel (autour de 1980) et celui du narratif (ici il y a débat : entre 1980 et 1990)
- Question à creuser : sommes-nous dans la même époque qui a commencé au début des années 1980 ? Que fait la littérature maintenant ? Pourquoi la critique parle-t-elle toujours des mêmes enjeux, en commençant aux années 1980 et jusqu’à nos jours ? (Leppik, bilan 2.1 ; voir aussi 2.2)
Voir aussi les fiches de Langevin, de Otis et de Marcotte
2. Quel(s) lien(s) la littérature contemporaine entretient-elle avec l’Histoire (transiti¬vi¬té/intransitivité; contestation/refus du réel; dynamique compensatoire, etc.) ?
Leppik : Une caractéristique majeure de la fin de la Modernité et du contemporain est une énonciation consciente d’elle-même. Alors que plusieurs critiques soutiennent que la littérature française est morte, ne pourrait-on pas dire justement l’opposé ? C’est-à-dire, que la littérature se réveille et commence à se poser ses propres questions ? Ce n’est qu’une hypothèse.
3. Quel(s) lien(s) la littérature contemporaine entretient-elle avec la littérature précédente (subversion/déconstruction; approfondissement de certains enjeux, etc.)?
Leppik : La relation qu’entretient la littérature avec son passé littéraire est une relation de soupçon et de hantise, mais aussi de curiosité et de deuil d’un certain passé intellectuel. (Bilan 2.1)
Voir, pour cette section, les rapports de recherche d’Auger et de Leppik
A) Auger : Voir le rapport final (bilan 4) sur la question du contemporain vue par les critiques québécoises. Le rapport avec la période précédente (la période de 1960-1980), la difficulté de lire le contemporain dans une continuité his¬torique, etc.
B) Leppik : Voir l’ensemble de ses bilans. Elle insiste entre autres sur le fait que, selon les critiques français, « la littérature de nos jours se permet tout. Elle semble, à première vue, vouloir défaire le travail de la modernité. Mais cette dernière remarque ne tient pas compte d’un fait d’une grande importance : oui, la littérature narrative contemporaine se permet tout, mais cela à condition de n’être dupe de rien. » (Bilan 1)
« Bien que la critique littéraire s’inquiète de l’avenir de la littérature française narrative […], la littérature elle-même se penche plutôt sur son passé et, plus spécifiquement, sur ses relations avec la modernité. Alors que plusieurs chercheurs avancent l’argument peut-être trop aisé que, par définition, il ne peut y avoir de fin à la modernité (le principe qui conduit la modernité est celui de la rupture – la rupture que constitue la postmodernité ne serait donc que la continuation paradoxale de ce principe…), force est de constater qu’au début des années 1980, la littérature française se transforme profondément. » (Bilan 2.2)
La notion de contemporain et les productions contemporaines dans leur rapport à l’insti¬tution. Approche comparatiste de ce qui se fait en France et au Québec du point de vue de la critique, spécialement la critique universitaire. Les enjeux, selon la critique, de la littérature contemporaine, tant en France qu’au Québec = discours critiques différents.
[Liminarité (décentrement par rapport à la littérature/à l’héritage, à la nation, à la France…); Pauvreté (littérature du pauvre, « Belle Langue », épuisement, minoration, absence de maître…); Validité (question de la valeur, mécanismes de validation, distance critique mi¬ni¬male, durée et postérité des œuvres…)]
1. Quelles questions préoccupent le discours sur le contemporain ?
2. Quelle est la valeur de la littérature contemporaine? En quels termes la définit-on?
3. Quels sont les auteurs rattachés à la littérature contemporaine ? (De qui parle-t-on ? Y a-t-il des auteurs qui n’appartiennent qu’en partie à cette littérature ?)
Voir les rapports de recherche d’Asselin, d’Auger et de Leppik.
A) Asselin :
« Il est plutôt étonnant de constater que le discours critique français, a priori frileux à l’idée de considérer la production actuelle, ne travaille pas moins depuis quelques années à l’élaboration d’un panorama étoffé des enjeux esthétiques du narratif. Au contraire, si l’institution québécoise ne met aucunement en doute la légitimité de l’étude du contem¬porain, la critique ne montre toutefois pas autant d’empressement, voire de curiosité ou d’audace, à cartographier l’état présent – ou les états présents – du roman. […] Les cher¬cheurs qui s’emploient à cartographier le paysage romanesque contemporain (à grande ou à petite échelle) mettent d’emblée de l’avant le pluralisme irréductible de la production, qui rend dès lors difficile, voire incertaine et réductrice toute entreprise de classification – à laquelle ils ne se prêtent pas moins, mais sous toutes réserves. » (Bilan 2)
« Rareté et pauvreté du discours critique en matière de catégorisation. Le paradoxe est le suivant : en dépit de l’hétérogénéité de la production romanesque québécoise qui justifie la rareté des études au dire de ceux qui évitent l’effort ou qui l’osent sous toutes réserves , les exercices de catégorisation apparaissent redondants d’un ouvrage à l’autre. On n’utilise pas nécessairement les mêmes expressions pour désigner une forme nouvelle ou modulée – quoique la chose soit fréquente – mais, dans l’ensemble, on ne relève pas moins les mêmes pratiques (minimalisme, nouveau baroque, littérature intime, récits discontinus…) et les mêmes thèmes (l’identité individuelle, laquelle passe par une réflexion sur la sexualité, la condition féminine, l’enfance, l’écriture…). À cela, deux hypothèses : ou bien le corpus n’est pas aussi disparate qu’on le laisse entendre, ou bien les travaux échouent à rendre compte avec exactitude de la situation littéraire actuelle. Dans un cas comme dans l’autre, il y a matière à renouveler un discours qui manque de rigueur. » (Bilan 3)
B) Auger (domaine québécois) : Voir bilans 1 et 4. Une certaine homogénéité du discours cri¬tique malgré l’hétérogénéité (questionnable en ce sens) de la production, la critique s’ins¬crivant essentiellement dans le sillon de la thèse de Pierre Nepveu (mort et naissance de la littérature québécoise). « Évolution » de la critique selon le modèle des « trois généra¬tions ». La littérature québécoise devient « contemporaine » à partir du moment où elle s’universalise (bilans 1, 2 et 4).
C) Leppik (domaine français) : « Bien que la critique littéraire s’inquiète de l’avenir de la lit¬té¬rature française narrative […], la littérature elle-même se penche plutôt sur son passé et, plus spécifiquement, sur ses relations avec la modernité. ». […] « Accusée de narcissisme et de nombrilisme, et déclarée morte, la littérature française narrative cherche, me semble-t-il, à se relégitimer. Elle révèle une quête d’origines qui se joue à plusieurs niveaux : le per¬son¬nage, le narrateur, le genre romanesque, la littérature française, l’écrivain et l’être hu¬main font enquête pour reconstituer – ou pour faire advenir par le seul acte d’écrire, de ra¬conter – leurs origines. » (Bilan 1) Sur la question de la valeur de cette littérature, il n’y a bien sûr pas d’accord dans la critique. (Bilan 2.2)
Voir aussi le rapport de Phillip Schube Coquereau (à venir)
Explications et réflexions sur les notions qui balisent le contemporain dans les deux litté¬ratures = pratiques communes malgré la différence du discours critique. Quels concepts sont évoqués (voire construits) pour rendre compte de cette littérature ? Et, du même coup, proposition de nouvelles approches et notions afin de traverser les frontières entre les pays et entre les théories, de manière à lier ce qui demeure normalement séparé dans la critique.
[Médialité (position de l’écrit par rapport aux autres médias, littérature et nouvelles tech¬no¬logies…) ; Précarité (crise de la représentation, mort de la littérature…); Intimité (retour du sujet, repli familial ou généalogique, parcellisation des sphères littéraires…)] Question des genres, du biographique comme enjeu critique, etc.
Voir les rapports de recherche d’Asselin (domaine québécois) et Leppik (domaine français)
A) Asselin :
Diversité des appellations et des sous-catégories pour témoigner d’une même pratique; travail de « nomination », multiplication des désignations avec peu ou pas d’explications, etc. L’hétérogénéité de la production contamine ainsi le discours critique, alors que, au fond, on retrouve étonnamment les mêmes singularités narratives (récit fragmenté, mé¬lange ou indétermination générique, intertextualité, intermédialité, interdisciplinarité, etc.) (Bilan 1, 2 et 3)
« Le geste de nomination de la critique québécoise s’inspire pour beaucoup des efforts fran¬çais. » (Bilan 2)
« Un certain manque de rigueur terminologique : les efforts terminologiques pour carac¬té¬ri¬ser la production actuelle laissent voir un certain laisser-aller de la critique qui, tantôt re¬prend les expressions inventées par les chercheurs français (« récit de filiation », « auto¬fiction », « minimalisme »…) sans préciser si les pratiques québécoises témoignent des mêmes enjeux (on peut en douter), tantôt utilise des étiquettes antérieures auxquelles elle ajoute l’adjectif « contemporain » pour en marquer la différence ou la nouveauté (« roman familial contemporain », par exemple). Rares sont donc les chercheurs qui proposent leur propre exercice terminologique à partir, surtout, d’un corpus exclusivement québécois – sinon peut-être Jacques Allard (1997) qui, par « roman mauve », désigne toute œuvre méditative et intimiste. Cette posture de la critique suggère au moins trois choses : ou bien la littérature contemporaine ne fait que prolonger ce qui précède, modulant tout au plus certaines pratiques (on parle d’ailleurs plus volontiers de stratégies modulées que radicale¬ment nouvelles) ; ou bien elle s’inscrit en harmonie avec le corpus français ; ou encore le discours critique manque d’outils (ou de volonté) pour décrire autrement la situation. » (Bilan 3)
B) Leppik : Elle parle d’une « posture dialogique » pour décrire la littérature contemporaine française (Bilan 1); « C’est en effet cette posture dialogique (entre le présent et le passé, entre l’héritage et la modernité, entre la réflexion et la fiction, entre l’histoire et l’ima¬ginaire, et aussi bien entre le sujet et l’autre) qui caractérise peut-être le mieux la littéra¬ture de nos jours (Viart : « Écrire au présent : l’esthétique contemporaine »). » Les « Bio¬gra¬phies imaginaires » seraient les meilleures représentantes des différents courants contemporains. (Bilan 1)
Question : Quels sont les sous-genres narratifs majeurs de la littérature contemporaine ?
- Vu le statut « éclaté » des genres narratifs, il est très difficile de parler de « genres », on pourrait plutôt parler d’enjeux majeurs
- Cependant, il est possible de distinguer « autofiction », « nouvelle fiction » et « nou¬veau nouveau roman » comme sous-genres majeurs.
- Question à creuser : l’idée de « genre » a-t-elle un sens quand il s’agit du contem¬po¬rain ? N’est-ce pas une des spécificités intéressantes du contemporain ? Faut-il réévaluer le concept même de « genre » à la lumière des mutations de la fin du XXe siècle ? Qu’est-ce que « genre » veut dire quand il s’agit du contemporain ? (Bilan 2.1 + 2.2) Beaucoup de critiques disent que la fonction narrative a changé – le narrateur ne raconte plus, il enquête. Il devient donc le lieu même d’un questionnement sur le monde, sur les discours, et sur lui-même. Cette pression narrative éclate-t-elle le cadre de l’oeuvre, rendant inutile la notion du genre ? (Bilan 2.1)
Leppik souligne aussi, à de nombreuses reprises, l’importance du concept de « fiction critique » qui pourraient faire le pont entre les deux parties.
Voir aussi Auger, rapport 4, dernière partie, sur les grands courants de la littérature québécoise contemporaine.
But :
Le deuxième volet de la recherche consistera à cartographier le champ de la littérature nar¬ra¬tive contemporaine dans les deux littératures en cause et à en dégager le sens. Déceler les traits es¬thétiques et poétiques qui caractérisent les œuvres identifiées comme contem¬po¬raines (analyse formelle du corpus, basée sur les résultats de la première partie). Les analyses pourront s’engager dans diverses voies ouvertes au fil de la première partie. Il s’agi¬ra de creuser certains problèmes précis par des analyses formelles comparatives.
Pistes proposées :
- les œuvres narratives québécoises d’au¬jourd’hui peuvent-elles encore être lues, comme au temps du Nouveau Roman ou de Tel Quel, dans le sillage des discours théoriques sur le con¬tem¬porain ?
- La « fin des avant-gardes » a-t-elle signifié la mise à mort d’un certain « ordre du dis¬cours » et, par ricochet, un découplage définitif entre les normes esthétiques fran¬çaises et la production qué¬bé¬coise ?
- À l’ère de l’anything goes, cela a-t-il encore un sens de parler de « littérature contem¬po¬raine » autrement que pour dater une production ?
Méthodologie :
À partir des recherches sur la construction de la notion de con¬temporain, analyse des paramètres formels et esthétiques les plus significatifs des textes du cor¬pus dans une perspective compa¬ra¬tiste. Certaines recherches ou propositions critiques peuvent être mises en parallèle :
1) modèle de transaction générique caractéristique des œuvres littéraires parues depuis 1980 (travaux de l’équipe « Dynamique… ») qui peut être rap¬proché de la question de l’indé¬ci¬da¬bilité générique sou¬levée notamment, en contexte français, par Blanckeman (2000 ; Blanckeman et Millois, 2004)
2) la reconnaissance d’une nar¬ra¬ti¬vité transversale, présente tant dans l’essai et le théâtre que dans le récit proprement dit, pourrait donner lieu à une interprétation approfondie des propositions de Declercq et Murat (2004) ou de Baudelle (lors des journées d’étude sur « le Romanesque dans la littérature française » tenues à Lille les 8 et 9 juin 2006) sur l’existence d’un romanesque détaché du roman.
Il s’agira donc de reconnaître, d’iden¬¬ti¬fier et d’in¬ter¬préter dans les deux corpus quelques para¬mètres correspondant à une certaine idée du con¬temporain à partir des observations sémio¬sty¬listiques qui découlent de nos recherches ac¬tuelles sur les manières de raconter. Les voies privilégiées sont :
1) l’étude de la fiction¬na¬lisation du réel (ex : les projets Dion et Fortier sur la biographie d’écrivain )
2) de la dé¬construction de l’autorité narrative (ex : le projet Fortier et Mercier « L’ébran¬lement de l’autorité narrative » )
3) de l’éclatement du cadre de l’œuvre (ex : les projets de René Audet )
4) le mi¬ni¬ma¬lisme nar¬ra¬tif (ex : projet de Marie-Pascale Huglo sur la littérature narrative ac¬tuelle, et spécialement sur les imaginaires de la voix et les poétiques de l’ordinaire )
→ Ces enjeux seraient les vecteurs formels ma¬jeurs de la littérature nar¬ra¬tive contem¬po¬raine.
Idées de chapitres :
Autorité (narration, vraisemblance…)
Sensibilité (sens, émotion, phénomènes…)
Indécidabilité (genres, hybridations, hétérogénéité…)
Récursivité (intertextualité, autoréflexivité, dérivations, répétitions…)
Transitivité (réel, fiction, biographique, témoignage, document, archive…)
Tonalité (tons, minimalisme, ironie…)
Etc.
Les pratiques narratives contemporaines
(Réalisé par Manon Auger, juin 2009)