====== Mathieu Arsenault (2008), Vu d'ici ====== ==== I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE ==== Auteur : Arsenault, Mathieu Titre : Vu d'ici Éditeur : Triptyque Collection : - Année : 2008 Éditions ultérieures : - Désignation générique : roman (couverture, page de grand titre et 4e de couverture) Quatrième de couverture : Comment peut-on continuer de vivre au quotidien devant le spectacle répété à chaque soir du chaos mondial aux nouvelles télévisées? On peut toujours fermer les yeux, mais lorsque c’est le corps en entier qui se trouve modelé, avalé et recraché par le flot des actualités, il faut se mettre à chercher en soi un peu de cohérence, même langagière, pour recomposer une phrase qui permette de dire quelque chose de sensé. Brillant pamphlet contre la télévision, ce roman satirique agit comme un cri d’alerte et nous permet de prendre conscience des effets pernicieux et dévastateurs de cet écran omniscient braqué sur nos vies. « Il ne se passe rien il n'y a pas d'intrigue pas de salut et ce qui est horrible c'est qu'on apprend plus rapidement à fréquenter les atrocités en changeant de chaîne ou en fixant le vide qu’a douter de tout devant le spectacle de l'effondrement du monde j'aime les sushis le beau temps l'odeur de l'herbe fraîchement coupée l'odeur de l'essence lâcher au bon moment la gâchette de la pompe à essence pour que ça fasse un chiffre exact et pourtant qu'est-ce que cette sourde et minuscule angoisse [...] » À propos d'Album de finissants : « Mathieu Arsenault signe une première œuvre qui devrait, s'il y avait une justice, le situer parmi nos romanciers vedettes. À défaut d'une telle reconnaissance, il pourra se satisfaire d'avoir trouvé, mieux que quiconque, les mots qui disent la souffrance et l'ennui des adolescents que l'école est censée préparer à « “la vraie vie”. » - Réginald Martel, La Presse Notice biographique de l’auteur : Mathieu Arsenault est né en 1976 à Rimouski. Il a écrit dans Mœbius, Jet d'encre, Ectropion et collabore régulièrement à la revue Spirale. Il est aussi slammeur. Il a fait paraître Album de finissants (2004), un roman salué par la critique, et un essai, Le lyrisme à l'époque de son retour (2007). ==== II - CONTENU ET THÈMES ==== Résumé de l’œuvre : Mathieu, le plus souvent affalé devant sa télé, dans une maison de banlieue, dévoile ses pensées vitrioliques. Le roman est séparé en cinq sections: nouvelles internationales, continentales, nationales, régionales et locales et plusieurs des réflexions décousues de Mathieu proviennent de près ou de loin de ce qu'il contemple à l'écran, comme en témoigne l'abondance de références télévisuelles. Une bonne partie du mode de vie occidental y passe (surconsommation, inégalités sociales, l'humain comme robot, etc.), mais c'est surtout contre la télévision que se déchaîne le jeune homme. Elle est accusée d'encourager tour à tour la servilité, le conformisme et l'inaction en remplissant la tête des téléspectateurs d'images pour les endormir. Mathieu, lui, n'y échappe pas et le roman montre bien comment l'intelligence du jeune homme est constamment attaquée à la fois par le trop-plein et l'absence de sens que lui fournit la télévision. Il a conscience de son aliénation, mais ne parvient pas y échapper sauf peut-être lorsqu'il fait la connaissance de Rosemarie, avec qui il semble remonter plus facilement à la surface pour lutter contre son apathie. Bref, un roman du combat de l'action consciente contre l'indolence, des yeux ouverts contre les œillères. Thème principal : les médias [abrutissement face aux médias] Description du thème principal : C'est vers la télévision que sont dirigées la plupart des attaques de Mathieu. Thèmes secondaires : conformisme, révolte. ==== III- CARACTÉRISATION NARRATIVE ET FORMELLE ==== Type de roman (ou de récit) : roman Type de narration : autodiégétique Personnes et/ou personnages mis en scène : - Lieu(x) mis en scène : Canada Types de lieux : salon Date(s) ou époque(s) de l'histoire : époque contemporaine Intergénérité et/ou intertextualité et/ou intermédialité : Speak White de Michèle Lalonde est transformé afin de critiquer la société de consommation : « je ferme ma gueule parce que speak white il est si beau de vous entendre parler du x-box 360 ou de l'augmentation de votre pouvoir d'achat speak white best buy and loud qu'on vous entende de boucherville à beauport pour enterrer le bruit des os qui craquent quand on me passe dessus le rouleau compresseur des privatisations et des baisses d'impôts speak bas prix parlez-nous de choses et d'autres parlez-nous de la semaine où on paie les deux taxes ou du concours gagnez vos achats visa speak grande liquidation nous sommes un peuple peu brillant mais nous sommes capables d'apprécier une offre qu'on ne peut refuser au future shop de mon quartier […] » Particularités stylistiques ou textuelles : Le narrateur, Mathieu, dévide sa pensée en paragraphes d'une à deux pages. Sauf exception, chacun ne contient qu'une seule phrase sans ponctuation hormis la majuscule de départ et le point final. Cela accentue l'impression de lire un flux de conscience empreint de colère et de frustration, une sorte de scansion sans règle et “défoulante”. Car même sans ponctuation et avec une syntaxe parfois douteuse ou minimaliste, un certain rythme s'impose, révélateur d'un discours acharné à dénoncer un écran abrutissant autant qu'un mode de vie abêtissant. On retrouve aussi une panoplie de références culturelles et de liens avec l'actualité. Auteur(e) de la fiche : Sébastien Hogue