Auteur : Archibald, Samuel
Titre : Arvida
Éditeur : Le Quartanier
Collection : Polygraphe
Année : 2011
Éditions ultérieures : -
Désignation générique : Histoires (page couverture)
Quatrième de couverture : « À l’autre bout du monde il y a Arvida, ville modèle érigée au début du vingtième siècle par l’industriel américain Arthur Vinning Davis. Le narrateur de ce livre est né là, dans la capitale de l’aluminium, construite en cent trente-cinq jours. Petite utopie nordique peuplée de braves gens, de menteurs compulsifs et de pures crapules. Dans les quatre paroisses d’Arvida, le long du Saguenay et par-delà l’horizon bleuté des monts Valin, on se raconte des histoires de nuits en forêt et de matins difficiles. Des histoires de jeunes filles innocentes et de bêtes sauvages, de meurtres ratés et de mutilation rituelle, de roadtrip vers nulle part et de maison hantée. Des histoires tantôt tristes, tantôt drôles, tantôt horribles, et souvent un peut tout ça à la fois, mémorables pour leur profonde authenticité, même si, il faut bien le dire, elles sont toutes à moitié fausses et à moitié inventées. Digne fils de son conteur de père, Samuel Archibald se révèle dans ces pages un émule de Cormac McCarthy obsédé par Proust, un héritier d’Anne Hébert qui a trop lu Jim Thompson et Stephen King. »
Notice biographique de l’auteur : « Samuel Archibald est né en 1978 à Arvida. Il vit à Montréal. »
Résumé de l’œuvre : Arvida se compose de quatorze « histoires », des nouvelles, dont la plupart tournent autour de la ville québécoise d’Arvida, au Saguenay. Ces nouvelles explorent la solitude, les ambivalences, voire la folie d’êtres à des moments cruciaux de leur vie (la mort, la séparation, la maladie, etc.) dans des lieux isolés. La suite « Arvida » flirte avec l’autofiction (utilisation de la première personne du singulier et du prénom « Sam », métaréflexion portant sur l’écriture d’histoires.) L’histoire « Jigai », remarquable par le caractère cru des descriptions de mutilations corporelles, se déroule dans un village japonais.
Thème principal : L’identification d’un thème principal apparaît difficile. Chaque histoire apparaît telle l’une des pierres dans l’édification d’une mythologie familiale, arvidienne. En ce sens, le sujet central est la ville d’Arvida elle-même, ses histoires de famille, ses gloires et ses revers.
Description du thème principal :
Thèmes secondaires : Amitié, Amour, Enfance, Famille, Fuite, Mort, Nostalgie, Région, Séparation, Solitude.
Type de roman (ou de récit) : Recueil d’histoires.
Type de narration : Le type de narration varie d’une histoire à l’autre. Le narrateur autodiégétique n’est pas le même d’une histoire à l’autre. La série des « Arvida » paraît être liée entre autres par la narration homodiégétique. Son narrateur se désigne explicitement comme celui qui écrit dans « Madeleines — Arvida III ». Également, le narrateur d’« América » raconte que « [c]’est le frère à Dave Archibald qui nous a demandé de lui raconter l’histoire l’autre jour parce qu’il voulait en faire un scénario de film ou un livre […] », p. 98. Pendant un bref moment dans la narration de « L’animal », le narrateur épouse le point de vue de l’ours Billy (p. 147).
« Mon père et Proust – Arvida I » : Homodiégétique « Antigonish » : Autodiégétique « Cryptozoologie » : Hétérodiégétique « Au milieu des araignées » : Hétérodiégétique « América » : Autodiégétique « Sur les terres du Seigneur – Sœurs de sang I » : Hétérodiégétique « Un miroir dans le miroir » : Hétérodiégétique « L’animal – Sœurs de sang II » : Hétérodiégétique « Jigai » : Polyphonique (Dits des hommes et d’Akira Gengei à propos de Misaka et de Reiko ; dits de Misaka et dits de Reiko) « Paris sous la pluie – Sœurs de sang III » : Hétérodiégétique « Foyer des loisirs et de l’oubli – Arvida II » : Homodiégétique « Les derniers-nés » : Hétérodiégétique « Chaque maison double et duelle » : Autodiégétique « Madeleines – Arvida III » : Homodiégétique
Personnes et/ou personnages mis en scène : Carl Dufour, conseiller municipal d’Arvida Des anciens Canadiens (club de hockey de Montréal) : « Jean-Guy Talbot, Henri Richard, Claude Provost, Gilles Marotte, Ken Mosdell et bien d’autres. » (p. 221) ; Gilles Villemure et Maurice « Rocket » Richard.
Lieu(x) mis en scène : Antigonish et la Cabot Trail Arvida et ses environs (Saguenay) Detroit Montréal (bars Solid Gold et Sainte-Élisabeth) Rausu (île de Hokkeido, Japon)
Types de lieux : Aéroport Avion Chalet Cours Cuisine Frontière États-Unis/Canada Grenier Patinoire
Date(s) ou époque(s) de l'histoire : Avant la Seconde Guerre mondiale (au Japon) Après le 11 septembre 2001 Début du XXe siècle Fin des années soixante-dix
Intergénérité et/ou intertextualité et/ou intermédialité : Intertextualité Les manipulateurs sont parmi nous, d’Isabelle Nazara-Aga (les trente « Critères du manipulateur » sont cités) Proust Sélection du Reader’s Digest Stephen King Will Eisner
Intermédialité
1/ Avec le cinéma
- Jaws, de S. Spielberg : « L’animal – Sœurs de sang II » : une jeune fille se trouve seule sur un chemin lorsqu’elle entend en son hors champ des sabots. Apparaît ensuite un cheval noir sur lequel se trouve monsieur Robertson, tel un cowboy fantasmatique du Far West en noir et blanc, qui pourrait « sauver » la jeune fille de son quotidien étriqué.
« Foyer des loisirs et de l’oubli – Arvida II » : Lors de la description d’un célèbre match de hockey à Arvida, il est possible d’imaginer un plan suivant la rondelle depuis son lancée jusqu’à ce qu’elle soit rattrapée par le gant de Hardy, accompagnée d’un son diégétique. Un second passage débute au moment où R. Bouchard attrape une rondelle pour la première fois de sa carrière. Un plan d’ensemble montre le silence total et l’absence de mouvements dans l’aréna, puis un plan rapproché sur les gestes de Bouchard permet de montrer ce qui déclenche les applaudissements, tandis que se font aussi entendre les lamentations de P. Parent.
«Les derniers-nés » : Une petite crapule de quartier imagine comment il pourrait tuer quelqu’un à partir de ses « connaissances » apprises dans des films policiers.
Quelques références à des scènes vues comme à travers une caméra subjective.
2/ Avec la musique : Johnny Cash
3/ Avec la Photographie Description minutieuse d’une photographie « Kodak »
Particularités stylistiques ou textuelles :
- Présence d’un registre familier, de québécismes et d’anglicismes dans les monologues intérieurs et les dialogues (exemples : « Moi je parle de quelque chose de quasiment aussi gros qu’un tigre, qui pouvait jomper de là-bas jusqu’à l’arbre icitte sans prendre d’élan », p. 55 ; « Tu pourras pas rentrer aux States pendant un estie de boutte après ça, mais c’est pas pire. », p. 89).
- Présence du français, de l’anglais et de l’espagnol dans les dialogues d’« América ».
- Présence d’un certain lyrisme (« Il ne s’éteint pas pendant que le cougar détruit son corps, il se fossilise en lui comme un souvenir de chair. Dans son ventre, il se rêve fils rêvé, enfant mort-né d’une créature de légende, songe de couleur et de bruit comme font les chiens endormis à côté du poêle. », p. 66)
- Histoires ancrées dans l’Amérique, voire l’américanité (récurrences des routes, des roadtrips au but plus ou moins flou ; présences des trois langues du continent ; « Tous ces gens étaient venus à Arvida attirés par une version nordique de l’El Dorado, un rêve américain délocalisé de quelques milliers de kilomètres. », p. 212).
- Histoires ancrées dans le Québec, voire les « régions » (hiver, déchéance de petites villes loin des centres, etc.). S. Archibal a déjà parlé de la présence de thèmes liés aux « régions » dans son œuvre.
- Le dessin d’un pentagramme vu par le narrateur de « Chaque maison double et duelle » est reproduit au milieu de la page 272.
Auteur(e) de la fiche : Karine Bissonnette