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6. Voix et Images_2007-2014_Martine-Emmanuelle Lapointe

II- PORTRAIT D’UNE CHRONIQUE OU D’UN CHRONIQUEUR

Genre(s) (littéraires ou autres) auxquels la revue consacre des « chroniques » : « essais/études »; « roman »; « poésie », « féminisme », « dramaturgie », « recherche ». Les trois premières sont relativement récurrentes (il peut arriver toutefois qu’une n’y soit pas) et peuvent parfois faire l’objet de deux chroniques. Les autres reviennent plus sporadiquement; « Recherches » finit par disparaître au profit de « essais/études ».

A) Informations générales

Nom de la chronique : « Roman »

Nom du chroniqueur : Martine-Emmanuelle Lapointe

Durée de la chronique : Martine-Emmanuelle Lapointe signe sa première chronique au numéro 96, soit au printemps 2007, aux côtés de Frances Fortier. Elle est, en revanche, plus ouvertement critique que cette dernière. Sa dernière chronique paraît à l’automne 2014 (118). Sept ans en tout, donc.

Statut institutionnel du chroniqueur : D’abord professeur à Simon Fraser, elle est ensuite professeur à l’Université de Montréal.

Forme de la chronique (consacrée à quel genre? Fait-elle quelques lignes ou quelques pages ? Y’a-t-il plusieurs livres dans la même chroniques? Etc.) : Elles font toujours 4 ou 5 pages, au même titre que toutes les autres. Mentionnons que, au cours de la période occupée par Martine-Emmanuelle Lapointe et Pascal Riendeau, les chroniques sont de plus en plus séparées de façon étanche entre les œuvres. Autrement dit, les chroniqueurs ne tentent plus forcément de faire des liens entre les œuvres. Martine-Emmanuelle s’en tient généralement à deux ou trois œuvres par chronique.

Place de la chronique dans l’économie globale de la revue : Dans la période 2007-2014, les chroniques « roman », « essai/études » et « poésie » jouent du coude en quelque sorte : elles sont souvent doubles chacune leur tour. Il y a entre 3 et 6 chroniques par numéro, et on comprend que cela correspond à des impératifs éditoriaux : chroniques prêtes, nombre d’articles au dossier, etc.

Événements littéraires québécois mentionnés : s.o.

B) Informations métacritiques

Posture générale du critique (ton, point de vue, etc.) : Plus je vais dans ces lectures, et plus je réalise à quel point les chroniques sont en fait le reflet très exacts des chroniqueurs… Ce qui les passionne, ce qui les anime, leurs intérêts de recherche ressortent chaque fois de façon explicite et teintent, en un certain sens, leur appréciation de la littérature contemporaine tout comme les commentaires et traits saillants qu’ils feront ressortir. Chez Martine-Emmanuelle Lapointe, c’est par exemple l’attention aux récits de filiation (fictifs, la plupart du temps), où l’on trouve des héritiers problématiques (voir son projet de recherche), ou encore les questions d’engagement qui vont ressortir le plus fortement, du rapport au politique. Bien sûr, elle ne se confine pas uniquement à ces thèmes, mais on les voie surgir ça et là.

Par ailleurs, Martine-Emmanuelle Lapointe juge les œuvres à l’aune d’une connaissance soutenue de la littérature contemporaine (ce qu’on peut aisément lui accorder), ce qui la conduit parfois à des formules typiques qui servent à la fois à qualifier les œuvres et à expliquer par la négative les particularités du contemporain. Par exemple : o Elle qualifie la prose de Louis Gauthier d’« austère et dépouillée, qualités plutôt rares dans la littérature contemporaine » (2011 #109 : p.138, je souligne.) o Chez Jean-Simon DesRochers : « La multiplication des personnages […] dévoile […] un désir d’exhaustivité, voire d’objectivité que l’on retrouve peu dans le roman contemporain. » (Ibid., p. 140, je souligne) o La fiancée américaine d’Éric Dupont a un « souffle rarement rencontré dans le roman québécois contemporain » (2013 #113 : p. 135)

On verra d’autres exemples dans la section « Réflexions générales sur la littérature contemporaine », là où les réflexions en question se font à partir de la lecture d’une œuvre. Autrement dit, Martine-Emmanuelle Lapointe connaît la littérature contemporaine et situe naturellement les œuvres dont elle parle dans ce contexte. Parallèlement, Pascal Riendeau, qui tient aussi des chroniques roman à la même période, va plutôt situer les œuvres dont il parle dans le cheminement esthétique des auteurs (voir fiche consacrée à Riendeau).

Réflexions générales sur la littérature québécoise contemporaine :

o « Le syndrome de la fin », Voix et Images, vol. XXXIII, no 2 (98), hiver 2008, p. 144-149.

Discours de la fin et perceptions de celle-ci à travers les romans récents. « On ne cesse de l’évoquer. La fin serait là, pas très loin, présence vague et précise à la fois dont l’horizon serait pleinement investi. Inutile de dire que le roman contemporain en porte les traces, qu’il s’inspire des statistiques crépusculaires sur l’état de notre planète, de la vacuité des relations sociales ou de la disparition des grandes idéologies. Le syndrome de la fin, ou du post — si abondamment invoqué dans les médias — travaille, souterrainement ou non, les derniers ouvrages d’Élise Turcotte, de Nelly Arcan et de Stéfani Meunier, et témoigne assez éloquemment d’une sorte d’angoisse diffuse de la disparition. » (p. 144)

o « Enfances romanesques », Voix et Images, vol. XXXIII, no 3 (99), printemps-été 2008, p. 113-118.

« Si l’on a souvent dit de la littérature contemporaine qu’elle s’écrivait sous le signe de la lassitude et de l’épuisement, témoin de cette fameuse ère du vide dont on ne cesse d’évoquer les ravages, le premier roman de Christine Eddie, Les carnets de Douglas, affiche une foi retrouvée en l’art du récit. Loin des rumeurs urbaines et de certains textes narcissiques qui fleurissent plus rapidement qu’ils ne se lisent, ce singulier roman semble atemporel et n’est pas sans rappeler le style des premiers textes d’Anne Hébert et de Marie-Claire Blais. » (p. 116)

o « Sous le ciel », Voix et Images, vol. XXXIV, no 2, hiver 2009 (101), p. 146-150.

Longue analyse du Ciel de Bay City de Mavrikakis et de sa pertinence comme œuvre : « C’est parce qu’elle a consenti au ridicule que Catherine Mavrikakis a écrit un roman remarquable, qu’elle a dépassé le genre de la chronique vaguement cynique ou du roman pseudo-autobiographique. Amy Duchesnay ressemble en apparence à de nombreux personnages contemporains, hommes et femmes en colère, désabusés, critiques à l’égard de leur société. Sa colère est toutefois replacée dans un contexte proprement romanesque, non loin, je le répète, du mythe ou de la tragédie antique. Elle ne se limite pas à la dénonciation des maux du temps présent ou à la complainte rassurante de l’individu engagé. Non, elle ouvre sur autre chose, vague espoir ou avenir brouillé. Je dirais, en somme, qu’elle ose encore se mesurer au ciel, cette « belle ordure » (292). » (p. 148)

Puis, elle analyse un autre récit de filiation fictif, La maison des temps rompus de Pascale Quiviger : « Ici encore, le sujet ne peut se penser en dehors de l’histoire et de la vie communautaire. Motif récurrent du roman contemporain, ce retour du collectif, mais d’un collectif fragmentaire, effrité, recomposé, témoigne aussi indirectement d’une résurgence de l’engagement littéraire. À l’instar des héroïnes romanesques de Catherine Mavrikakis, les femmes mises en scène par Pascale Quiviger ne servent pas une idéologie précise, ne donnent pas tout à fait dans la dénonciation radicale ou dans l’utopisme, mais elles n’en demeurent pas moins engagées face au passé et à l’avenir. » (p. 150)

o « Disparaître? », Voix et Images, vol. XXXIV, no 3 (102), printemps-été 2009, p. 124-128.

Sur un roman de Ying Chen, Un enfant à ma porte et un roman de Jean Barbe, Le travail de l’huitre.

« Si le fantasme de la sortie du temps — présent chez Ying Chen notamment — hante le roman contemporain, il en constitue rarement le sujet central. Il s’oppose généralement aux babillages et aux bavardages ambiants, rompant ainsi avec l’ethos contemporain qui semble de plus en plus indissociable de la spectacularisation de l’individu. Le personnage d’Andreï [du roman de Jean Barbe], au contraire, voit sans être vu, ressent et souffre dans sa chair sans être entendu. On ne saurait donc imaginer renversement plus radical de la posture contemporaine. » (p. 127)

o « Le chœur de l’intimité », Voix et Images, vol. XXXV, no 2 (104), hiver 2010, p. 120-124.

Parlant de L’énigme du retour de Dany Laferrière « L’itinéraire que décrit le roman rappelle ainsi les intrigues de nombreux récits parus récemment en France et au Québec, et dont les figures centrales sont des parents absents ou perdus, des aïeux spectraux et des héritiers inquiets. Tropisme d’époque sans doute… Méditant sur son histoire intime, le personnage du roman contemporain n’en finit plus de retracer ses origines et de recomposer sa généalogie familiale, comme s’il lui fallait tenter de s’enraciner quelque part. Mais le sol se dérobe, l’arbre généalogique se défait et l’histoire ne cesse d’échapper à celui qui espérait en rapailler les épisodes épars. » (p. 120)

o « Le sens de l’histoire », Voix et Images, vol. XXVI, no 2 (107), hiver 2011, p. 141-145.

Elle aborde ici La constellation du lynx et d’autres œuvres à partir de la question de l’engagement politique du roman = alors que le roman contemporain ne serait plus selon certains engagé politiquement, il le serait, selon d’autres, autrement que dans les années de la Révolution tranquille. La particularité du roman d’Hamelin serait de ne pas être nostalgique de l’engagement et du passé.

o « Et si l’Amérique n’existait pas », Voix et Images, vol. XXXVII, no 3 (111), printemps-été 201, p. 161-165.

Sur Arvida de Samuel Archibald et Les derniers jours de Smokey Nelson; une certaine image de l’Amérique.

Se questionne sur le motif du revival folklorique : « On a beaucoup insisté sur la régionalité du livre de Samuel Archibald. N’y aurait-il pas lieu de s’interroger sur le retour de l’arrière-pays et d’un certain folklore dans la littérature québécoise ? Les contes de Fred Pellerin, les œuvres de Nicolas Dickner, de Louis Hamelin, de Lise Tremblay, de Jean-François Beauchemin et de Samuel Archibald seront cités pêle-mêle, comme si le seul fait d’écrire sur un autre lieu que Montréal constituait une innovation thématique ou une signature stylistique. Si le renvoi de productions culturelles aussi différentes à la même vulgate a de quoi étonner, l’idée d’associer Arvida à une sorte de folk littérature me semble tout aussi discutable. Arvida, la ville historique, la vraie, n’a rien de folklorique. Bien au contraire, elle est absolument moderne. » (p. 162)

Dans Arvida, le fil, plutôt, « ce serait sans doute l’idée de la transmission d’une mémoire, intime et collective. » (163)

o « Ailleurs improbables », Voix et Images, vol. XXXVIII, no 1 (112), automne 2012, p. 125-128.

À propos de Il pleuvait des oiseaux de Jocelyne Saucier : « Le roman se place d’emblée du côté de la puissance des sentiments, de la loyauté à toute épreuve et de l’amour, comme s’il s’agissait de redonner leurs lettres de noblesse à des thèmes universels négligés ou explorés sur un mode dysphorique dans la littérature contemporaine. » (p. 125) « Sans se détacher complètement des courants dominants de la littérature québécoise contemporaine, Il pleuvait des oiseaux renoue avec une sorte de confiance en la nature humaine. Cette confiance ramène à la beauté, voire à la vérité, d’amitiés nouées en dehors de toute contrainte sociale. » (p. 126)

o « Géométries variables », Voix et Images, vol. XXXVIII, no 2 (113), hiver 2013, p. 132-137.

À propos de La fiancée américaine d’Éric Dupont : « Cette remarquable liberté d’écriture, qui est au fondement même de l’art romanesque, notons-le, n’est pas sans rappeler le style de certains romans fleuves parus au Québec dans les années 1980-1990. Les Chroniques du Plateau-Mont-Royal de Michel Tremblay ou encore Maryse et Myriam première de Francine Noël, best-sellers reçus favorablement par la critique, entretiennent eux aussi un rapport « décomplexé » à l’écriture et à l’Histoire, s’approprient librement les codes de la fiction, se jouent des catégories et des étiquettes. Sans en être absents, le travail sur l’écriture et l’exploration formelle s’y accompagnent d’un constant souci de lisibilité, d’un goût marqué pour le récit, l’anecdote, l’humour. C’est dans cette filiation-là, me semble-t-il, que s’inscrit La fiancée américaine. » (p. 132)

À propos de Comme des sentinelles de Jean-Philippe Martel : « Ici encore, comme en de nombreux romans contemporains, affleurent les thèmes de la transmission, de la filiation et de la reconstruction de soi au sein du chaos ambiant. » (p. 136)

o « Des nouvelles du printemps », Voix et Images, vol. XXXIV, no 2 (116), hiver 2014, p. 138-144.

Elle revient ici sur la chronique-lettre de Michel Biron, « Lettre à un étudiant » qui était plutôt pessimiste. Sa réflexion, ici, porte toutefois sur ce que peut être l’engagement littéraire aujourd’hui, à l’aune des textes qui portent, de près ou de loin, sur le printemps étudiant : • Patrick Nicol, Terre des cons, La Mèche, 2013 • Collectif, Printemps spécial • Farah, Pourquoi Boulogne (ne fait que mentionner le « printemps », mais présente une intertextualité forte avec Aquin et les questions d’engagement.)

Sur la question de l’engagement, elle en vient à proposer l’hypothèse suivante : « On ne témoigne que de soi, qu’à partir de soi, semblent soutenir plusieurs des fictions de Printemps spécial. Aurions-nous sans le savoir inversé la logique de la parole engagée des auteurs de 1965 qui écrivaient en chœur, en résonance avec les discours sociaux de leur époque, pour reprendre l’idée de Michel Biron ? Au sein d’une foule constituée d’individus aux allégeances aussi nombreuses que diverses, le sujet vivrait une transfiguration. Son lyrisme personnel trahirait ainsi le type de rapport qu’entretiennent certains des auteurs — et leurs personnages — avec le politique : leurs discours n’est pas celui d’un « JE collectif » au sens où l’entendait Paul Chamberland en 1965, mais plutôt celui d’un NOUS atrophié ou d’un JE hyperbolique qui ne parviendrait jamais réellement à faire abstraction de son individualité, de sa singularité, de son appartenance à divers sous-groupes. Loin de moi l’intention de condamner cette conception des rapports entre l’individu et le collectif. Le « JE collectif », ne l’oublions pas, n’a fait qu’un temps, et n’a pas toujours donné lieu à des textes littéraires achevés. Il importe néanmoins de marquer l’écart entre le modèle de l’engagement littéraire hérité de la Révolution tranquille et ses avatars contemporains. L’unité du discours, de la parole, qui a toujours été une sorte de leurre commode, et parfois bon enfant, avouons-le, ne peut désormais constituer l’horizon de la pensée politique. » (p. 141)

Élection de certaines œuvres ou certains écrivains : Lapointe n’est ni démesurément critique ou au contraire laudative. Sa critique de La fiancée américaine et de La constellation du lynx soulignent bien, par exemple, les quelques ratés de ces deux œuvres, mais en souligne aussi les mérites. Il n’y a pas d’œuvres en particulier qu’elle met de l’avant; elle fait, en revanche, une critique très positive de Maléficium de Martine Desjardins, soulignant l’originalité de l’œuvre et du projet (2010 # 107).

Valorisation de lieux éditoriaux : s.o.

Valorisation d’événements littéraires : s.o.

Valorisation d’esthétique(s) particulière(s) : Dès qu’ils sont un peu plus engagés, les chroniqueurs valorisent implicitement une vision personnelle de la littérature, ou, du moins, de la « bonne littérature ». Je relève ici les remarques davantage esthétiques que fait MEL : « […] l’art du romancier, du bon romancier, repose souvent sur un certain effacement de la voix auctoriale, qu’il ait rédigé son œuvre au « je », au « il » ou au « vous ». Le lecteur acceptera plus facilement les jugements de valeur, les évidences et les bêtises proférés par un personnage de fiction qui semble parler en son nom propre. […] [le roman rappelle que] la littérature est aussi une forme d’arrachement au quotidien, une sortie de soi. Que s’il juge le monde, ce n’est certainement pas pour offrir des leçons. » (2007, no 96 : p. 138)

À propos du premier roman d’Olivia Tapiero, prix Robert-Cliche 2009, jugé moralisateur : « Oui, elle écrit correctement, elle a su structurer son intrigue autour des pensées intérieures de son personnage, elle l’a nourrie de fureur et de passion, mais elle n’a pas réussi, d’après moi, à cultiver une saine distance entre elle et son personnage, à privilégier les nuances et les demi-teintes qui confèrent sa profondeur et sa plurivocité au genre romanesque. Malgré la gravité de son propos, le roman de Tapiero demeure superficiel en ce qu’il trahit trop tôt ses intentions et donne même parfois dans un certain moralisme adolescent. Or nombreux sont les romans récents qui traitent de la négativité adolescente ou jeune adulte en contournant le piège du renversement radical, usé et simpliste. Je pense notamment à Vu d’ici de Mathieu Arsenault et, bien sûr, au Ciel de Bay City de Catherine Mavrikakis. » (2010 #104 : p. 122)

Autres valeurs ou enjeux défendus : POROSITÉ : Dans une chronique consacrée à l’imaginaire de l’Amérique chez Catherine Mavrikakis, Lapointe présente son esthétique comme une esthétique de la porosité (le terme est de moi, bien sûr), au sens où nous l’entendons : « Catherine Mavrikakis aime s’approprier les œuvres d’autrui, jouer des contrastes entre cultures populaire et savante, entre réalisme et fantastique, entre tragédie et farce. Sa mémoire est polymorphe ; ses œuvres se construisent à la manière de palimpsestes, voire d’agrégats, elles laissent affleurer des trames anciennes, elles sont bricolées avec des matériaux disjoints qui en viennent néanmoins à constituer des ensembles cohérents. » (2014 #118 : p. 174)

Autres remarques :

Durant cette période, Jean-François Chassay signe une seule chronique, soit « Corde raide », Voix et Images, vol. XXXIV, no 2, hiver 2009 (101), p. 151-156. Dans celle-ci, une remarque sur la littérature « post-industrielle » : « Dans la littérature de l’époque postindustrielle (postmoderne, si on préfère), cet anonymat impitoyable est un phénomène courant, et le succès des romans d’un Don DeLillo ou d’un Thomas Pynchon tient sans doute au fait qu’ils apparaissent comme une manifestation idoine d’un monde où les hiérarchies se brouillent, le pouvoir se délite, les balises se perdent, provoquant des angoisses qui viennent fondre le privé et le public. Les individus sont souvent en quête d’une identité perdue qui s’efface dans un univers social instable, où ils se sentent toujours sur la corde raide. En ce sens, on pourrait dire, de manière générale (sans doute trop générale), que les fictions qui rendent compte d’une pareille perspective ne peuvent échapper à une dimension politique. Le politique s’inscrit dans cette absence d’ancrage du réel. » (p.151)

fq-equipe/6.voix_et_images_2007-2014_martine-emmanuel_lapointe.1478561101.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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