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====== Spécificités historiques culturelles — France ====== | ====== SPÉCIFICITÉS SOCIO-HISTORIQUES ET CULTURELLES - FRANCE ====== |
**POSTMODERNE / POSTMODERNITÉ / POSTMODERNISME** | |
| Pour informations ponctuelles supplémentaires, on consultera avec profit la chronologie - histoire littéraire, histoire culturelle, histoire des idées, histoire générale - présente dans l'ouvrage de Touret (//[[Histoire de la littérature française du XXe siècle, tome II - après 1940]]//, 2008), {{:diffraction:chrono_histoire_litteraire.pdf|ici scannée}}. |
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| ====== Postmoderne / postmodernité / postmodernisme ====== |
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**Dans cette section, je retiens ceux qui associent explicitement la période contemporaine à la postmodernité.** | **Dans cette section, je retiens ceux qui associent explicitement la période contemporaine à la postmodernité.** |
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* **GONTARD, Marc, « Le postmodernisme en France : définition, critères, périodisation », dans Michèle TOURET et Francine DUGAST-PORTES [dir.], //[[Le temps des Lettres. Quelles périodisations pour l'histoire de la littérature française du 20e siècle?]]//, Rennes, Presses universitaires de Rennes (Interférences), 2001, p. 283-294.** [VA] | * **GONTARD, Marc, « Le postmodernisme en France : définition, critères, périodisation », dans Michèle TOURET et Francine DUGAST-PORTES [dir.], //[[Le temps des Lettres. Quelles périodisations pour l'histoire de la littérature française du 20e siècle?]]//, Rennes, Presses universitaires de Rennes (Interférences), 2001, p. 283-294.** [VA] |
* Hypothèse générale : interroger cette notion [de « postmodernisme »] dans le champ romanesque français pour voir si, au-delà du slogan à effet médiatique, importé des États-Unis, elle nous permet de penser une réalité socio-culturelle qui émerge en Europe à partir des années 80 pour entrer dans une phase critique autour de 1989, avec la chute du Mur de Berlin... » (283). | * Hypothèse générale : interroger cette notion [de « postmodernisme »] dans le champ romanesque français pour voir si, au-delà du slogan à effet médiatique, importé des États-Unis, elle nous permet de penser une réalité socio-culturelle qui émerge en Europe à partir des années 80 pour entrer dans une phase critique autour de 1989, avec la chute du Mur de Berlin... (283). |
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Si la modernité « est fondée sur un ordre binaire de type dialectique qui permet de penser l'unité-totalité » (285), la postmodernité « naît de la prise de conscience de la complexité et du désordre [...]. Mais l'exploration du désordre ne devient vraiment systématique que dans les années 70 avec l'apparition des sciences du chaos [...] » (285). Gontard identifie deux événements historiques qui mettent à leur tour un terme à l'ordre binaire : la chute du Mur de Berlin et l'effondrement du bloc communiste à l'Est. La philosophie n'est pas non plus en reste, notamment avec le travail de déconstruction de Foucault, de Derrida et de Deleuze. Bref, la « pensée postmoderne met [...] au premier plan, contre l'idée de centre et de totalité, celle de réseau et de dissémination. Tandis que la modernité affirme un universel (unique par définition) la postmodernité se fonde sur une réalité discontinue, fragmentée, archipélique, modulaire où la seule temporalité est celle de l'instant présent, où le sujet lui-même décentré découvre l'altérité à soi, où à l'identité-racine, exclusive de l'autre, fait place l'identité-rhizome, le métissage, la créolisation » (285-286). | Si la modernité « est fondée sur un ordre binaire de type dialectique qui permet de penser l'unité-totalité » (285), la postmodernité « naît de la prise de conscience de la complexité et du désordre [...]. Mais l'exploration du désordre ne devient vraiment systématique que dans les années 70 avec l'apparition des sciences du chaos [...] » (285). Gontard identifie deux événements historiques qui mettent à leur tour un terme à l'ordre binaire : la chute du Mur de Berlin et l'effondrement du bloc communiste à l'Est. La philosophie n'est pas non plus en reste, notamment avec le travail de déconstruction de Foucault, de Derrida et de Deleuze. Bref, la « pensée postmoderne met [...] au premier plan, contre l'idée de centre et de totalité, celle de réseau et de dissémination. Tandis que la modernité affirme un universel (unique par définition) la postmodernité se fonde sur une réalité discontinue, fragmentée, archipélique, modulaire où la seule temporalité est celle de l'instant présent, où le sujet lui-même décentré découvre l'altérité à soi, où à l'identité-racine, exclusive de l'autre, fait place l'identité-rhizome, le métissage, la créolisation » (285-286). |
* **MITTERAND, Henri, //[[La littérature française du XXe siècle]]//, 2e édition, Paris, Armand Colin [Nathan] (La collection universitaire de poche, 128), 2007 [1996]. [VA]** | * **MITTERAND, Henri, //[[La littérature française du XXe siècle]]//, 2e édition, Paris, Armand Colin [Nathan] (La collection universitaire de poche, 128), 2007 [1996]. [VA]** |
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Les années 1980-1981 marqueraient l'entrée dans l'ère postmoderne - le conditionnel est de Mitterand lui-même, lequel avoue qu'il s'agit là d'un mot commode mais peu consistant. Il ne le retient pas moins, faute de mieux, pour décrire une époque en déficit d'espoir et d'utopie. « L'esprit moderne croyait à l'émancipation de l'homme, en tous lieux. L'histoire contemporaine a accumulé assez de barbaries pour justifier le scepticisme de l'esprit postmoderne » (99) | Les années 1980-1981 marqueraient l'entrée dans l'ère postmoderne - le conditionnel est de Mitterand lui-même, lequel avoue qu'il s'agit là d'un mot commode mais peu consistant (99). Il ne le retient pas moins, faute de mieux, pour décrire une époque en déficit d'espoir et d'utopie, qui vit sur « les ruines des idéologies » (112). « L'esprit moderne croyait à l'émancipation de l'homme, en tous lieux. L'histoire contemporaine a accumulé assez de barbaries pour justifier le scepticisme de l'esprit postmoderne » (99). Il dresse ainsi la liste des bouleversements de la période : la chute du mur de Berlin, l'éclatement de l'URSS, la fin des régimes de « démocratie populaire » en Europe, les guerres dans l'ancienne Yougoslavie, les crises et les rééquilibrages du Proche-Orient, les cataclysmes qui accompagnent l'appauvrissement de l'Afrique, la montée de l'islamisme, la faillite de l'espoir d'une société sans classes et d'une économie libérale, de même qu'en la fin des famines et des massacres dans le tiers-monde et en Europe (99)... On notera que ces événements ne sont pas spécifiquement français (on peut donc se demander s'ils n'ont pas également marqué l'imaginaire québécois). Mais Mitterand se montre déjà un peu plus spécifique lorsqu'il énonce le chômage, les violences urbaines, les faillites de l'école... qui font planer le doute sur la fin du siècle. |
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ON NOTERA ÉVÉNEMENTS INTERNATIONAUX ET NON SPÉCIFIQUEMENT FRANÇAIS. | |
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qui a renoncé à une « structure une et déchiffrable » (100), contrairement à la période moderne. | |
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L'impression que le contemporain court après la modernité (Meschonnic, Modernité, modernité, 1988) naît, selon Mitterand, | |
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* « de la disparition des maîtres entre 1980 et 1984 [Sartre, Barthes, Foucault…], de la perte de confiance dans les modèles de systématisation, d'une possible revanche de la curiosité historique sur l'absolutisme des études synchroniques, de la crise des discours de certitude […]. On assiste après 1980 à un épuisement progressif du “penser-classer” et de ses concepts directeurs (la structure, le code, le progrès, le paradigme, la fonction, le système, l'isotopie, etc.). Non seulement on ne croit plus à l'édification du socialisme, mais on se détourne de tout discours de la taxinomie et de la construction » (98). | |
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---- | ====== Crises ====== |
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**BLANCKEMAN, Bruno « Une axiologie historique pour vingtième siècle : repérage des pôles », dans Michèle TOURET et Francine DUGAST-PORTES [dir.], //Le temps des Lettres. Quelles périodisations pour l'histoire de la littérature française du 20e siècle?//, Rennes, Presses universitaires de Rennes (Interférences), 2001, p. 73-80.** [VA] | |
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**CRISES** | * **BLANCKEMAN, Bruno « Une axiologie historique pour vingtième siècle : repérage des pôles », dans Michèle TOURET et Francine DUGAST-PORTES [dir.], //Le temps des Lettres. Quelles périodisations pour l'histoire de la littérature française du 20e siècle?//, Rennes, Presses universitaires de Rennes (Interférences), 2001, p. 73-80.** [VA] |
| * **BLANCKEMAN, Bruno « La littérature française au début du XXIe siècle : profils culturels », dans Michèle TOURET, [dir.], //[[Histoire de la littérature française du XXe siècle, tome II - après 1940]]//, Rennes, Presses universitaires de Rennes (Histoire de la littérature française), 2008, p. 429-442.** [VA] |
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Blanckeman postule que la renarrativisation qui caractérise la période contemporaine est la conséquence de toutes les crises qui secouent l'époque, comme une volonté de se « reconstruire » : « Fictions renaissantes et autofictions inventives : les événements historiques majeurs du temps polarisent ces orientations littéraires, en agissant sur leur dominante esthétique commune, le phénomène de renarrativisation. Le cumul des crises (économiques, géopolitiques, biologiques), le profil "//Trente piteuses//" [contrepartie ironique de la période dite des Trente Glorieuses, je suppose] de la période, chargent la narration d'une urgence anthropologique : un sujet inquiété, une humanité civile vulnérable tentent de se refonder, par récits interposés » (78). | * On notera que ce dernier chapitre de Blanckeman s'inscrit dans une partie intitulée « Retours critiques et interrogations postmodernes », mais Blanckeman ne semble pas assumer pour sa part l'étiquette de « postmoderne » - du moins n'aborde-t-il pas la période contemporaine depuis cette lunette restreinte. Dans l'un et l'autre chapitre, il insiste plus volontiers sur la notion de crise. |
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**Henri Mitterand, //[[La littérature française du XXe siècle]]//, 2e édition, Paris, Armand Colin [Nathan] (La collection universitaire de poche, 128), 2007 [1996].** [VA] | Blanckeman postule que la renarrativisation qui caractérise la période contemporaine est la conséquence de toutes les crises qui secouent l'époque, comme une volonté de se « reconstruire » : « Fictions renaissantes et autofictions inventives : les événements historiques majeurs du temps polarisent ces orientations littéraires, en agissant sur leur dominante esthétique commune, le phénomène de renarrativisation. Le cumul des crises (économiques, géopolitiques, biologiques), le profil "//Trente piteuses//" [du titre de Nicolas Baverez, 1997] de la période, chargent la narration d'une urgence anthropologique : un sujet inquiété, une humanité civile vulnérable tentent de se refonder, par récits interposés » (2001: 78). |
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- disparition des maîtres | Il semble ainsi que la période contemporaine soit ponctuée de crises, dont chacune « suscite une action en retour de la littérature » (2008 : 429). |
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- multiculturalisme | * Crise économique : donne lieu, notamment, à des oeuvres aux « dispositifs stylistiques eux-mêmes convulsifs » (430) |
| * Crise géopolitique : « la chute du communisme, la redéfinition des positions de domination internationales - le clivage Nord/Sud succédant à la bipartition Est/Ouest - nourrissent » (430) des oeuvres qui confrontent, notamment, des états de civilisations contraires. |
| * Crise idéologique : certains écrivent « depuis la mémoire déçue des idéaux révolutionnaires et la conscience épouvantée des fourvoiements totalitaires du siècle achevé », de même que depuis « la remise en cause des grands référents communautaires (l'école, l'armée, l'Église, la démocratie) » (430). |
| * Crise biologique : les questions d'intégrité problématique de l'individu, de manipulations génétiques, de modes de procréation artificielle suscitent, dans certaines oeuvres, la figure romanesque d'une posthumanité (430). |
| * Crise culturelle : la période contemporaine est marquée par « les urgences d'un univers qui se transforme et d'un sujet humain qui s'interroge, assiste à la dilution de ses repères collectifs et intimes, tente d'en mettre en place d'autres, se projette à cett effet dans des productions symboliques (des récits, entre autres) » (429). |
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| À la lumière de ces crises, Blanckeman conclut que « [à] époque incertaine, récits indécidables » (440) (voir fiche //[[Histoire de la littérature française du XXe siècle, tome II - après 1940]]// pour la description de ces récits indécidables). |
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| ====== Notes ponctuelles / Varia ====== |
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--------- | Dans cette section se trouvent les informations collectées à l'été 2010 ; si elles disent bien quelque chose des spécificités socio-historiques et/ou culturelles contemporaines, elles s'intègrent a priori difficilement à ce qui précède, en raison, entre autres, du fait qu'elles ont été notées à une étape préliminaire de la réflexion, donc dans un esprit un peu plus exploratoire que les recherches qui ont suivi. Je ne conserve pas moins pour l'instant trace de ces lectures, car elles sont susceptibles d'être utiles ; leur pertinence pourra toujours être poussée plus avant pour la suite des choses. [VA] |
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**Dominique Rabaté, //[[Le Chaudron fêlé. Écarts de la littérature]]//, Paris, José Corti (Les Essais - Rien de commun), 2006.** | **Dominique Rabaté, //[[Le Chaudron fêlé. Écarts de la littérature]]//, Paris, José Corti (Les Essais - Rien de commun), 2006.** [VA] |
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**Marc Dambre et Monique Gosselin-Noat (dir.), //[[L'éclatement des genres au XXe siècle]]//, actes du colloque tenu à Paris du 19 au 21 mars 1998, Paris, Presses de la Sorbonne nouvelle (Société d'étude de la littérature française du XXe siècle), 2001.** | **Marc Dambre et Monique Gosselin-Noat (dir.), //[[L'éclatement des genres au XXe siècle]]//, actes du colloque tenu à Paris du 19 au 21 mars 1998, Paris, Presses de la Sorbonne nouvelle (Société d'étude de la littérature française du XXe siècle), 2001.** [VA] |
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