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diffraction:lectures_du_postmodernisme_dans_le_roman_quebecois

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MAGNAN, Lucie-Marie et Christian MORIN, Lectures du postmodernisme dans le roman québécois, Montréal, Nuit blanche éditeur, 1997.

1. Terminologie pour désigner le pluriel

« L’éclatement des genres » est ici perçu comme une remise en question des formes traditionnelles des genres et non comme un effacement, une disparition ou un mélange des genres.

Oscillation (p. 19) entre les genres et les courants.

Hétérogénéité (p. 25) : « L’hétérogène décourage toute tentative d’interprétation totalisante et linéaire. Sera considéré comme hétérogène, donc, un discours qui s’articule autour de plusieurs niveaux de sens et qui peut être décodable de plusieurs façons. L’intégration d’une diversité de formes dans le texte, l’intertextualité et l’autoréférence participent au caractère hétérogène d’une œuvre en faisant, justement, éclater la linéarité. » (p. 120)

Texte gigogne.

Littérature de l’excès (modernisme) ou de la mesure (postmodernisme).

2. Explications et concepts utilisés

L’ouvrage propose des outils d’analyse de romans québécois et les applique sur des exemples connus pour prouver leur appartenance au courant postmoderne.

- Oscillation des courants littéraires dans le temps entre excès et mesure : « Modernisme et postmodernisme, qui font figure de « super courants » parce qu’ils semblent regrouper plusieurs tendances, illustrent parfaitement ce mouvement. Ainsi, l’on peut considérer le modernisme comme une esthétique de l’excès répondant au réalisme et au naturalisme qui prétendaient faire un portrait exact, voire objectif, de la réalité. […] En contrepartie, si l’illusion référentielle ne regagne pas avec le postmodernisme la place prépondérante qu’elle occupait dans les récits réalistes et naturalistes, elle y effectue un retour marqué du sceau de la lisibilité. On peut donc dire que le postmodernisme accuse un retour vers une esthétique de la mesure, ce qui ne l’empêche pas d’avoir un caractère hétérogène, c’est-à-dire de jouer sur plusieurs niveaux du discours, particulièrement du point de vue des thèmes. » En France, le Nouveau roman constitue une transition entre les interrogations et les jeux des deux courants. (p. 20) Au Québec, la transition est presque absente et le changement rapide des thèmes, mais minime dans la forme, plonge la littérature directement dans le postmodernisme (p. 21)

p. 21 : « Le postmodernisme […] propose donc un retour au lisible par le biais d’une remise en question générale, pour ne pas dire généralisée, puisqu’elle s’attache aussi bien à la forme qu’au contenu. »

Particularités du roman postmoderne :

La particularité des textes postmodernes est d’abord attribuée à la lecture paradigmatique que l’on peut/doit en faire: « le texte postmoderne implique une lecture particulière de la part de celui qui le reçoit, poussé à explorer toutes les dimensions de l’objet qui l’occupe autant que celles des autres textes qui lui sont proposés à travers ce dernier. En ce sens, on peut dire que faire une lecture postmoderne, c’est faire des lectures multidimensionnelles basées en grande partie sur l’intertextualité. […] Le lecteur explore un texte gigogne dont une lecture linéaire ne suffira plus/pas à en faire ressortir l’essence et à en épuiser les sens. (p. 12)

Particularité du roman postmoderne québécois : finit toujours par ancrer son sujet dans un contexte politique, social ou culturel à travers différentes stratégies discursives qui se mettent à son service. Définit sa québécitude par rapport à soi, aux autres et à l’espace. (p. 22)

Outils d'analyse proposés pour comprendre les textes postmodernes :

- Organisation narrative : dans le roman postmoderne, sert uniquement de prétexte et mène à une lecture au second degré : « Chacune des parties de la transformation du schéma narratif se double d’une étape cruciale du parcours initiatique. Dans le roman québécois postmoderne, il est intéressant de constater qu’un élément extérieur met en branle toute la quête de Soi […] De ce point de vue, [le personnage] ne s’engage pas vraiment consciemment dans une quête dont il devient l’objet propre ». (p. 28)

L’ouverture de la situation finale est caractéristique du roman postmoderne et illustre l’exigence d’une lecture plurielle.

La mise en abyme et l’intertextualité : confirment ou infirment les hypothèses de lecture.

- Narration : la narration dans le roman postmoderne est caractérisée par l’infraction du code narratif établi par le premier narrateur. Les interventions multiples d’autres voix narratives forcent le lecteur à d’incessants efforts pour décoder la narration et rendent difficile le fonctionnement de l’illusion référentielle.

Les narrateurs les plus fréquents dans ce type de textes sont les narrateurs intradiégétique ( « je ») et extradiégétique ( « il »). Le premier cas témoigne d’un endossement de l’acte d’écriture, le second d’une distanciation entre le personnage principal et la prise de parole.

- Personnages : définis de manière plutôt traditionnelle, par leurs actions qui s’articulent autour d’une quête. Ils sont généralement livrés petit à petit, à l’image de la quête identitaire qu’ils poursuivent. Types de personnages propres au postmodernisme : le personnage « écrivant » ou écrivain, le personnage-symbole (qui cristallise les passions du protagoniste) et le double.

- Espace : Souvent symboliques, les lieux du roman postmoderne sont généralement peu détaillés : bien qu’ils participent à l’illusion référentielle ils n’ont pas besoin d’être parfaitement convaincants, l’illusion étant toujours questionnée à un moment ou à un autre. L’espace intérieur du personnage reflète sa quête personnelle, mais il se définit par rapport à un espace social, le plus souvent national dans le cas du roman québécois.

L’objet-livre : espace libérateur pour le personnage, mais dont la présence interfère avec la réalité de la diégèse dans laquelle il s’emboîte (le personnage invente ou raconte sa vie?).

- Temps : double, dédoublé, multiple, relatif, cyclique. Le roman mettant souvent en scène un personnage écrivant, les temps de l’action et de la narration se confondent.

- Jeux de langage : signalent la matérialité de leur support et révèlent le processus d’écriture. Provoquent l’éclatement de la forme du discours tout en en multipliant les sens.

- Thématique : le thème fétiche du courant postmoderniste ? L’identité et la création.

3. Cause(s) du pluriel

- Approche historique du phénomène : « Un des effets – et du coup une des causes ! ‒ de l’émergence d’une multitude de courants constitue ce qu’il est convenu d’appeler, en nuançant le terme, « l’éclatement » des genres. On entend par là non pas la disparition ou le mélange sans contrainte des genres, mais bien une remise en question de leur forme traditionnelle. Cette remise en question se fonde sur la notion même des genres et témoigne de leur vitalité en marquant leur évolution. Si les genres gardent leur identité, ils deviennent, dans une certaine mesure, perméables. Ce phénomène favorise l’intégration de formes à d’autres, mais ne signale en aucun cas de disparition.

L’« éclatement » des genres se fait aussi l’écho de la multiplication des moyens d’expression et de l’espèce de liberté d’utilisation accrue que leur a données notre siècle. » (p.16)

Au tournant du XIXe siècle, la multiplication des moyens d’expression et une nouvelle gratuité de l’acte de création (recherche esthétique personnelle qui n’est plus dictée par quelconque académisme ou mécénat) suscite une diversification des œuvres et des attentes du public.

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