Table des matières

MITTERAND, Henri, La littérature française du XXe siècle, 2e édition, Paris, Armand Colin [Nathan] (La collection universitaire de poche, 128), 2007 [1996]. [VA]

La littérature française du XXe siècle - table des matières

1. Terminologie pour désigner le pluriel et/ou l'effacement des frontières

2. Explications ou concepts utilisés pour aborder le phénomène du pluriel et/ou de l'effacement des frontières

Intertextualité

Sous l'étiquette moderne de l'intertextualité, Mitterand rassemble une variété de pratiques qui alimentent une certaine pluralité : « [D]eviennent ainsi instruments d'invention et de composition la citation, le collage, la lecture […], la transposition […], le pastiche […], la parodie savante […], la sape des lieux communs […], le montage filmique, voire le “tressage” […]. C'est une façon de mystifier-démystifier le lecteur » (107). Mitterand ne se prononce pas sur l'effet produit par ces « recettes de virtuosité » (107) que les romanciers contemporains reprennent aux Nouveaux Romanciers, mais on peut supposer qu'elles participent au remplacement de la « structure une et déchiffrable » (100) - donc une idée d'un certain éclatement des frontières - qu'il a relevé d'entrée de jeu.

Prolifération des produits romanesques

Après avoir identifié quelques « romans en tous genres » - tout juste les romans qui héritent des pratiques intertextuelles des Nouveaux Romanciers, les oeuvres préoccupées de vécu, les genres dits populaires -, Mitterand dresse la liste de la « constellation d'auteurs de récits sans malice, de témoignages mis en fiction, de romans historiques, de documents vécus, de biographies fictives, de souvenirs d'enfance arrangés, de romans de formation, de mémoire apocryphes, d'intrigues bien ficelées, de best-sellers de tous ordres, de prix littéraires » (108) qui atteste de l'immortalité du genre romanesque.

3. Cause(s) du pluriel et/ou de l'effacement des frontières

Les causes du pluriel en littérature auraient d'abord comme origine le contexte socio-politique (voir Spécificités historiques culturelles — France) dont elle accompagnerait les bouleversements - chute du Mur de Berlin, éclatement de l'URSS, fin des régimes de démocratie populaire en Europe, guerres dans l'ancienne Yougoslavie, crises du Proche-Orient, appauvrissement de l'Afrique, montée de l'islamisme. Il en résulte, de façon générale, un déficit d'espoir et d'utopie, qui se traduirait notamment par une « conscience de l'ambiguïté [qui remplace] le rêve de la “structure” une et déchiffrable. Les discours et les codes analytiques se refusent de plus en plus à distinguer entre les oeuvres, objets esthétiques, et les textes, objets de communication : les notions de “canon”, de valeur, d'unité de genre, de culture, voire de “plaisir du texte” sont en crise, politiquement “incorrectes”, et cèdent du terrain devant les “pratiques textuelles” et le multiculturalisme » (100). Ainsi, à la ruine des idéologies correspondrait la « ruine » ou la « dérive des genres » (112).

Ce contexte, Mitterand l'identifie comme postmoderne - reconnaissant qu'il s'agit là d'un mot commode quoique peu consistant. L'impression que le contemporain court après la modernité (Meschonnic, Modernité, modernité, 1988) naît, selon Mitterand,

Les causes semblent également calquées sur la perception de la vie : « Le texte moderne [étrange ambiguïté ou confusion : il fait référence à des textes d'après 1980, dont il reconnaît ailleurs le statut de postmoderne] est double […] ; mais la vie l'est aussi. À la différence de la génération de 1960, on fait place au vécu tel qu'il est aujourd'hui, c'est-à-dire immergé dans la société de consommation et de médiatisation, ébloui, rongé par le grignotement des signaux, des signes, des intimations, des rituels, des “faits divers”. On en dénote ou en connote les atteintes, les clivages, l'ambivalence dans le montage même du récit » (107).

4. Traces du discours critique des années 1960-1970

« Les romanciers contemporains ont gardé du “Nouveau Roman” […] ses recettes de virtuosité. Ils en ont même accru la panoplie » (107).