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diffraction:l_ecriture_fragmentaire._definitions_et_enjeux

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Aborde le genre littéraire du fragment, plus particulièrement les aphorismes français et allemands.

p. 2 : « En amont de cette actualité immédiate, voire de cette mode, le recours à la forme fragmentaire s'inscrit dans le sillage d'une triple crise aux manifestations déjà anciennes, et à laquelle on peut identifier la modernité : crise de l'oeuvre par caducité des notions d'achèvement et de complétude, crise de la totalité, perçue comme impossible et décrétée monstrueuse et enfin crise de la généricité, qui a permis au fragment de se présenter, en s'écrivant en marge de la littérature ou tangentiellement par rapport à elle, comme une alternative plausible et stimulante à la désaffection des genres traditionnels, jusqu'à s'imposer comme la matrice même du Genre. »

p. 132 : « Le fragment textuel s'oppose à la fois au système comme un tout constitué et à la systématicité comme style et éthos de la pensée. La discontinuité, attitude de crise, serait en même temps un geste « moderne » par définition, s'opposant à chaque fois à un ordre jugé dépassé. »

p. 148 : «Alors que les blocs textuels qui la constituent semblent vivre souvent de séparation et d'isolement au sein d'un véritable pathos de la distance, l'écriture en fragments se présente cependant comme une écriture ouverte, ou plus justement à la fois ouverte et fermée. La séquence textuelle isolée, même intégrée dans un ensemble, vient briser l'absolutisme des principes de la connaissance, afin que soit respectée la structure profondément dialogique de la pensée qui, lorsqu'elle est authentique, procède au sein de structures d'échange infiniment démultipliées. »

p. 189 : «[…] la réalité de la pensée, comme celle de l'écriture, ne peut être saisie qu'à l'écart du grand spectacle des mises en scène systématiques. Inachèvement et discontinuité apparaissent comme les seuls schémas susceptibles de rendre compte, d'une part, du fonctionnement exact de la pensée, avec ses éclairs et ses “pannes”, ses sursauts et ses chutes d'intensité, et, d'autre part, du type très particulier de distribution d'énergie intellectuelle qui commande l'écriture. […] Quant à l'oeuvre littéraire, elle se construit de façon spasmodique, affirment l'égale valeur des instants - de vie, de texte - qui la composent. Elle proclame ainsi que sa vraie nature est fragmentaire et ne s'exhibe pas dans l'évènement majeur d'un chef-d’œuvre parfait, mais se dissimule dans la suite chaotique et pourtant « ordonnée », mais ailleurs et autrement, des incidents souvent mineurs qui la composent. En amont et en aval du fragment, il n'y a rien, la fragmentalité s'assume,l'ensemble hétérogène ne prétend à nulle homogénéité formelle et comme l'écrit J. Levaillant,« l'inachèvement fait alors partie de l'écriture de réalité et non de vérité. »

p. 224 : « Ce repli sur le peu, le presque rien, autorise la parole fragmentaire à deux types de fonctionnement. D'une part, lui est accordé un droit à l'expansion, au déploiement dans le silence qui lui sert de faire-valoir et de caisse de résonance. […] D'autre part, le silence qui économise la parole lui confère davantage de substance. Choisissant l'acuité contre l'exhaustivité, la disruption fragmentaire est à la fois plus statique et plus dynamique que la parole continue, plus stationnaire et plus mobile, plus fixe te plus fugace, en un mort « suspendue ». »

diffraction/l_ecriture_fragmentaire._definitions_et_enjeux.1366137092.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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