Serge Provencher, Anthologie de la littérature québécoise, Saint-Laurent, ERPI, 2007. [Myriam Saint-Yves]
Table des matières – Chapitre 6 (1976-2007)
- « Postmodernisme » (120), « voies multiples ».
- « Roman multidirectionnel » (125) : production abondante et très variée.
- 1980 : la déception des artistes engagés les éloigne de la politique : « Le projet de pays à construire cède la place à des préoccupations typiques d’une société plus moderne et plus ouverte sur le monde. […] Ainsi, dans la foulée des changements qui s’opèrent aux États-Unis et en Europe, l’esthétique de la transgression prend de l’ampleur et un mouvement féministe plus mature et mieux organisé se fait une place au sein de la société. » (120)
- Mouvement postmoderne : 1980. Littérature paradoxale, qui touche surtout à la vie intérieure tandis que la société devient de plus en plus matérialiste et axée sur la consommation. Caractéristiques : « retour sur l’enfance, analyse du « je », quête du bonheur et bien-être, regard sur l’intimité et l’émotion », cynisme et perte de crédibilité des idéologies de gauche dans un contexte de mondialisation. Les caractéristiques de ce mouvement prédomineraient encore aujourd’hui. (120)
- L’écriture féministe : antérieure à 1976, elle est plus diffusée à partir de cette date. L’auteur souligne l’importance du Théâtre des cuisines (1973) et du Théâtre expérimental des femmes, ainsi que des revues féministes : Québécoises deboutte! (1971), Les têtes de pioche (1976-1979), La vie en rose (1980-1987), La barre du jour. (124)
- Roman multidirectionnel : quatre romanciers, auteurs de bestsellers se démarquent : Michel Tremblay (Chroniques du Plateau Mont-Royal), Yves Beauchemin (Le Matou), Arlette Cousture (Les Filles de Caleb), Marie Laberge (Le goût du bonheur). (125)
L’auteur identifie trois grands courants entre 1976 et 2007 :
- Le postmodernisme : Définition : la remise en cause des modèles dominants qui ont mené à l’impasse. Thèmes : le cynisme, l’individualisme, l’hédonisme, l’actualisme et le relativisme. Genres : on essaie de dépasser les frontières dans tous les genres. (127) Auteurs : Francine Noël, Francine D’Amour, Monique LaRue, Monique Proulx, Jacques Poulin, Noël Audet, Louis Gauthier, Louis Hamelin et Christian Mistral (désignés comme des « valeurs sûres du postmodernisme»), Sylvain Trudel, Nelly Arcan, Stéphane Bourguignon, Guillaume Vigneault. (127-129)
- Écritures migrantes : 1980. Appellation de Robert Berrouët-Oriol. « Confusion d’identité […] à laquelle s’ajoute la confusion de ce pays incertain [le Québec]. » (130) Définition : les écritures reflétant la nouvelle multiethnicité du Québec. Thèmes : l’étranger, le pays, le monde, l’être humain, les racines, le langage. Genres : le roman, la poésie, le théâtre, l’essai. Auteurs : Naïm Kattan, Alice Parizeau, Dany Laferrière, Régine Robin, Émile Ollivier, Sergio Kokis, Marco Micone, Ying Chen, Gil Courtemanche. (161)
- Autobiographie : Définition : La recherche du véritable soi-même par rapport au monde extérieur par le biais du moi intime, du quotidien, des raisons de vivre et de l’appartenance. Auteurs : Claire Martin, Marie Uguay, Nelly Arcan, Maxime-Olivier Moutier.
- L’effritement des valeurs crée un vide que les auteurs cherchent à combler : « La production littéraire emprunte ainsi des voies multiples, à l’image de ce qui se déroule dans les autres secteurs d’activité au Québec. » (120) Ce phénomène apparaît à la base de l’individualisme qui marque la production littéraire postmoderne.
- La littérature québécoise des années 1980 (1976 pour être plus précis) à aujourd'hui est décrite comme en rupture avec la production littéraire des années 1970, surtout au niveau des valeurs (on passe d'une littérature engagée, nationale, à une littérature intimiste, individualiste). La littérature féministe par contre semble en continuité avec le féminisme de 1970. (122-127)