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**LALONDE, Lucie, et Pierre SIGURET (dir.), //Frontières et manipulations génériques dans la littérature canadienne francophone. Actes du colloque organisé par les étudiants du département des Lettres françaises de l'Université d'Ottawa du 20 au 22 mai 1992//, Ottawa, Le Nordir, 1992. [VA]** | **LALONDE, Lucie, et Pierre SIGURET (dir.), //Frontières et manipulations génériques dans la littérature canadienne francophone. Actes du colloque organisé par les étudiants du département des Lettres françaises de l'Université d'Ottawa du 20 au 22 mai 1992//, Ottawa, Le Nordir, 1992. [VA]** |
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Note : les communications qui ne portent pas sur un corpus contemporain ont été ignorées. | [[Frontières et manipulations - table des matières]] |
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| **Note : les communications qui ne portent pas sur un corpus contemporain ont été ignorées.** |
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===== 1. Terminologie pour désigner le pluriel et/ou l'effacement des frontières ===== | ===== 1. Terminologie pour désigner le pluriel et/ou l'effacement des frontières ===== |
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On ne saurait dire qu'il y a de véritables efforts terminologiques pour désigner la labilité - du moins pour la rassembler sous des étiquettes, fortes, éloquentes ; tout au plus des expressions ponctuelles. Les deux directeurs du collectif associent ainsi la littérature à la « lutte des frontières, voire à un décloisonnement généralisé » (7), qui se traduisent par des « mélanges hyper-génériques (roman-poésie-essai) » (7), des « transferts génériques » (7). Anna Gural-Migdal (« La transgression générique, une quête initiatique dans //La vaironne// d'Évelyne Bernard ») ira même jusqu'à parler de « barbarie », qui peut « se définir comme une attitude postmoderne reconnaissant la hiérarchie pour se donner la liberté de la transgresser » (86). | On ne saurait dire qu'il y a de véritables efforts terminologiques pour désigner la labilité - du moins pour la rassembler sous des étiquettes, fortes, éloquentes ; tout au plus des expressions ponctuelles et synonymiques. Les deux directeurs du collectif associent ainsi la littérature à la « lutte des frontières, voire à un décloisonnement généralisé » (7), qui se traduisent par des « mélanges hyper-génériques (roman-poésie-essai) » (7), des « transferts génériques » (7). Anna Gural-Migdal (« La transgression générique, une quête initiatique dans //La vaironne// d'Évelyne Bernard ») ira même jusqu'à parler de « barbarie », qui peut « se définir comme une attitude postmoderne reconnaissant la hiérarchie pour se donner la liberté de la transgresser » (86). |
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===== 2. Explications ou concepts utilisés pour aborder le phénomène du pluriel et/ou de l'effacement des frontières ===== | ===== 2. Explications ou concepts utilisés pour aborder le phénomène du pluriel et/ou de l'effacement des frontières ===== |
« Le roman canadien francophone contemporain se caractérise par l'emprunt à une multitude de discours : analyse dite psychologique, exposé et allusions historiques, examen philosophique, roman policier, science de la fiction, opéra-savon, tentative et illustrations poétiques, théâtralité référentielle, etc. Ces emprunts forment des agrégats discursifs et/ou textuels confirmant la confusion des genres et désorientant le lecteur qui s'en remet à l'étiquette imposée par l'éditeur. C'est aussi l'aveu du renouvellement insolite des énoncés littéraires et non littéraires au Canada francophone. [...] Pratiques intertextuelles et pratiques interdisciplinaires semblent donc être ici la clé de la problématique du genre » (Pierre Siguret, « Déploiement du paradigme dans l'analyse des juxtapositions des discours : Anne Hébert, Jacques Godbout et Réjean Ducharme », p. 36-37). | « Le roman canadien francophone contemporain se caractérise par l'emprunt à une multitude de discours : analyse dite psychologique, exposé et allusions historiques, examen philosophique, roman policier, science de la fiction, opéra-savon, tentative et illustrations poétiques, théâtralité référentielle, etc. Ces emprunts forment des agrégats discursifs et/ou textuels confirmant la confusion des genres et désorientant le lecteur qui s'en remet à l'étiquette imposée par l'éditeur. C'est aussi l'aveu du renouvellement insolite des énoncés littéraires et non littéraires au Canada francophone. [...] Pratiques intertextuelles et pratiques interdisciplinaires semblent donc être ici la clé de la problématique du genre » (Pierre Siguret, « Déploiement du paradigme dans l'analyse des juxtapositions des discours : Anne Hébert, Jacques Godbout et Réjean Ducharme », p. 36-37). |
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Le genre semble une assise forte pour la critique ; c'est son apparente homogénéité traditionnelle qui permet aux critiques d'en relever aujourd'hui l'hétérogénéité : | Le genre semble une assise forte pour la critique ; c'est son apparente homogénéité traditionnelle qui permet aux critiques d'en relever aujourd'hui l'hétérogénéité : |
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« La littérature contemporaine est-elle tout à fait exempte de distinctions génériques ? On peu en douter. Certes, ces distinctions ne correspondent plus aux notions léguées par les théories littéraires du passé. Mais [...] [n]e pas reconnaître la norme générique, c'est aussi s'interdire d'en déceler la possible transgression. Mieux vaut donc [...] préserver l'idée du genre ''[comme si elle maintenait l'idée du genre pour en permettre les transgressions - comme un repère qui facilite la tâche du critique...]''» (Anna Gural-Migdal, « La transgression générique, une quête initiatique dans //La vaironne// d'Évelyne Bernard », p. 78). | « La littérature contemporaine est-elle tout à fait exempte de distinctions génériques ? On peu en douter. Certes, ces distinctions ne correspondent plus aux notions léguées par les théories littéraires du passé. Mais [...] [n]e pas reconnaître la norme générique, c'est aussi s'interdire d'en déceler la possible transgression. Mieux vaut donc [...] préserver l'idée du genre ''[comme si elle maintenait l'idée du genre pour en permettre les transgressions - comme un repère qui facilite la tâche du critique...]''» (Anna Gural-Migdal, « La transgression générique, une quête initiatique dans //La vaironne// d'Évelyne Bernard », p. 78). |
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| On le voit, les auteurs de l'ouvrage s'en tiennent pour l'essentiel à la question de la subversion, c'est-à-dire qu'ils évaluent l'écart avec la norme générique, sans aller au-delà de cette transgression pour proposer, par exemple, l'idée d'un nouveau genre formé à partir de ces manipulations. Peut-être est-il encore trop tôt, considérant que l'ouvrage a été publié en 1992... On peut aussi y voir la même posture que celle adoptée par la revue //Urgences//, dont Ginette Michaud cite le liminaire du numéro « Le roman comme poétique » (n° 28, mai 1990) : « Notre objectif était de rendre compte de la confrontation des genres plutôt que de remettre en cause le bien-fondé des typologies génériques » (cité dans Ginette Michaud, « Quelques réflexions sur les transferts génériques », 121). Cette posture défendue par //Urgences// puis //Tangence//, Michaud l'oppose à celle, plus spectaculaire, de //La nouvelle barre du jour// qui, en 1987, tient un colloque sur « La mort du genre ». |
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| **Transferts génériques** |
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| Ginette Michaud, après avoir livré un survol des différentes voies adoptées pour aborder la question du genre, propose celle-ci : « [J]'aimerais [...] souligner ce qui me paraît l'une des voies les plus fécondes pour aborder la question générique autrement, c'est-à-dire non comme un déjà-là, comme un découpage pré-formé, mais comme une figure qui serait comme la disponibilité soudaine du système des genres "à se laisser percevoir et à se manifester lui-même" dans l'oeuvre littéraire, comme l'écrit Clément Moisan. Les transferts génériques qui se produisent à l'intérieur des oeuvres littéraires elles-mêmes sont en effet des lieux exemplaires où sont problématisés ces rapports de force qui nous intéressent et qui nous obligent à tenir compte, si besoin était, du pouvoir du genre qui les contraint, mais de l'intérieur pour ainsi dire. |
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| Ces transferts génériques internes, on serait presque tenté de dire intimes, ces passages d'une forme à une autre, ces fantasmes de la prose à l'égard de la poésie par exemple [...], me paraissent des moments essentiels pour saisir les rapports contradictoires ui lient les formes l'une à l'autre. » (« Quelques réflexions sur les transferts génériques », 128). |
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===== 3. Cause(s) du pluriel et/ou de l'effacement des frontières ===== | ===== 3. Cause(s) du pluriel et/ou de l'effacement des frontières ===== |
« Pour les structuralistes, tel Todorov, la littérature apparaît comme un système en continuelle transformation, comme une exploration des puissances fictionnelles du langage » (29) : on voit bien là, chez Denis Guay (« Métamorphose et saga chez Victor-Lévy Beaulieu », p. 29-35), le discours structuraliste dont hérite la critique contemporaine. | « Pour les structuralistes, tel Todorov, la littérature apparaît comme un système en continuelle transformation, comme une exploration des puissances fictionnelles du langage » (29) : on voit bien là, chez Denis Guay (« Métamorphose et saga chez Victor-Lévy Beaulieu », p. 29-35), le discours structuraliste dont hérite la critique contemporaine. |
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| ===== 5. Varia ===== |
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| Selon Ginette Michaud (« Quelques réflexions sur les transferts génériques »), le rapport au genre chez //Urgences// est encadré par les théories de Ricardou et de Genette, dont l'application pratique serait plus fréquente, voire plus fidèle, que du côté de la production littéraire française : |
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| « L'expérimentation générique qui se poursuit à //Urgences// finit en effet par apparaître à rebours comme l'application, plus ou moins délibérée ou systématique, sur un corpus d'oeuvres québécoises de propositions théoriques empruntées, entre autres, à Ricardou et à Genette. Ces deux théoriciens du genre, et surtout le second, semblent ici des autorités incontestables, dont la prégnance des travaux est régulièrement réaffirmée sous diverses formes [...]. **Pousserait-on le va-et-vient entre théorie du genre et pratique textuelle aussi loin en France ? On me permettra d'en douter**, et de trouver dans cette forme d'exploration hyperlocalisée de zones toujours plus périphériques du texte littéraire une retombée pour le moins originale des théories sur le genre » (Ginette Michaud, « Quelques réflexions sur les transferts génériques », p. 123). |
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