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diffraction:brievete_et_recueillisation

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 -> POIRIER, Guy, et Pierre-Louis VAILLANCOURT (dir.), //[[Le bref et l’instantané. À la rencontre de la littérature québécoise du XXIe siècle]]//, Orléans, David, 2000. -> POIRIER, Guy, et Pierre-Louis VAILLANCOURT (dir.), //[[Le bref et l’instantané. À la rencontre de la littérature québécoise du XXIe siècle]]//, Orléans, David, 2000.
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 +« Alors que les blocs textuels qui la constituent semblent vivre souvent de séparation et d'isolement au sein d'un véritable pathos de la distance, l'écriture en fragments se présente cependant comme une écriture ouverte, ou plus justement à la fois ouverte et fermée. La séquence textuelle isolée, même intégrée dans un ensemble, vient briser l'absolutisme des principes de la connaissance, afin que soit respectée la structure profondément dialogique de la pensée qui, lorsqu'elle est authentique, procède au sein de structures d'échange infiniment démultipliées. »
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 +-> SUSINI-ANASTOPOULOS, Françoise, //[[L'écriture fragmentaire. Définitions et enjeux]]//, Paris, Presses Universitaires de France (Écriture), 1997.
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 +La méfiance envers le roman favorise par ailleurs le genre bref, dont la nouvelle : « Brièveté, densité, discontinuité, ces caractères de l'art de la nouvelle s'accordent au goût moderne pour le fragmentaire et encore plus au goût du minimalisme postmoderne » (287). « L'évolution générale du genre au XXe siècle semble montrer une tendance à raccourcir la nouvelle et à accentuer l'unité du recueil, au point que l'ensemble des nouvelles serait comme un roman éclaté, qui changerait constamment d'anecdote et de personnages, puisque chacun des récits possède sa complète autonomie tout en s'intégrant à un univers cohérent » (288).
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 +-> TONNET-LACROIX, Eliane, //[[La littérature française et francophone de 1945 à l'an 2000]]//, Paris, L'Harmattan (Espaces littéraires), 2003.
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 ====Répétition du monde, variations infimes, fuite dans le minime écart==== ====Répétition du monde, variations infimes, fuite dans le minime écart====
  
 +Relevant une tendance à la « fiction psychoréaliste », Blanckeman décline une variété de pratiques qui s'inscrivent sous cette « étiquette », dont les pratiques qui tentent « de présenter par l'infime des expériences empruntées à la réalité quotidienne, à la vie intime […]. Minimale, l'écriture consiste à privilégier les détails au détriment des ensembles, aborder la réalité dans ce qu'elle comporte d'incomplet et de fuyant » (447). Exemples: Éric Holder, //Les Petits Bleus//, 1990; Jacques Serena, //Lendemain de fête//, 1993.
  
 +-> TOURET, Michèle (dir.), //[[Histoire de la littérature française du XXe siècle, tome II - après 1940]]//, Rennes, Presses universitaires de Rennes (Histoire de la littérature française), 2008.
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 ====Quête d'une poéticité de l'évocation du réel, liée à l'économie de l'expression==== ====Quête d'une poéticité de l'évocation du réel, liée à l'économie de l'expression====
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 Tiphaine Samoyault attribue 4 qualités possibles au roman: monstre, fleuve, secret et monde. Tiphaine Samoyault attribue 4 qualités possibles au roman: monstre, fleuve, secret et monde.
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 MONSTRE: Le roman est un monstre, «le lieu même de l'excès lorsque la pluralité déborde l'unité» (15), lorsque la quantité («la quantité est une qualité du roman, au sens où elle peut donner l'idée d'une forme de sa démesure», 15) déborde de l'unité présupposée (unité qui est narrative, celle de l'histoire unitaire début-milieu-fin ; exigence totalitaire du roman/sa nature organique unitaire). MONSTRE: Le roman est un monstre, «le lieu même de l'excès lorsque la pluralité déborde l'unité» (15), lorsque la quantité («la quantité est une qualité du roman, au sens où elle peut donner l'idée d'une forme de sa démesure», 15) déborde de l'unité présupposée (unité qui est narrative, celle de l'histoire unitaire début-milieu-fin ; exigence totalitaire du roman/sa nature organique unitaire).
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 MONDE: Elle désigne le quatrième excès du roman comme le plus ambitieux : celui faisant du livre le monde même (148). L'expansion par le multiple (le réseau, 149) est de nature centrifuge, du livre vers le monde, le roman élargissant toujours plus ses frontières en faisant de la multiplicité sa raison même (multiplication des procédés d'éclatement) : c'est «une tension vers la forme-monde, celle qui fait de l'excès une entreprise de totalisation» (151). Le roman-monde fait tenir dans sa forme la totalité réelle ou virtuelle, des savoirs, sans se constituer en système (156). Les tensions du roman-encyclopédie forcent à porter une attention particulière à la voix narrative ou au personnage qui convie la vision du monde donnée par le roman (157). Le paradoxe du roman-monde est de manifester une ambition totalisante dont la réalisation ne peut être que partielle (172) ; les œuvres de l'excès ne contredisent pas la totalité par le fragment (177).\\ MONDE: Elle désigne le quatrième excès du roman comme le plus ambitieux : celui faisant du livre le monde même (148). L'expansion par le multiple (le réseau, 149) est de nature centrifuge, du livre vers le monde, le roman élargissant toujours plus ses frontières en faisant de la multiplicité sa raison même (multiplication des procédés d'éclatement) : c'est «une tension vers la forme-monde, celle qui fait de l'excès une entreprise de totalisation» (151). Le roman-monde fait tenir dans sa forme la totalité réelle ou virtuelle, des savoirs, sans se constituer en système (156). Les tensions du roman-encyclopédie forcent à porter une attention particulière à la voix narrative ou au personnage qui convie la vision du monde donnée par le roman (157). Le paradoxe du roman-monde est de manifester une ambition totalisante dont la réalisation ne peut être que partielle (172) ; les œuvres de l'excès ne contredisent pas la totalité par le fragment (177).\\
 Le roman-monde réunit «l'ensemble des qualités de l'excès (la quantité, la longueur, les détours et l'expansion)» : «Avec les romans-mondes, l'excès rejoint la totalité de deux façons possibles : soit le roman délivre une représentation du tout du monde (c'est l'encyclopédie du visible), soit il profère une parole qui le suggère (le livre total programmé par le rêve mallarméen [une parole qui ne renvoie qu'à du vide]).» (179) Le roman-monde réunit «l'ensemble des qualités de l'excès (la quantité, la longueur, les détours et l'expansion)» : «Avec les romans-mondes, l'excès rejoint la totalité de deux façons possibles : soit le roman délivre une représentation du tout du monde (c'est l'encyclopédie du visible), soit il profère une parole qui le suggère (le livre total programmé par le rêve mallarméen [une parole qui ne renvoie qu'à du vide]).» (179)
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 +«La modernité admet que le roman soit à la fois continu et discontinu, historique et critique, totalisant et fragmentaire. Il dit la lacune dans le plein et le décentrement en son sein. Son hybridité fait image pour notre temps.» (27)
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 +«L'augmentation quantitative des virtualités et du volume romanesque semble être le résultat d'une croissance hors-norme liée à un problème posé par la représentation: comment un monde que n'unifie plus aucun système pourrait-il obéir à une économie réglée - c'est-à-dire unitaire et totale - de la représentation ?» (27)
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 +«Les formes romanesques de la modernité, reflets d'un temps où l'évidence du lien entre les mots et les mondes s'est dissoute, tirent leur complexité de leurs multiples variations et de leurs dispersions. Elles mêlent ainsi à leur plénitude esthétique une évidence ontologique puisqu'elles correspondent de fait à un état du monde.» (50)
  
 -> SAMOYAULT, Tiphaine, //[[Excès du roman]]//, Paris, Maurice Nadeau, 1999. [JM - été 2010] -> SAMOYAULT, Tiphaine, //[[Excès du roman]]//, Paris, Maurice Nadeau, 1999. [JM - été 2010]
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 +Le fragment est synonyme de l'instant saisi par l'écrivain, lequel cherche à « décomposer l'existence en instants savoureux, qui déterminent généralement l'unité de chaque chapitre, ou fragment, dérivant d'ailleurs parfois vers le catalogue ou la simple liste » (306). La représentation de l'existence s'en trouve éclatée : « La découpe du temps en une série d'instants choisis fragmente la représentation de l'existence elle-même, qui n'apparaît plus pouvoir être saisie comme un ensemble cohérent et continu, mais plutôt comme un agrégat kaléidoscopique d'événements disparates, à l'image du monde décomposé dans ses objets les plus élémentaires » (306-307).
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 +Le choix de l'instant « impose une structure fragmentaire aux textes, dont la logique d'ensemble n'est plus celle de l'enchaînement temporel, propre à la narration traditionnelle. Il n'y a de récit, ou micro-récit, qu'à l'intérieur de chaque “chapitre”, construit autour d'un événement indépendant, qui ne fait que se juxtaposer aux autres. En réalité, il ne s'agit plus de proposer une représentation de l'existence à partir des perspectives de continuité et de cohérence, mais à partir de ce que j'appellerais des amarres possibles, et volontairement diverses, du sujet au monde » (311).
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 +La fragmentation des oeuvres narratives serait le résultat d'une conscience inquiète du temps. Elle témoignerait du désir du sujet « d'échapper au déterminisme tragique du temps chronologique, [de] se déployer hors du temps (l'instant peut être conçu comme catégorie a-temporelle) » (311).
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 +-> COUSSEAU, Anne, [[« La littérature des petits bonheurs et des plaisirs minuscules, une nouvelle prose du monde ? »]], dans Michèle TOURET et Francine DUGAST-PORTES [dir.], //Le temps des Lettres. Quelles périodisations pour l'histoire de la littérature française du 20e siècle?//, Rennes, Presses universitaires de Rennes (Interférences), 2001, p. 305-316.
diffraction/brievete_et_recueillisation.1381193022.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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